Kid Cudi au Centre Bell: l’homme seul sur la Lune pour défendre son honneur

Lorsque les lumières se sont tamisées, on pouvait d’emblée deviner les contours de la mise en scène qui allait constituer l’unique décor du spectacle: des formes cahoteuses annonçaient une structure qui allait dévoiler la forme d’une grotte futuriste, derrière laquelle on retrouvait un écran géant sur lequel étaient diffusées des étoiles dans un ciel intergalactique.

Évidemment, thématique oblige, Kid Cudi est sorti d’un épais brouillard, marchant lentement mais d’un pas assuré sur un espèce de tapis rouge qui allait le mener jusqu’aux premières loges, à l’avant de la scène. C’est sur la musique de la pièce d’ouverture «The Resurrection of Scott Mescudi» que le rappeur est apparu, fièrement vêtu d’un costume qui lui donnait l’allure d’un astronaute.

La pièce «Unf***wittable» a suivi, donnant le ton à cette soirée qui allait être d’une linéarité déconcertante. Seul sur scène, Kid Cudi ne faisait définitivement pas le poids pour livrer en solo son matériel, même devant ce Centre Bell ridiculement vide. Tout au long du concert, l’impression que les vrais fans étaient compactés au parterre est demeurée, signe que bien peu de gens assis dans des sièges avaient l’esprit à la fête.

Il faut avouer que Kid Cudi est reconnu pour ses mélodies rap fort entraînantes qui comptent sur la collaboration d’artistes de renom, tels que MGMT, Ratatat et King Chip, et une chance qu’il peut compter sur un solide attirail musical pour attirer les faveurs des gens, car le voir chanter par-dessus un enregistrement hier soir n’a, au final, qu’augmenté notre déception, et ce, plus la soirée s’allongeait.

Parmi ses bons vieux succès, le jeune rappeur s’est gâté avec «Soundtrack to My Life», et plus récemment «Immortal», «Just What I Am», mais le meilleur bloc musical demeure bien évidemment celui qui comprenait «Marijuana», «Erase Me» et «Mr. Rager». Kid Cudi ne s’est pas particulièrement concentré sur Indicud pour cette tournée, par contre, légère déception qu’il ait écarté «Young Lady» du programme, l’un des meilleurs titres son plus récent album.

La foule s’est littéralement emportée pendant le morceau «Memories» de David Guetta, raz de marée d’acclamations qui a quelque peu enterré la pauvre «Day N Nite», qu’il a écourté à notre grand désarroi, avant d’enchaîner avec «Up Up and Away» et, évidemment, «Pursuit of Happiness», qu’il a offert en version originale puis remixée.

Kid Cudi est revenu pour un court rappel interpréter «Going to the Ceremony», en repartant aussi rapidement que le plaisir que nous avions au tout début du concert. Avec une mise en scène épurée et sobre au maximum, avec à peine quelques jeux de lumières pour nous faire vivre un tant soit peu une certaine intensité visuelle, il n’y a pas à dire, ce spectacle était d’un ennui indescriptible.

Unique capitaine à son bord, Kid Cudi aurait gagné à déployer une mise en scène changeante qui aurait encore plus explicité la thématique «Man on the Moon» du trois quarts de ses albums, mais en étant seul sur scène, le rappeur a joué dangereusement et n’a malheureusement pas su tirer parti de cette soirée qui s’annonçait pourtant fort bien.

Un concert, en somme, musicalement à la hauteur, qui n’offrait aucune gâterie pour le regard, si ce n’est qu’une fixation non désirée sur ce costume d’astronaute qui était pour le moins ridicule.