Jérôme Minière et La Bronze à L'Astral – Bible urbaine

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Jérôme Minière et La Bronze à L’Astral

Jérôme Minière et La Bronze à L’Astral

Une soirée dansante

Publié le 9 novembre 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mylène Brisson

Album photos (10) - Leur énergie était communicative, leurs rythmes festifs et entraînants. Jérôme Minière et La Bronze ont été généreux dans leur interprétation, mais n’ont malheureusement pas eu de retour d’ascenseur de la part du rare public présent à l’Astral ce vendredi le 8 novembre. La soirée aux sonorités électroniques promettait pourtant de faire danser. Le Coup de cœur francophone a néanmoins réussi son jumelage en choisissant deux artistes au dynamisme et au charisme incontestables.

Tablette électronique à la main pour lire les paroles de sa première pièce, seule source de lumière éclairant uniquement son visage, Jérôme Minière a débuté son numéro avec une chanson traitant de la trop grande importance accordée à la technologie et au web de nos jours. Paradoxe donnant envie de crier, surtout de jalousie pour avoir écrit un si beau texte, juste assez engagé, juste assez critique et analytique, son interprétation a ouvert son spectacle de façon percutante. Dans le même genre de contrastes, pas très loin suivait une chanson «sur la dépression nerveuse, mais assez sympathique pour danser!»

C’était une première, vendredi soir, pour le spectacle Jérôme Minière danse avec Herri Kopter, puisque le disque n’était pas supposé s’adapter en spectacle. Bien que le manque d’habitude ait été perceptible à quelques reprises au cours de la soirée, c’est un Minière franc, authentique et rieur qui a, chaque fois, sauvé la mise. «Ça change beaucoup d’ambiances, d’une chanson à l’autre! C’est la première fois qu’on le fait…» s’est-il presque excusé entre deux chansons. Charismatique, le chanteur a su aisément se faire pardonner grâce à son sourire contagieux et ses amusants pas de danse, mais surtout grâce à ses compositions éclectiques et toujours entraînantes.

Avec plus d’un tour dans son sac, l’artiste pluridisciplinaire a non seulement projeté à l’arrière des vidéos maison qu’il a lui-même concoctées, inspirées par ses compositions, mais aussi surpris son auditoire avec des invitées surprise. Alors qu’Ariane Bisson Mclernon a poussé la note en anglais aux côtés d’un francophone Minière, Dawn Cumberbatch a quant à elle laissé aller tout son soul pendant «Musique automatique», ce qui a ravi le public. Mais l’invitée qui a le plus suscité de réactions a été une moitié du duo Random Recipe, Frannie Holder, qui a enflammé la scène avec l’énergie et l’aisance qu’on lui connaît. Le mariage des voix d’Holder et de Minière est d’ailleurs particulièrement réussi, comme on peut l’entendre sur «We Machinize».

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Si de nombreuses pièces instrumentales ont ponctué la soirée, le seul numéro qui a semblé long et qui a brisé le rythme du spectacle a été la reprise de «Elle vire» d’Alain Bashung, chantée par une voix robotique générée à l’ordinateur, pendant que les quatre musiciens sur scène essayaient de l’accompagner. Autrement, les rythmes et sons de Jérôme Minière sont enlevants et, qu’il soit à la guitare, à la basse ou sans instrument, l’interprète sait bouger pour encourager la foule. «Ce soir c’est quand même une soirée dansante, d’ailleurs la preuve c’est que vous êtes tous assis!», a-t-il lancé, rieur, devant le public qui dodelinait de la tête.

Pour clore ce spectacle aux mille et un sons et ambiances, Minière a offert l’un des plus saisissants numéros en chantant «Rien à vous dire», une pièce plutôt parlée, au rythme minimaliste mais entraînant, durant laquelle le chanteur se pose plusieurs questions. Oubliant ses paroles et complètement perdu, il n’a pas baissé les bras, cherchant à voix haute où ses musiciens étaient rendus et expliquant sa détresse, tout en gardant le rythme et la tonalité avec une rapidité d’esprit impressionnante.

Engagés jusqu’à la toute fin, Jérôme Minière, ses musiciens et ses invitées ont offert en rappel une performance thématique, chantant «Lève la tête au lieu de t’oublier dans quelque chose de rectangulaire», illuminés seulement par des petites lumières et leur téléphone cellulaire. Finalement allumés et conquis, les spectateurs ont applaudi et crié pour un second rappel, mais Minière avait déjà rythmé ce qu’il avait à rythmer, dansé ce qu’il avait à danser et chanté ce qu’il avait à chanter.

La Bronze

C’est accompagnée de ses acolytes Jean-François de Bellefeuille (claviers) et Franklyn «Funk Lion» (guitare électrique) que la pétillante Nadia Essadiqi (voix et percussions) s’est avancée sur la scène et a débuté de façon percutante ce concert. Baguettes de batterie fendant l’air à une vitesse impressionnante, le regard fier et le sourire aux lèvres, la chanteuse a offert d’emblée une nouvelle composition qui, déjà, démontrait son travail des mots et sa jolie poésie.

Manifestement heureuse d’être là, Nadia Essadiqi ne faisait pas que chanter: elle interprétait ses chansons jusqu’au bout de ses doigts, faisant continuellement aller ses bras au rythme de l’émotion ou de la mélodie, lorsqu’ils ne sont pas occupés à battre le rythme sur les tambours qui se trouvaient devant elle. «On va vivre un moment de communion ensemble. Ça va prendre un certain laisser-aller. Mais tout est permis!», a-t-elle lancé en demandant presque à l’assistance qu’elle s’anime, tout juste avant sa troisième chanson. Peu réceptif mais très attentif, le public visiblement pas encore réchauffé a laissé Essadiqi se démener toute seule pendant qu’elle chantait «Tes cheveux de feu», avec de l’énergie pour deux et beaucoup de volonté.

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Délaissant ses tambours pour présenter deux nouvelles pièces, dont une seule avec le clavier, Nadia Essadiqi a offert de beaux moments d’interprétation, même si, de façon générale, ce sont des chansons très entraînantes qui ont été présentées. Supportée par une guitare chargée et une belle touche de piano, la chanteuse a enchaîné avec «Vortex», la pièce qui ouvre son EP de six pièces, paru en février 2012.

Alternant entre les solos de tambours soutenus par la guitare électrique et le clavier et les envolées vocales qui passaient aisément et joliment de la voix de corps à celle de tête, l’interprète a démontré toute son intensité lors de cette première partie durant laquelle elle a offert huit pièces. La dernière lui a d’ailleurs servi pour faire ressortir la comédienne en elle, alors qu’une partie de la nouvelle chanson a été récitée comme un poème rythmé, démontrant par ailleurs les diverses influences de La Bronze, dont le trip-hop. Si le public a peu participé, il a toutefois bien écouté et bien applaudi les trois musiciens qui feront paraître au printemps prochain un premier album complet.

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