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Crédit photo : Aja Palmer
La communauté de curieux et d’érudit des New-Yorkais présente lors de leur passage samedi dernier au Théâtre Corona a pu saisir toute l’amplitude de sa capacité à déstructurer pour renouveler et proposer un son complexe, fait de collages et de superpositions. Loin de «l’ultra-conçu» Centipède Hz (2012), Animal Collective repart de zéro pour offrir de passionnantes envolées magiques.
La créativité est donc toujours bien omniprésente chez les quatre amis d’enfance et déployée sur scène, l’exploration expérimentale impressionne. Improbable souvent, Animal Collective démontre qu’après le passage à vide du début de la décennie la nouveauté et l’expérimentation sont toujours de mise.
Que leur nouveau tube «Floridada», tout en beauté dégénérée et surtout radieux sous la torpeur, bouscule comme il brouille; la passion s’intensifie dans «Summing the Wretch» alors que «The Burglars» se révèle démesurément absurde et dingue. Animal Collective explose et explore là où l’ombre d’un Brian Wilson s’encastre dans le collage d’une avant-garde pop.
Le dadaïsme musical du groupe impressionne d’autant plus que, visuellement, la pertinence créative est aussi de mise. Les projections également dadaïstes, colorées et abstraites démontrent la capacité du groupe à proposer une performance intégrale et riche de sens. Psychédéliques et harmonieuses, elles élèvent la prestation et entretiennent la dévotion du groupe pour le visuel.
Avec une setlist extraordinairement dense et explosive, les quatre cinglés d’Animal Collective nous en ont surtout mis plein les oreilles grâce à ce patchwork de superpositions sonores inspirées, à ces voix étouffées et amoncelées les unes sur les autres. Évidemment, Painting With et Merryweather Post Pavilion en constituent la colonne vertébrale, de «Lying in the Grass» à «Taste», sans oublier le toujours aussi génialissime «Summertime Clothes».
Évidemment The Painters, l’EP sorti en ce début 2017 dans la foulée de l’album, eut sa fenêtre. L’intuitive «Kinda Bonkers» et la brouillonne «Peacemaker» (en début de rappel) permettaient au groupe de proposer un autre visage tant ces compositions se révèlent assez loin de Painting With.
Arrivé en 2017, Animal Collective reste aussi créatif qu’emblématique pour tout un courant de la pop expérimentale, voire de l’art rock. Le public du Théâtre Corona en redemandait encore et encore samedi soir, on les comprend tant la musique des kids de Baltimore est aussi frénétique, accrocheuse et captivante que dans les belles heures des années 2000.
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de la rédaction