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Crédit photo : Antoine Saito
La soirée a débuté avec «Accelerando», composé par José Evangelista sur la commande de l’OSM. Les sons graves de l’octobasse se sont fait entendre, plongeant rapidement le public dans les profondeurs des souterrains de Montréal. Le compositeur d’origine espagnole s’est rendu dans certaines stations de métro pour s’imprégner des bruits ambiants qu’on y trouve. Il s’est laissé inspirer par les frottements et les claquements qui sont si familiers aux habitants de la métropole.
La pièce présente une longue progression cyclique, rappelant les allers-retours incessants des wagons sur le réseau de transport. Certaines mélodies rappelaient la tonalité que l’on entend à chacune des stations de métro, alors que le train s’apprête à repartir. Mettant à contribution tous les instruments de l’orchestre, cette pièce originale soulignait de bien belle manière l’anniversaire du métro.
Le «Concerto pour violoncelle en la mineur» de Robert Schumann a constitué le moment fort de la soirée, alors que le soliste norvégien Truls Mørk a offert une performance virtuose. Les trois mouvements de cette œuvre ont permis au concertiste de montrer l’étendue de son talent, autant dans les passages rapides nécessitant une grande précision technique que dans les moments plus langoureux où le son mélodieux de son violoncelle rappelait la voix humaine.
Avec «Tunnel azur», le compositeur Robert Normandeau a fait entrer la musique électroacoustique dans la Maison symphonique en proposant une œuvre immersive. À partir du système de son immersif de la salle et de douze haut-parleurs, le compositeur a fait entendre aux spectateurs l’environnement sonore du métro de Montréal, que les usagers ne remarquent plus tellement ces sons lui sont devenus habituels.
Pour ce faire, il s’est rendu dans les tunnels, dans les nouvelles rames en cours de production, ainsi que dans les ateliers d’entretien de la société de transport. Dans ce qu’il qualifie de «cinéma pour l’oreille», Robert Normandeau fait appel à l’imaginaire du public pour évoquer une journée dans la «vie» du métro de Montréal.
Le concert s’est terminé avec «Ein Heldenleben» [Une vie de héros], une pièce en sept mouvements de Richard Strauss consistant en une illustration autofictionnelle des hauts et des bas de la vie du compositeur. Le quatrième mouvement, présentant «le combat du héros», était particulièrement réussi, alors que les cuivres étaient mis en valeur dans des chœurs enflammés qui résonnaient dans toute la salle.
Le choix d’un programme de soirée fort éclectique a permis aux spectateurs d’être entraînés dans des registres complètement différents. Si cela a servi à montrer toute la polyvalence de l’OSM, cette hétérogénéité nuisait à certains morceaux présentés. Il a été difficile, par exemple, de se mettre dans l’état d’esprit nécessaire à l’appréciation de l’œuvre contemporaine de Normandeau juste après s’est laissé porter par le lyrisme mélodieux de celle de Schumann.
Peut-être qu’une soirée présentant exclusivement de la musique contemporaine aurait mieux rendu justice à l’hommage qui devait être fait au métro et à son rôle dans l’entrée dans la modernité de la Ville de Montréal.
L'événement en photos
Par Antoine Saito
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Accelerando de José Evangelista
2. Concerto pour violoncelle en la mineur, op. 129 de Robert Schumann
3. Tunnel azur de Robert Normandeau
4. Ein Heldenleben [Une vie de héros], op. 40