«Kent Nagano célèbre l’Halloween» à la Maison symphonique de Montréal

Le concert a commencé en beauté avec le classique de Moussorgski «Une nuit sur le mont Chauve», qui raconte l’ouverture du sabbat des sorcières. La mélodie tourbillonnante des instruments à cordes rappelait le jacassement des créatures nocturnes alors que la musique imposante des cuivres semblait convier Satan au rituel.

«La danse macabre» est sans doute la pièce classique qui a suscité le plus de réactions de la part du public, demandant une virtuosité exemplaire de tous les musiciens. L’oeuvre mettait aussi en vedette le soliste Andrew Wan, spécialiste des concertos pour violon de Saint-Saëns. Le violoniste semblait complètement habité par son personnage de la Mort appelant les âmes égarées à se joindre à la danse.

Parmi les moments forts du répertoire plus moderne, la musique stridente du film Psychose a réussi instantanément à faire revivre les images d’une des scènes les plus marquantes du cinéma d’horreur, alors que le personnage de Marion Crane se faisait assassiner dans sa douche. La montée dramatique et rythmique de la bande sonore des Dents de la mer a également rappelé à tous un grand moment du cinéma américain. Dans un autre registre, les spectateurs ont eu un grand plaisir à réentendre la musique d’Harry Potter, dont la qualité est remarquable.

Probablement dans l’objectif de rendre la soirée accessible, l’animation du concert était assurée par le ténor Marc Hervieux, déguisé en vampire pour l’occasion. Entre les morceaux, il racontait des légendes pour expliquer les origines de la fête d’Halloween: la citrouille illuminée, les enfants costumés, la distribution de bonbons. Quoique fort intéressantes, les interventions du chanteur s’intégraient mal au rythme du concert, dont le programme était assez chargé. Son interprétation des thèmes de L’étrange Noël de monsieur Jack et d’Abracadabra était toutefois très réussie et a amené le public à chanter avec lui, les paroles des deux chansons étant retranscrites dans le programme de soirée.

Le concert s’est terminé de manière décevante, avec l’interprétation peu convaincante de la musique de Ghostbusters par Marc Hervieux déguisé en chasseur de fantôme. Non seulement il ne maîtrisait pas la chanson, mais le volume de l’orchestre était beaucoup trop fort et enterrait la voix du ténor. Dommage, puisque le clin d’oeil était très bien pensé et aurait permis de chasser les nombreux esprits «présents» au cours du spectacle.

Ne serait-ce que par la qualité musicale indéfectible des concerts de l’Orchestre symphonique de Montréal, Kent Nagano célèbre l’Halloween fut une soirée mémorable aux milliers de personnes venues l’entendre.