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Crédit photo : Écomusée du fier monde; Archives de Fugues
Avec comme point de départ les quelque 400 couvertures de Fugues et les dizaines d’articles de fond parus dans le magazine, l’exposition revient sur différents aspects de la lutte pour la cause LGBT. Organisée de façon plus ou moins chronologique, l’exposition s’intéresse à des thèmes bien précis, soutenus par différents textes accrochés sur des panneaux aux murs, images, publicités, objets et symboles. L’aspect historique du parcours s’avère toujours être le plus intéressant, que ce soit pour décrire à quoi ressemblait la répression des années 80 alors que des descentes de police avaient régulièrement lieu dans les bars gays clandestins de la ville, de quelle façon le VIH/SIDA a fait son apparition, ou encore comment est né et a évolué le Village gay, par exemple.
À travers cela, l’exposition aborde également les thèmes de l’identité de genre, de l’homoparentalité, de l’union des couple de même sexe, du pouvoir de «l’argent rose», du coming out et de la vie publique, de la représentation LGBT dans les arts, etc. Les exemples sont abondants et très actuels, toujours documentés par des articles du Fugues. Si le travail de recherche dans les archives est très impressionnant, malheureusement, les nombreux textes sont truffés de coquilles, qui aurait facilement pu être évitées, notamment tout un panneau sur lequel il n’y a aucun accent dans le texte.
C’est dommage parce que tout le reste est assez pertinent et bien documenté. Même la blackroom située au fond de la salle et réservée à un public averti, s’avère être assez instructive, bien que les informations et les œuvres qui s’y trouvent soient très crues. Cependant, cette pièce intéressera surtout les visiteurs gays, parce que peu pertinente pour un public complètement hétérosexuel, à moins que celui-ci ne s’intéresse aux codes du langage utilisé pour les rencontres en ligne, ou les objets S&M utilisés pendant certaines pratiques sexuelles. Un avertissement est affiché à l’entrée de la salle que les photos y sont interdites et que le contenu peut paraître choquant pour certaines personnes.
Heureusement, la visite se termine plus en douceur, alors qu’elle aborde notamment le sujet de la «mafia rose» qui aurait pris d’assaut le théâtre des années 60 et 70, avant de peu à peu se fondre dans la masse, comme c’est le cas aujourd’hui. Ne serait-ce que le fait que les personnages homosexuels au théâtre comme à la télévision ou au cinéma ne soient plus aussi caricaturaux qu’ils l’étaient est déjà une petite victoire en soi.
Bref, on en apprend plus qu’on peut le penser en visitant cette exposition, puisque tout un pan de cette histoire est souvent malheureusement mis de côté. En attendant qu’une telle exposition ne soit plus nécessaire parce que le sujet sera rendu trop banal, on peut visiter l’Écomusée du fier monde jusqu’au 31 août pour en apprendre un peu plus.
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de la rédaction