«La LIM en chansons»: en folie, en imagination et complicité au 26e Coup de Cœur Francophone – Bible urbaine

SortiesConcerts

«La LIM en chansons»: en folie, en imagination et complicité au 26e Coup de Cœur Francophone

«La LIM en chansons»: en folie, en imagination et complicité au 26e Coup de Cœur Francophone

Publié le 5 novembre 2012 par Alice Côté Dupuis

C’est dans un Lion d’Or bondé comme chaque dimanche soir que dix improvisateurs de la Ligue d’improvisation montréalaise (LIM) ont démontré à un public varié toute l’étendue de leur créativité, leur vivacité d’esprit, leur sens du punch et même leurs talents vocaux et musicaux. «La LIM en chansons», présentée dans le cadre du 26e Coup de Cœur Francophone, aura donné une belle visibilité à cette ligue qui rassemble des comédiens qui réussissent à avoir – et transmettre – du plaisir.

Qu’ils soient venus en amis ou en curieux, suivants avec intérêt le Coup de Cœur Francophone, les spectateurs rassemblés hier soir au cabaret, situé coin Ontario et Papineau, en ont eu pour leur argent. Véritable feu roulant de répliques savoureuses, d’expressions loufoques et de mouvements exagérément drôles, ce spectacle «spécial» de la LIM a été fidèle à lui-même. Impossible de compter les éclats de rire du public tant ils ont été nombreux. À quelques reprises, des comédiens sur scène ont eux-mêmes eu du mal à garder leur sérieux, tant les situations imaginées étaient tantôt absurdes, tantôt excessivement drôles.

C’est Arnaud Soly, également au sein de la ligue avec les oranges, qui a agi à titre de maître de jeu de cette soirée en chansons. Lui-même musicien – il est arrivé sur scène en effectuant un dynamique solo de flûte traversière -, celui que l’on a qualifié d’«enfant prodige» de la LIM était le joueur tout indiqué pour organiser cette soirée. Enfin, organiser est un grand mot. Soly s’est contenté de planifier le nombre d’improvisations, leurs thèmes, leur durée approximative et si elles étaient mixtes ou comparées. En revanche, il a pris son travail de metteur en scène au sérieux: chaque numéro était inspiré d’un élément important dans l’histoire de la musique. Entre l’opéra rock, qui a ouvert le spectacle, les compositeurs Steve Reich et John Cage, l’émission «America’s Got Talent» et les featuring dans la musique moderne, en passant par le folklore québécois et la tradition orale, les contraintes d’Arnaud Soly ont permis une diversité intéressante dans les interprétations.

Aucun joueur ou équipe ne s’est réellement démarqué durant cette soirée, toutefois, car elle a été bourrée de travail d’équipe, de complicité et de soutien entre les équipes et les joueurs. Certaines interprétations ont tout de même été plus réussies que d’autres, notamment celle de Kim Despatis de l’équipe des jaunes, qui jouait une handicapée mentale, rappelant le célèbre personnage de Jean-Marc Parent, étonnamment investie dans son personnage jusqu’à la toute fin. Il faut également souligner le travail de conteur de Simon Rousseau dans l’improvisation inspirée des contes et de cette «culture orale pleine de légendes et de diables». Une explication de Soly qui vaudra à l’irrévérencieux – mais très drôle – animateur des soirées de la LIM, François Lachapelle, un «quelle réplique savoureuse. Arnaud, on m’annonce qu’en littérature, on étudie déjà ton texte».

En réinventant le Petit Chaperon rouge, le rendant plus trash, en utilisant son corps comme outils lors d’une improvisation silencieuse, en poussant la note pour décrier le travail ennuyant d’un employé de Subway ou en utilisant un ukulélé et une mélodie joyeuse pour annoncer un cancer à un patient, les comédiens de la LIM ont transporté leur public dans de nombreux univers tous plus loufoques les uns que les autres. Quand Martin Boily ne sait plus quoi répondre alors qu’il doit jouer le conte raconté par Simon Boudreau et qu’il répond: «Je vais laisser le narrateur vous l’expliquer», on ne peut que sentir l’esprit de plaisanterie et de saine compétition entre les joueurs. Lorsque le surprenant Charles-Étienne Beaulne se met, de sa voix un peu éraillée, à chanter son malheur ou que l’excellent Mathieu Bouillon joue du piano façon jazz dans un cabaret imaginaire, on sent toute l’ampleur du talent de ces jeunes gens. Et quand Olivier Gaudet-Savard, capuchon sur la tête, se mêle d’un sketch en effectuant un solo de hip-hop poétique, qui rime et qui colle aux actions de ses comparses (l’un des meilleurs numéros de la soirée), on est soulevés par le génie créateur, tout simplement.

Beaucoup de talent rassemblé sur une même scène, donc, mais également à côté de celle-ci, puisque le travail d’éclairages et des musiciens (Guillaume Rivard au clavier, Christian David à la basse, Mathieu Gélinas à la batterie et Catherine Planet au sublime violon qui a appuyé à merveille chaque numéro) a parfaitement soutenu le travail des comédiens. Ce qui est amusant avec la LIM, c’est que le spectateur ne sait jamais où les joueurs l’amèneront, que ce soit à l’aide du micro en étant hors-scène ou en raison de l’ambiance créée par la musique qui dirige l’interprétation. C’est souvent de cette façon surprenante, d’ailleurs, qu’Anne-Elisabeth Bossé se faufile en apportant une touche singulière et dynamique aux numéros.

De façon générale, c’est un spectacle drôle et énergique qui a été présenté par la LIM hier soir, dans le cadre du Coup de cœur francophone. On se souviendra, parmi tant d’autres numéros étonnant et amusants, de Mathieu Bouillon qui a «trouvé l’endroit où Tim Hortons jette ses vieux beignes», de la chorale religieuse chantant «Party Rock Anthem» de LMFAO façon chant liturgique dirigé par l’esprit pétillant de Bouillon, encore une fois, ainsi que de la chanson pop bien rythmée de Rousseau et Sarah Berthiaume scandant «You don’t suck Jesus, Jesus you don’t suck», toutes deux méritant un «le compteur de blasphèmes vient d’exploser» de la part de François Lachapelle.

Pour vivre l’expérience LIM, c’est au Cabaret du Lion d’Or chaque dimanche soir, dès 20h, au coût de 10$. Les prochaines équipes à s’affronter seront les rouges contre les oranges le 11 novembre prochain.

Appréciation: ****1/2

Crédit photo: Alice Côté Dupuis

Écrit par: Alice Côté Dupuis

Vos commentaires

Revenir au début