Lakes of Canada et Paul Cargnello au Petit Campus à l’occasion de POP Montréal – Bible urbaine

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Lakes of Canada et Paul Cargnello au Petit Campus à l’occasion de POP Montréal

Lakes of Canada et Paul Cargnello au Petit Campus à l’occasion de POP Montréal

Le calme, puis la tempête

Publié le 19 septembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Julie Taxil

Ce sont quatre artistes ou groupes canadiens qui se sont succédé sur la scène du Petit Campus jeudi lors d’une soirée organisée par POP Montréal. Chacun dans leur style respectif et bien particulier, Lakes of Canada, Paul Cargnello, Grand Lark (tous de Montréal) et Megan Bonnell (Toronto) ont démontré à quel point la musique peut être diversifiée, complexe et contenir plusieurs influences. Pourtant, ils ont aussi prouvé tous ensemble que l’on joue des ballades folk au piano, du indie rock électrisant, du blues ou du folk-rock éclaté, il est possible de le faire avec une grande sincérité et de façon authentique.

C’est Lakes of Canada qui a clôt la soirée, lors de ce qui était le dernier spectacle de Gwen Bergman, la claviériste, flûtiste et choriste du groupe, qui a décidé, pour des raisons personnelles, de quitter la formation. Bien que la tristesse fût lisible dans le regard du chanteur principal, ce départ aura malgré tout donné des ailes aux quatre garçons l’entourant sur scène, ayant envie de vivre pleinement cette dernière prestation avec leur collègue. Dès la première chanson, la combinaison de la batterie et de deux autres tambours joués avec fougue par le chanteur et un autre musicien, accompagnés de guitare électrique et de clavier, a saisi instantanément et capté l’attention du spectateur jusqu’à la toute fin.

Que ce soit avec une chanson chantée entièrement à travers un mégaphone, l’utilisation de cloches secouées vigoureusement comme instrument (sur une chanson de leur dernier opus, un album concept basé sur le roman «The Handmaid’s Tale» de Margaret Atwood), un clavier au son d’orgue accompagnant des «Ooh Ooh» graves des quatre garçons, tel un chant de moine, l’utilisation inattendue de la douce flûte traversière ou encore une dernière chanson a capella dans la foule en tapant des mains et des pieds sur fond de beatbox, Lakes of Canada sait indubitablement tenir ses spectateurs captivés et les surprendre. Et c’est cette énergie brute qui séduit chez le généreux quintet.

«Hey all the people who are standing, come standing in front of the people who are sitting, it will encourage them», a lancé d’emblée le chanteur, sachant déjà qu’il voudrait faire de cette soirée une veritable fête. Et avec sa musique folk-pop, teintée de rock et même de country parfois, mais toujours dynamique et vivante malgré certaines sonorités plus ambiantes et planantes, la formation a réussi son pari. Mais le chanteur n’aura pas réussi à contenir ses larmes et sa tristesse de voir la seule femme du groupe les quitter, se laissant émouvoir par le discours d’au revoir de Gwen Bergman et versant quelques larmes en chantant difficilement. Heureusement et comme sur chaque chanson, l’intensité de la musique portée par une guitare électrique percutante et des percussions enthousiastes, n’a pu faire autrement que de les entraîner à nouveau, la foule et lui.

Paul Cargnello

Tel un seul homme – et de toute façon, il n’en existe nul autre comme lui – Paul Cargnello s’est présenté sur la scène du Petit Campus en homme-orchestre, fidèle à lui-même, avec sa guitare électrique, sa grosse caisse, sa tambourine et son hi-hat devant lui, son harmonica autour du cou, et sans oublier les verres fumés et le chapeau! Prévenant la foule qu’il testerait pour elle plusieurs nouvelles chansons, il a commencé en lion avec une pièce de blues, puis une autre très dynamique, où l’harmonica suivait la ligne mélodique de la guitare de très jolie façon.

Son nouvel album à paraître en novembre sera uniquement en anglais, «because I felt like it», mais quelques chansons en français se sont quand même glissées dans le spectacle de celui qui est originaire de Notre-Dame-de-Grâce. Ce fût le cas de «L’effet que tu me fais» et du succès «Une rose noire», issue de l’album Brûler le jour (2007). Cargnello a même «décidé que Montréal méritait sa chanson blues». Muni de son harmonica, il a offert une nouvelle chanson, intitulée «Les montréalais», avant d’offrir une reprise blues-rock de «Grown so ugly», de Robert Pete Williams, dans laquelle il a inséré la fameuse ligne «I’m sexy and I know it» (LMFAO).

Il n’y a pas à dire, Paul Cargnello est un drôle de personnage, s’amusant comme un fou avec ses instruments, et n’ayant pas peur de jurer et d’être un peu vulgaire en s’adressant à son auditoire. Ça fait partie de son charme et on ne saurait lui reprocher de parler beaucoup à son public et d’expliquer d’où viennent ses chansons. Passant de «I try to do that one-man blues thing, but I think a little punk-rock is always good sometimes» avant d’entamer une pièce très rythmée, mais très brève, rappelant son passé au sein de la formation punk-reggae The Vendettas, à «This is a song about nazis retired in the west of United States», le chanteur passe en revue autant de sujets et de thématiques que de styles et d’influences.

Cohérent avec son personnage, c’est sur un «Merci à tout le monde, vive la révolution!» que Paul Cargnello a quitté la scène du Petit Campus, après 45 minutes de musique entraînante qui aura préparé la foule à la venue de Lakes of Canada davantage que la douceur des deux autres formations le précédant.

Grand Lark

Malgré les apparences et les sonorités indie rock de la formation Grand Lark, une sensibilité certaine émane des pièces d’Afterglow, son mini-album sorti récemment. Avec la voix assez aigüe du chanteur et la musique quelque peu planante par endroits, c’est en effet une atmosphère assez mélancolique qui se dégage de ce type de rock, qui sans être enlevant, est tout à fait envoûtant.

Le groupe, composé pour l’occasion de deux guitaristes électrique, d’un bassiste, d’un batteur et d’un claviériste, n’est pas ce qu’il y a de plus chaleureux, bien qu’il fasse l’effort de bien présenter ses chansons, comme «Falling for good», une chanson «about a friend of mine who was in a car accident a long time ago». Malgré tout, le charme des ballades rock, des harmonies et des jolis arrangements musicaux opère.

Megan Bonnell

Arrivée sans faire de bruit et débutant sans artifice une belle ballade au piano, Megan Bonnell a tout de suite réussi à faire taire les spectateurs réunis dans la salle. Avec ses sublimes changements entre voix de corps et voix de tête, elle s’est révélée être une interprète sensible, même bouleversante. Après avoir avoué apprécier énormément le silence respectueux des gens de Montréal lorsqu’ils écoutent un spectacle alors qu’ils ne font que jacasser dans la sa ville natale, Toronto, la chanteuse a laissé aller ses talents de pianiste sur «Off the World», une chanson un peu plus enjouée.

Ce sont toutefois des ballades très douces qu’offre Megan Bonnell, dont la façon d’interpréter ses textes, parfois mi-chanté, mi-parlé, rappelle Regina Spektor. Très à l’aise devant public, elle raconte les histoires de ses chansons en riant, en laissant même aller un «fuck» ou un «damn it» ici et là, mais c’est presque en transe qu’elle entre dès qu’elle commence à jouer de son piano ou de sa guitare acoustique. D’une douceur infinie, la sensible artiste n’a pas peur d’entrer dans l’émotion, livrant une performance poignante et vraie.

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