La 18e édition des Rencontres de l'ADISQ: a-t-on une solution miracle pour notre industrie musicale? – Bible urbaine

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La 18e édition des Rencontres de l’ADISQ: a-t-on une solution miracle pour notre industrie musicale?

La 18e édition des Rencontres de l’ADISQ: a-t-on une solution miracle pour notre industrie musicale?

Publié le 7 avril 2013 par Valérie Collette

Jeudi le 4 avril avait lieu la 18e édition des Rencontres de l’ADISQ. Un évènement phare pour les gens de l’industrie de la musique au Québec qui s’est déroulé tout au long de la journée. Parsemé d’entrevues, de discussions et surtout d’interrogations, cette journée d’ateliers faisait le point sur notre industrie musicale d’aujourd’hui, en 2013. Plusieurs questions ont été lancées, appuyées de faits et d’idées originales, mais au final, a-t-on une solution miracle pour notre industrie? Pas tout a fait.

La journée a débuté avec un discours de madame Solange Drouin, vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l’ADISQ, qui nous a rappelé le mot d’ordre de notre industrie de la musique qui est, selon elle, la commercialisation. Oui, la commercialisation, mais comment est-ce qu’on le fait? Et surtout, comment bien le faire? Là a été sa grande question. Il faudra essayer des choses, a-t-elle dit, trouver des manières d’innover et de partager ensemble des solutions pour faire rayonner notre musique.

Montréal a-t-elle son propre son?

C’est sans contredit depuis la montée fulgurante de groupes tels que Arcade Fire depuis quelques années qu’on associe Montréal à un certain genre musical, comme on le fait avec à peu près n’importe quelle ville. On pense aux groupes venant de Berlin, de Brooklyn ou d’Angleterre, qui ont bien une étiquette qui leur est propre. En est-il de même pour Montréal? Oui et non ont été les réponses des panélistes suite à cette question d’Alexandre Vigneault, journaliste culturel au quotidien La Presse. Pour Louis-Jean Cormier, la propriété même de nos groupes montréalais va rester. Mais il y a toujours un danger à mettre une étiquette sur Montréal: ça crée beaucoup d’attentes. Pour Gourmet Délice, directeur développement et international chez Bonsound, la provenance de nos groupes est de plus en plus accessoire. En fait, tout dépend maintenant de la perception des gens. Avec les médias interactifs, on peut tout écouter sans se demander en premier lieu d’où vient un groupe.

On ne peut passer à côté de la dualité français-anglais que l’on retrouve dans notre chère ville, comme le démontre si bien le documentaire From Montréal de Yannick B. Gélinas, sujet de discussion. Unanimement, on trouve qu’il s’agit en effet d’une richesse qui est propre à Montréal, et c’est surtout ça le «son» de Montréal, cette dualité qui donne des couleurs à notre musique. Mais au final, il en revient au public de décider ce qu’il écoute et pourquoi il l’écoute. Et ce n’est pas nécessairement parce que le groupe «vient» de Montréal.

Comment faire la promotion de notre musique?

Quels sont devenus les moyens de promotion pour la musique? Pourquoi n’a-t-on pas fait la transition entre l’album et le single plus rapidement? Sommes-nous si en retard sur notre temps? On a particulièrement adoré écouter Tom Silverman, Executive Director chez New Music Seminar, s’adresser au public avec beaucoup d’optimisme face aux changements. Selon lui, on s’attaque beaucoup au passé, alors que le présent nous offre de nouvelles opportunités, entre autres, la façon dont les gens communiquent de nos jours. Il faut donc savoir y introduire et y intégrer notre musique. Pour lui, le single est la solution clé. C’est une façon rapide justement de communiquer avec les fans qui, de nos jours, en demandent toujours plus et plus vite. C’est bien mieux qu’un album qui sort après un ou deux ans. On garde ainsi un contact, voire une discussion avec notre public.

François Lemay, animateur radio à la Première Chaîne et à Espace Musique, demande également si c’est viable pour un artiste de créer un album de douze pièces, alors que le single, lui, procure près de 65 % des revenus de cet album. Et le single est d’ailleurs très souvent la façon de lancer un artiste et de le faire connaître.

Le remix, pour sa part, est-il une solution de dernier recours pour redonner vie à un album, ou simplement l’expression de soi qui pousse à aller voir plus loin où nous mène notre création? À cela, on penche des deux côtés. Mais encore? Il y a le single, certes. Il y a le remix, en effet. Malheureusement, la question de la discussion reposait sur le «mais encore?» qui, au final, n’a jamais été répondu totalement. Pourtant, on aurait bien aimé entendre les panélistes à ce sujet, où créativité et innovation seraient sans doute les mots d’ordre.

Oui, l’artiste est une marque

Est-ce que l’artiste est une marque? Difficile de dire oui sans s’expliquer. Pierre Lapointe, pour qui faire de la musique et tout ce qui l’entoure est un art absolu, nous dit qu’il faut être conscient en tant qu’artiste de notre image. On n’a pas voulu le dire trop fort, mais oui, un artiste est une marque; oui, Pierre Lapointe est une marque. Du fait qu’il inculque des valeurs, qu’il livre une expérience via son travail d’artiste, et traduit un comportement qui lui est propre. Ces valeurs toutefois que l’artiste instaure doivent être nobles et authentiques.

Et la grande question a suivi: mais qui contrôle la marque? On a tous entendu au moins un fois que la maison de disques ou le gérant «contrôle» l’image de marque de son artiste. Pierre Lapointe intervient et nous rassure qu’au Québec il n’a jamais vu quelque chose de la sorte. Le danger, croit-il, est que la marque soit construite au profit du public: «Ça marche, les gens aiment telle chose, donc je vais faire ça». Non, c’est quelque chose qui ne fonctionne pas. Pour un artiste comme Pierre Lapointe, l’intégrité de son art est essentielle. Il est important d’apporter une constante évolution dans notre musique et de faire voyager notre public à travers d’elle. Finalement, l’artiste est une marque dont on doit prendre grand soin.

La tête débordante d’interrogations

Au final, nous sortons de cette journée la tête remplie d’informations qui nous amènent vers d’autres questionnements. Les Rencontres de l’ADISQ sont un point de départ très important pour les gens de l’industrie à savoir comment innover, quelles sont les pistes d’évolution pour la musique, pour nos artistes et pour Montréal. La solution, elle, n’existe pas vraiment, mais elle se traduira sans aucun doute à travers différentes actions de groupes, des maisons de disques, des producteurs, des partenaires, et bien plus, qui sauront pousser plus loin le succès de notre industrie musicale montréalaise.

Voici onze intervenants de l’industrie qui ont vu leur travail récompensé à la suite de cette journée:

  • Archambault: Chaîne de magasins de disques de l’année
  • Archambault Vieux-Québec – Québec: Magasin de disques de l’année – appartenant à une chaîne de magasins
  • Fréquences Le Disquaire – St-Hyacinthe: Magasin de disques de l’année – n’appartenant pas à une chaîne de magasins
  • FM 103,3 – Longueuil: Station de radio communautaire de l’année – Marchés central et régional
  • CFAK 88,3 FM – Sherbrooke: Station de radio universitaire et collégiale de l’année – Marchés central et régional
  • Daniel Brouillette, Rythme FM 105,7 – Montréal: Directreur des programmes de l’année – Station de radio, marché central
  • Dominic Bell, CFLO 104,7 et 101,9 – Hautes-Laurentides: Directrice des programmes de l’année – Station de radio, marché régional
  • Daniel Tremblay, Rouge FM – Montréal: Directeur musical de l’année – Station de radio, marché central
  • Guyaume Cadieux Gendron, CFLO 104,7 et 101,9 – Hautes-Laurentides: Directeur musical de l’année – Station de radio, marché régional
  • Sylvain Ménard, 98,5 FM –  Montréal: Animateur ou chroniqueur culturel de l’année – Station de radio, marché central
  • Luc Denoncourt, FM 101,7 – Sorel-Tracy: Animateur ou chroniqueur culturel de l’année – Station de radio, marché

Crédit photo: www.adisq.com

Écrit par: Valérie Collette

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