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Crédit photo : Emmanuel Gagné
*Cet article a été commandité par evenko.
La démarche a quelque chose de surréaliste dans un paysage musical qui valorise avant tout les nouveaux sons et qui cherche toujours à déterminer quelles seront les prochaines tendances: vieillir et approfondir des succès récents – et parfois moins récents, comme leur excellente et amusante reprise de la mythique «Africa» de Toto – c’est faire du vieux avec du neuf, l’équivalent musical d’une proclamation d’indépendance, d’un pied de nez aux conventions.
Voici donc trois raisons qui font que le groupe se démarque du bassin musical actuel.
Parce que leur intérêt pour le jazz et le big band n’est pas superficiel
Sans condamner la culture pop dominante de nos jours, Bradlee est conscient que certaines personnes, dans cet océan de superficialité, ont envie d’autre chose que de télé-réalité ou d’un tête-à-tête constant avec leur téléphone intelligent. Et les spectacles de la formation qu’il a mise sur pied sont de grands rassemblements, composés de fans venus faire la fête et visiter musicalement le passé.
Il n’y a pas beaucoup de groupes qui peuvent se vanter de gagner leur vie – et d’obtenir un immense succès d’estime au passage – en faisant des reprises, comme à l’époque des «standarts». Et pour Scott Bradlee, les styles musicaux vintage auxquels il voue un culte ne sont pas une mode qui passe.
Fin trentaine, Bradlee est un mélomane particulièrement amateur de ragtime, qui est devenu fanatique de jazz dès douze ans. Il se tourne aussi vers le swing ou le doo-wop lorsque les circonstances s’y prêtent, et possède une intuition innée pour transformer à sa sauce des chansons de toutes les époques et de tous les styles – de Beyoncé à Phil Collins en passant par Guns n’ Roses.
Parce qu’ils ont presque une décennie d’expérience
Au rythme infernal d’une par semaine, les membres du Jukebox publient des vidéos sur leur chaîne YouTube, qui se targue d’avoir des statistiques assez mirifiques – plus d’un milliard de vues combinées – et sélectionnent ensuite les chansons qui ont le mieux fonctionné pour leurs albums.
L’histoire a commencé quand, après avoir publié un medley de chansons des années 1980 revisitées en ragtime sur YouTube en 2009, un tweet appréciateur de Neil Gaiman (auteur, entre autres, de la légendaire série de comic books The Sandman et du roman American Gods) lui a donné un coup de pouce pour atteindre une certaine viralité.
Séduit par les possibilités offertes par le médium, dont une avantageuse autonomie, sans avoir recours à une maison de disque, il fonda définitivement son orchestre en 2011.
Parce que leur supergroupe est composé des meilleurs musiciens de Los Angeles
En plus de leur chaîne YouTube qui les tient occupés, les membres de la formation – qui compte aussi, en mode satellite, des gens comme Sara Niemietz et Morgan James – ont à leur actif une vingtaine d’albums et se retrouvent constamment en tournée.
Au fil des ans, Bradlee a travaillé avec une soixantaine de musiciens, qui demeurent pour la plupart des collaborateurs réguliers. Parce que, pour réussir une version latin jazz de «I Will Survive» de Gloria Gaynor, par exemple, il faut savoir choisir les bons candidats.
Un flair qui donne beaucoup de force de frappe au groupe, qui s’avère aussi talentueux sur scène qu’en vidéo, avec en bonus une ambiance du tonnerre.