«La Beauté du geste» au Musée d’art contemporain de Montréal – Bible urbaine

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«La Beauté du geste» au Musée d’art contemporain de Montréal

«La Beauté du geste» au Musée d’art contemporain de Montréal

Révéler le manque d’espace

Publié le 20 juin 2014 par David Bigonnesse

Crédit photo : Richard-Max Tremblay

Le Musée d’art contemporain de Montréal, c’est une collection de 7 800 œuvres répertoriées, dont 3 500 provenant de centaines de donateurs. Alors que l’institution célèbre ses 50 ans cette année, pourquoi ne pas souligner à grands traits l’apport des donateurs aux goûts contemporains? Voilà l’idée générale de l’exposition La Beauté du geste: 50 ans de dons au Musée d’art contemporain de Montréal. De quoi révéler que ce lieu a définitivement besoin de nouveaux espaces…

Un nombre infime d’œuvres issues de la Collection du Musée sont présentées à l’intérieur (et à l’extérieur aussi) des murs de cette société d’État dédiée à l’art contemporain. Josée Bélisle, conservatrice de la Collection, rappelait d’ailleurs en présentation de presse mercredi avant-midi que l’institution manquait d’espace. Inévitable lorsque l’on constate que pour cette exposition les œuvres occupent tous les environnements du MACM, des salles à l’intérieur au toit en passant au Jardin des sculptures. Au total, 200 créations d’artistes d’ici et d’ailleurs figurent dans La Beauté du geste.

Le tout débute avec cette toile de John Lyman, Sun Bathing I (1955), fondateur de la Société d’art contemporain et premier artiste à avoir légué une création au Musée. Les tout premiers débuts d’une collection en fait. Dans cette première salle, les œuvres envahissent l’espace, provoquent des chocs esthétiques puisque les réalisations qui se côtoient ne se ressemblent pas et sont composées de façons très diverses, allant de la peinture à la sculpture. Le regard du spectateur s’arrête sur quelques créations, dont celle de John McCraken intitulé Black Planck (1965-1968). Pièce verticale composée à l’aide de résine de polyester pigmentée, de fibre de verre ainsi que de contreplaqué. L’œuvre impose par sa rigidité texturale et par son noir absolu très froid. On y croise aussi dans ce tout foisonnant du contenu sociopolitique telles les cinq photographies disposées à la verticale représentant le Kennedy-Nixon TV Debate (1960) de George S. Zimbel, comme son titre l’indique.

La deuxième salle accueillant les multiples dons est plus intéressante, car les œuvres sont certes de grands formats, mais l’espace semble moins étouffant, chaque création trouvant son propre espace et permet au regardeur d’apprécier, de contempler, voire d’analyser les détails et esthétiques utilisés.

Avant d’entrer dans la pièce qui précède l’installation Pulse Room, le spectateur se transforme en cinéphile, puisqu’il peut voir la vidéo d’une durée de 2 min 1 sec, The Infidels, de Marcel Dzama. L’œuvre de 2009 est riche en significations: elle s’inspire du Ballet triadique du Bauhaus conçu par Oskar Schlemmer et Hannes Winkler en 1922. De plus, Dzama a eu l’idée de réaliser cette danse filmée en voyant poindre à l’horizon la guerre en Irak.

Quant à Pulse Room (2006) de Rafael Lozano-Hemmer, récente acquisition du MACM, on ne peut que céder devant l’ingéniosité et la réceptivité automatique de cette réalisation contemporaine. Au plafond de la salle, 300 ampoules à incandescence suspendues font bien plus de procurer de la luminosité à la pièce. Elles sont intelligentes en quelque sorte, grâce à un dispositif bien imaginé et dont l’efficacité du rendu n’est pas à contester. L’expérience peut être vécue de multiples manières, selon le désir du spetacteur-acteur. La vue tout comme l’exécution manuelle peut être sollicitée. Chaque lumière renferme le rythme du battement de cœurs de dizaines de personnes. Mais chaque fois où un spectateur montréalais souhaitera enregistrer et faire vibrer la pièce grâce à son rythme cardiaque, une ampoule enregistrera la cadence de son organe vital. Plus les regardeurs voudront placer leurs mains sur le senseur capteur dans la salle (afin de capter son rythme cardiaque personnel), plus ceux emmagasinés des autres citoyens du pays précédent s’effaceront. L’expérience visuelle et auditive est déjà réussie et le concept étonne. On ne peut que s’incliner devant l’œuvre.

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Au final, quoi retenir de plus que les dons au Musée sont essentiels à la vitalité d’une institution et que le Musée d’art contemporain de Montréal a bien besoin de reconfigurer le tout et d’augmenter ses espaces d’exposition, ce qui est dans ses plans et ceux gouvernement du Québec qui, pour cette réalisation, a réservé un budget. Vivement plus d’originalité et de contemporanéité muséale, comme Pulse Room quoi.

Les expositions La Beauté du geste: 50 ans de dons au Musée d’art contemporain de Montréal, Rafael Lozano-Hemmer: Pulse Room ainsi que Angelica Mesiti: Citizens Band sont présentées du 19 juin au 7 septembre 2014. Le MACM ouvre ses portes gratuitement au public le samedi 21 juin et le dimanche 22 juin prochain de 10h à 18h. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le macm.org.

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