Sorties
Crédit photo : www.facebook.com/samianofficielle
Pour ces deux êtres, faire appel à la plume ne rime en rien avec légèreté. Ils se décrivent comme des guerriers, mais la guerre qu’ils livrent ne se contente pas de dénoncer la médiocrité des règles imposées par les pouvoirs en place, ici où ailleurs; elle cherche, de l’intérieur, à redéfinir ses propres frontières poétiques. Ces deux artistes se démarquent, en effet par le choix de leurs mots, qui tente de dépasser la provocation pour susciter, à travers le rythme de leur voix, une réflexion plus lente et plus profonde, sans renoncer à la force de la rime
Cette aptitude à mettre sa pensée en image a valu à Samian, dès 2006, le prix du meilleur vidéoclip au Festival international des Peuples autochtones pour son œuvre Courage. L’ardeur de sa plume lui vaudra aussi d’être reconnu par-delà l’univers autochtone et les ruelles montréalaises alors qu’il continue sur sa lancée en 2010 avec une performance musicale aux Jeux olympiques de Vancouver et le prix Révélation Radio-Canada Musique puis, l’année suivante, le Félix décerné à un auteur ou compositeur hip-hop au Gala de l’ADISQ.
Mais pas question pour autant de délaisser ses origines algonquines et ses talents cinématographiques pour se faire entendre. C’est d’ailleurs à la préparation du reportage Les Sceaux d’Utrecht, portant sur les conséquences du traité d’Utrecht sur les cultures autochtones et acadiennes d’aujourd’hui, qu’il a voué une bonne partie de 2014. Ce Grand reportage de RDI, présenté cet été, a d’ailleurs déjà été couronné par le prix La Vague Léonard-Forest et ACIC/ONF, à titre de Meilleure œuvre acadienne.
Cette rage originaire, soucieuse d’imprégner chacun de ses mots dans les mémoires, transparaît naturellement dans plusieurs créations de son dernier album, dont Les miens, Rez, Blanc de mémoire et enfin Plan nord, qui dénonce encore plus directement l’exploitation sauvage des ressources naturelles à la faveur des traités d’aujourd’hui.
Bien sûr, l’énonciation du besoin d’écrire et d’être entendu y est encore évoquée comme un cri de ralliement où l’on reconnaît en lui la dynamique propre au rappeur. Pour cet appel à la solidarité, il sera rejoint par DJ Org, collaborateur musical de la plupart des pièces d’Enfant de la terre, mais aussi par d’autres artistes en mesure d’apporter leur touche d’authenticité, dont la chanteuse péruvienne Esmeralda, le batteur François Lalonde, le claviériste Sandy Belfort, le bassiste Gabriel Lajoie et le saxophoniste Mario Allard. Les accord politiques y promettent donc d’être plus acoustiques que jamais!