La deuxième Place des Arts de Marcie – Bible urbaine

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La deuxième Place des Arts de Marcie

La deuxième Place des Arts de Marcie

Publié le 15 septembre 2012 par Alice Côté Dupuis

Avec un charme simple et naturel l’auteure-compositrice-interprète Marcie a livré un nouveau spectacle vendredi dans un Studio-Théâtre de la Place des Arts presque plein. En 60 minutes, le public a découvert l’humour délicat de la chanteuse en plus de ses nouvelles chansons, le tout dans une ambiance électrique.

Anthony Roussel

En première partie, le public a pu découvrir un musicien qui, tout comme Marcie, a été remarqué au concours Ma première Place des Arts. Avec une belle intensité et accompagné de son complice Kevin Thompson, Anthony Roussel a livré cinq chansons de son répertoire. Allant de «Je pense trop donc je ne suis pas finalement. C’est vraiment un dicton à la con» à «Votre fin du monde a gâché ma fin de semaine», les textes du chanteur présentent une belle poésie, mais ce qui impressionne avant tout, c’est la voix avec laquelle ils sont livrés. «Il a toute une voix hein?, disait Marcie à propos de son collègue en ouverture. On dirait qu’il fume constamment, mais sans fumer». Juste assez enrouée pour être intéressante, la voix d’Anthony Roussel et son intensité sont effectivement à surveiller.

Marcie

La chanteuse était accompagnée d’un guitariste électrique, d’un contrebassiste et d’un batteur. Il était d’abord frappant de constater l’écart entre l’ambiance intime de l’album Les Choses de la vie selon Marcie et celle du spectacle. Débutant d’ailleurs la soirée avec des effets particuliers sur la guitare de Ludo Pin, des percussions évasives de Mat Vézio et des coups d’archet saccadés de Simon Dolan, les musiciens ont créé un univers très vaporeux. Seule la guitare classique de la chanteuse était très claire et mélodieuse, ainsi que sa voix, en douceur et en émotions, accentuant le clash entre Marcie et ses musiciens.

Si le côté très électrique que les instrumentistes accompagnateurs donnent aux ballades de la chanteuse ne s’harmonise pas toujours tout à fait aux compositions originales de Marcie, il faut dire qu’elles supportent agréablement bien d’autres morceaux. C’est davantage dans la deuxième moitié du spectacle que la batterie et la guitare électrique ont été un bel apport pour soutenir les montées en émotions et pour donner une groove fort intéressante. Comme ce fût le cas sur «Une rose» et une nouvelle chanson, durant laquelle une belle note a capella a été tenue vers la fin, les instruments ont apporté une intensité remarquable à certaines mélodies.

«C’est un spectacle qui est en développement. Il est ficelé, mais l’équipe sera prête à retravailler quand un vrai album sortira», a avoué Mohammed Bouhafs, le gérant de l’artiste. Il n’est certes pas parfait, donc, mais le charme opère tout de même, alors que cette jeune femme en petites bottes de cuir et belle robe noire présente ses chansons avec une certaine timidité comique. «J’ai une chanson… bien, ce serait surprenant que j’aie autre chose que des chansons…», commence-t-elle, en présentant la pièce «Pluie d’automne», livrée dans une version plus rapide et dynamique que sur le mini-album, mais de façon moins sentie. Des présentations drôles, à la blague, Marcie en a fait quelques-unes au cours de la soirée, ce qui n’a fait que charmer davantage encore un public déjà conquis. «Aimez-vous le country? Ouin, il y a des fans plus que d’autres là. Moi aussi j’aime ça, mais je sais pas parler de pick-up là, alors ça parle quand même de fleurs. C’est du country de fille» s’est-elle exclamée, rieuse, avant de débuter «Rose des vents».

Si les fleurs, surtout les roses, semblent être une véritable obsession pour la chanteuse, ça lui va à ravir, car sa délicatesse est l’un de ses points forts. Étant très statique, trépignant parfois sur ses pieds tout en bougeant ses bras allègrement, au rythme de l’émotion dans sa voix, Marcie semble assez lunatique, mais possède visiblement une force intérieure qui se traduit parfois par des moments de belle intensité sur scène. Les spectateurs ont donc tangué entre l’humour et les émotions pures jusqu’à la toute fin de la soirée, où en rappel, Marcie a offert une reprise de la chanson «Paloma Negra». Un véritable cri du cœur, cette pièce en espagnol est arrivée juste après une loufoque chanson où la chanteuse s’exaspère en demandant à son bien-aimé de la faire pleurer «une fois pour toutes». Un monologue très drôle sur le mythe que représentent les sirènes a également égayé la présentation de «Prends garde aux sirènes», parce que «c’est comme Disney, c’est bien le fun, mais c’est pas la vraie vie, hein!».

C’est un charme naturel indéniable qui opère dès que Marcie foule la scène. Celle que l’on compare à une Amélie Poulain de la chanson québécoise n’a en effet eu aucun mal, dans le Studio-Théâtre de la Place des Arts, à transmettre un bonheur pur à ses auditeurs, grâce à une poésie romantique et remarquable et à un sens du comique inattendu. Sans oublier sa douce mais puissante voix, qui joue habilement avec les tonalités de sa guitare classique, il n’est pas surprenant que Marcie ait été remarquée autant à Granby qu’en Suisse et à Petite-Vallée, où elle a raflé cinq  prix au Festival en chanson, l’été dernier. Son prochain album – un vrai –, sur lequel elle travaille avec Réjean Bouchard (Chloé Sainte-Marie, Richard Séguin), devrait sortir en mai prochain et est un must à surveiller.

Appréciation: ****

Crédit photo: Benoît Paillé

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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