SortiesL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Romain Lorraine
Diana, tu es née à Mexico, tu as été formée en danse à l’École Nationale de Ballet de Cuba et au Conservatoire Royal de La Haye, et tu as été membre de la Compagnie nationale de danse du Mexique avant de te joindre aux Grands Ballets Canadiens de Montréal. On est curieux de savoir comment ton parcours de danseuse t’a menée jusqu’à Montréal, et quels ont été les défis que tu as eu à relever depuis ton arrivée?
«Je suis venue à Montréal parce que je voulais danser pour une compagnie avec un répertoire varié où je pourrais utiliser ma formation en ballet, mais aussi interpréter des œuvres de danse contemporaine, et les Grands Ballets étaient le reflet exact de mes désirs. J’ai passé l’audition, et ils m’ont invitée à participer à Casse-Noisette
«Je suis revenue en décembre et j’ai beaucoup aimé l’expérience de danser avec cette compagnie. J’ai donc parlé avec le directeur, Gradimir Pankov à l’époque, pour exprimer encore une fois mon intérêt à me joindre aux Grands Ballets. Il m’a dit qu’il allait y réfléchir. Je suis retournée au Mexique et je n’ai pas eu de nouvelles de leur part, alors j’ai perdu un peu espoir… Mais trois mois plus tard, Gradimir m’a appelée et m’a proposé un contrat.»
«Je suis super contente d’avoir déménagé à Montréal, non seulement cela m’a permis de grandir professionnellement, mais j’adore la ville. Je n’ai pas eu beaucoup de défis au début, je me suis sentie chez moi dès le premier jour. C’est plus maintenant, depuis que j’ai quitté Les Grands Ballets, que c’est très difficile pour moi de trouver des espaces et les moyens pour créer et diffuser mon travail.»
Tu es la fondatrice de Vías, une plateforme de création et de développement artistique basée sur la danse classique et contemporaine. Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur ce projet, sur sa mission, et nous révéler pourquoi tu as décidé de lui donner ce nom?
«La mission de Vías est de promouvoir la créativité, l’exploration et la libre circulation des idées pour rendre possible la réalisation de projets qui sont ancrés dans la danse, sans limites ni barrières avec d’autres disciplines. Je codirige Vías avec Paco Ziel, et c’est notre principale plateforme pour générer notre travail chorégraphique.»
«Nous voulons créer un environnement enrichissant où les artistes et leurs collaborateurs peuvent atteindre leur plein potentiel, mais aussi créer une communauté où tant les créateurs, que l’équipe et le public peuvent bénéficier des nombreux avantages que l’art apporte dans nos vies.»
«Vías en espagnol signifie une voie, un chemin ou une trajectoire qui relie une chose à une autre. J’ai choisi ce nom parce que je pense que cela reflète bien ce que sont les artistes: des canaux à travers lesquels les idées voyagent, de leur origine mystérieuse à leur arrivée dans notre monde.»
Tu as déjà créé plus de dix chorégraphies dans le cadre de différents événements – notamment pour Vías. Où trouves-tu ton inspiration pour réaliser ces œuvres?
«Partout! Je pense que les points de départ possibles pour créer une danse sont infinis, mais je recherche constamment un état (physique, psychologique et-ou spirituel) par lequel nous arrivons à nous connecter de manière non rationnelle avec d’autres êtres humains, avec notre environnement et avec nous-mêmes. Nous pouvons atteindre cet état à travers des sons, des histoires, des souvenirs et des images; et toutes ces choses m’inspirent, de même que la recherche de cet état.»
Ta création Sur ce chemin, tu es sûre de te perdre devait initialement être présentée au MAI au mois d’avril dernier. Cependant, à cause des événements, le spectacle a été reporté une première fois au mois d’octobre… Avant que le gouvernement annonce à nouveau la fermeture des salles de spectacle cet automne. En attendant qu’on puisse enfin voir ton travail sur scène, peux-tu nous parler de ton processus de création et du fil conducteur de ce spectacle?
«L’idée de cette œuvre est née de mon besoin d’apprendre et de m’épanouir en tant qu’artiste et en tant que personne. Avec ces objectifs en tête, j’ai invité trois amis chorégraphes que j’admire beaucoup (Paco Ziel, Vera Kvarcakova et Jérémy Galdeano) à créer chacun un solo pour moi.»
«Ensuite, j’ai travaillé avec le dramaturge Nicolás Núñez pour entretisser les trois solos, en utilisant comme fil conducteur mon processus personnel pour me libérer des pressions sociales et du désir de plaire aux autres, en embrassant mon authenticité et en écoutant mon propre rythme et ma propre voix.»
Pour terminer sur une note positive, aurais-tu un mot d’espoir à partager à nous tous, créateurs, artistes, travailleurs culturels et spectateurs mordus de danse?
«Nous devons rester forts, nous soutenir les uns les autres et garder à l’esprit le fait que nous sommes essentiels, même si nous ne sommes pas toujours considérés comme tel. Nous savons bien que notre travail d’artistes est de la plus haute importance, surtout dans des moments comme celui-ci.»
«Bien qu’il est parfois difficile de garder la motivation, nous devons utiliser notre créativité pour continuer à cultiver des moments d’expression, de guérison et, surtout, de connexion.»
Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.
Vías Danza en images
Par Romain Lorraine, Rodrigo Díaz, Brenda Jauregui