Le spectacle électr’opéra «L’Enfant des glaces» au Gesù: une création lyrique mais par-dessus tout physique – Bible urbaine

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Le spectacle électr’opéra «L’Enfant des glaces» au Gesù: une création lyrique mais par-dessus tout physique

Le spectacle électr’opéra «L’Enfant des glaces» au Gesù: une création lyrique mais par-dessus tout physique

Publié le 1 mars 2013 par Olivier Boivin

Toujours dans le cadre de Montréal en Lumière, c’était dans une salle à moitié comble que la première représentation intrigante de L’Enfant des glaces, créée initialement en 2000 par Pauline Vaillancourt et Zack Zettel, a débuté précisément à 20h malgré une foule agitée. Puis, le noir et le silence. Bien ancré dans son temps, celui de l’ère musicale électronique dans laquelle nous vivons, L’Enfant des glaces a charmé l’urbain curieux en nous, bien que la foule ait applaudi avec gêne au final. Récapitulatif.

C’est à partir d’une découverte archéologique majeure et médiatisée à travers le monde que l’idée est venue. En 1999, à 6 739 mètres d’altitude dans les Andes, et ce, cinq siècles après le sacrifice de trois enfants par des prêtres incas sur un sommet argentin, trois petites momies avaient été retrouvées intactes, immortalisées dans la glace.

Deux artistes adoptent une présence scénique exemplaire, d’abord la mezzo-soprano Ghislaine Deschambault, diplômée d’une maîtrise en chant classique et baroque de l’Université de Montréal. Mme Deschambault a su démontrer son talent dans le passé, entre autres, grâce à l’opéra Alternate Visions (John Oliver), ainsi que plusieurs autres rôles majeurs dans différentes pièces comme l’Incoronazione di Poppea de Claudio Monteverdi, ou encore Carmina Burana de Carl Orff, pour ne nommer que celles-ci. Ensuite, c’est le baryton-comédien Jean Maheux, connu pour avoir joué plusieurs rôles télévisés tels que Cornemuse en 1999, Chartrand et Simonne en 2000, L’auberge du chien noir en 2003 et plus récemment C’est pas moi, je le jure! en 2008.

L’ambiance demeure sobre mais puissante et énergique. La machine dans laquelle les deux artistes se contorsionnent tout en chantant avec force des émotions à la fois troublées (donc troublantes) et libératrices, dégage un degré de fascination dans la salle par son aspect fort contrasté. Une espèce de vélo stationnaire mécanique au système de poulie industrielle tourne sur lui-même grâce à des pédales que les deux personnages s’échangent, tout en entremêlant leur corps de manière charnelle. Le tout se déroule principalement dans le coin gauche de la scène du théâtre Le Gesù, et l’admission étant générale, il est intéressant d’aller s’installer du côté gauche si on préfère être à proximité de l’action. Il est difficile d’y saisir une compréhension raisonnable du spectacle puisque tout se déroule dans le senti. Il est donc conseiller de se laisser imprégner par d’autres sens, c’est-à-dire la vue et l’ouïe. Les sonorités électroniques sont originales et uniques, vacillant entre musique industrielle et ambiances caverneuses, entre glace et pulsion humaine brute.

Dernier fait marquant, le déshabillage de Jean Maheux, qui se veut inquiétant au départ, mais qui se dissimule vers un dénouement cohérent et non osé, montrant une soudaine fragilité du sombre personnage incarné. La deuxième demi-heure, mentionnons-le, est plus agréable que l’introduction quelque peu lente. Le chant devient agréable et moins animal dans cette seconde moitié, puis c’est la beauté du calme qui s’installe et prend le dessus avec une voix plus mielleuse de Mme Deschambault. Un spectacle qui vaut la chandelle.

L’Enfant des glaces est présenté au théâtre le Gesù (1200, de Bleury) pour 2 autres soirs, soit le 1er et 2 mars dès 20h. Les billets réguliers se vendent 25 $, 20 $ pour les aînés et 17 $ pour les étudiants. Il est aussi possible d’obtenir 50 % de rabais avec la carte Privilège Le Vivier. Pour plus d’information, visitez le http://www.chantslibres.org/fr/productions/enfant.

Appréciation: ***

Crédit photo: www.chantslibres.org

Écrit par: Olivier Boivin

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