Les adieux de Juliette Gréco à la Maison symphonique de Montréal – Bible urbaine

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Les adieux de Juliette Gréco à la Maison symphonique de Montréal

Les adieux de Juliette Gréco à la Maison symphonique de Montréal

Un adieu plus touchant que tout

Publié le 15 juin 2015 par Isabelle Lévesque

Crédit photo : Corentin Hignoul

Hier soir, Juliette Gréco était à la maison symphonique dans le cadre des FrancoFolies. Elle y présentait son dernier spectacle à Montréal avec sa toute nouvelle tournée, Adieu, la dernière de toutes, clôturant une carrière de près d'une soixantaine d'années. Une ultime performance digne de sa carrière.

À l’âge honorable de 88 ans, Juliette Gréco a annoncé qu’elle se retirait de la scène musicale. Pour l’occasion, elle entreprenait sa tournée d’adieu, intitulée tout simplement Adieu, le 25 avril dernier en France. C’est hier soir, le 14 juin, qu’elle se donnait en spectacle à Montréal devant un public comblé par sa simple présence.

Baptiste Hamon, un jeune auteur-compositeur-interprète français, qui a été beaucoup inspiré par la chanteuse et les grands de la chanson française, faisait sa première partie. Avec son accent européen et sa fringante jeunesse, c’était un très bon prélude à la grande Juliette Gréco.

Il a joué des chansons sombres et moins sombres, poétiques mais sans détour ni métaphores, belles dans leur simplicité, pour une excellente performance en général, même si la hâte se faisait sentir quelque peu dans la salle vers la fin de son interprétation.

Francos 2015 - Juliette Greco 14 juin 2015-1

Après un entracte de quelques minutes, au son de la musique de Bruxelles de Brel, Juliette Gréco a fait son entrée, sous une pluie d’applaudissements, aussi élégante qu’à son habitude, dans une grande robe de velours noir. Au cours d’un spectacle de plus ou moins 75 minutes, elle a chanté Brel dans sa splendeur. Elle a chanté Gainsbourg et sa beauté, elle a chanté Ferré dans sa profondeur, elle a chanté tant de ces classiques qui l’ont fait connaître et qui en ont fait une icône de la chanson française.

Malgré un début quelque peu frêle, au fil des chansons elle devenait de plus en plus grandiose. Elle a fait rire les spectateurs avec son sens de l’humour éternel; elle les a aussi émus avec sa voix profondément touchante. Sensuelle dans son être, encore jeune dans ses yeux, elle a séduit une fois encore avec Déshabillez-moi, juste après avoir chanté Jolie môme, qui a donné le ton à ces quelques minutes de bonheur et de retour dans le temps, le temps d’une immortelle jeunesse.

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Sa gestuelle, voilà une chose qui lui a toujours été propre, toujours à-propos et tellement expressive, même à 88 ans, levant les mains vers le ciel, faisant des signes, des gestes compris de tous, appuyant les paroles, faisant sourire, faisant croire encore plus.

Elle a aussi interprété plusieurs chansons traitant de la vieillesse avec une émotion palpable dans la voix. C’était d’une beauté inouïe, peut-être plus encore que lorsqu’elle était plus jeune, parce qu’on sentait l’écho de sa vie dans sa performance, un écho d’une profondeur indéniable. On pense notamment à Les vieux, qu’elle a accompagné d’une gestuelle frêle, à Avec le temps de Ferré, là où la fougue côtoyait dans sa voix les chuchotements du temps qui passe, les tremblotements de la fatalité, ou encore à La chanson des vieux amants, où l’on ne pouvait qu’écouter la crédibilité de ses mots, de son ressenti.

L’avant-dernière chanson, J’arrive, texte qui traite d’un rendez-vous avec la mort, qu’elle a interprétée avec une sensibilité immense, avec toute la grandeur de l’acceptation, un très bon choix pour clore un spectacle d’adieu. C’est finalement avec Ne me quitte pas qu’elle a laissé la salle. Sur un tempo rapide, la voix décidée, un chant plein de certitude pour finir en un soupir et laisser la salle profondément émue, les yeux humides et le souffle court.

En rappel, elle a chanté Le temps des cerises, sur une note joyeuse, nous rappelant sa beauté et la beauté qu’elle nous a offertes pendant soixante ans.

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Juliette Gréco, ce n’est pas qu’une chanteuse, ce n’est pas qu’une interprète. Ça n’a jamais été que la musique ou les paroles qui charmaient, ni même la voix ou la gestuelle, si fascinants soient-ils. C’est l’âme Gréco; une âme qui a fait fureur des dizaines et des dizaines d’années et qui continue de grandir aujourd’hui dans le coeur de nos grands-parents, de nos parents et dans le coeur de quiconque s’intéresse aux grands classiques.

C’est une âme étincelante qui brille depuis toujours et qui brillera éternellement. 

L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Bruxelles - Jacques Brel

2. Les vieux - Jacques Brel

3. Le Tango funèbre - Jacques Brel

4. Amsterdam - Jacques Brel

5. Un petit poisson, un petit oiseau - Gréco (Gérard Bourgeois et Jean-Max Rivière)

6. L'accordéon - Serge Gainsbourg

7. La javanaise - Serge Gainsbourg

8. Jolie môme - Léo Ferré

9. Déshabillez-moi - Gréco (Robert Nyel et Gaby Verlor)

10. Avec le temps - Léo Ferré

11. Je suis un soir d'été - Jacques Brel

12. Ces gens-là - Jacques Brel

13. La chanson des vieux amants - Jacques Brel

14. J'arrive - Jacques Brel

15. Ne me quitte pas - Jacques Brel

Rappel

16. Le temps des cerises - Jean Baptiste Clément et Antoine Renard

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