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Crédit photo : Koralie Woodward
La particularité de Jacques Lacombe est qu’il dirige son orchestre par coeur, sans partitions, avec zèle et naturel. Fort d’une habile communication avec les musiciens, l’homme nous offre un nouveau regard sur des oeuvres au détour de nuances et d’élans imaginatifs.
La Symphonie fantastique de Berlioz lançait, en 1830, l’ère du Romantisme français, une oeuvre inspirée par l’amour qu’éprouvait le jeune et sombre compositeur pour l’actrice Harriet Smithson. Pièce d’une envergure poétique et philosophique, cette oeuvre de cinq mouvements aborde les thèmes chers aux romantiques, soit l’amour, la mort et l’opium, retraçant le désespoir amoureux d’un jeune musicien sensible.
Avec une véritable maîtrise de cette symphonie, la direction de Jacques Lacombe apporte un nouveau souffle à cette fresque sonore richement orchestrée avec les présences du cor anglais, de harpes et de cloches. Accentuant, par moments, le côté obscur de l’oeuvre, il n’en oublie pas moins de donner toute la dimension nécessaire au cinquième mouvement, ce «Songe d’une nuit d’été» intégrant l’hymne liturgique du Dies irae, illustrant le délire obsédant du musicien sous l’opium avec ce final majestueux qui vous glace le sang.
En première partie de cette oeuvre romantique, la direction de l’OSM proposait une oeuvre non moins illustre, le désenchantement amoureux proposé par Ravel dans l’«Alborada del gracioso». Mais l’un des moments forts de cette soirée intervenait avec la présentation du célèbre «Deuxième concerto pour piano» de Rachmaninov, avec l’admirable interprétation de Scott MacIsaac, un jeune homme d’à peine 24 ans, à la virtuosité quasi prématurée, au potentiel évident, mais à la technique encore trop bienséante.
Mélangeant admirablement et ingénieusement les colorations orchestrales, Jacques Lacombe a réussi à reconquérir une nouvelle fois le coeur des Montréalais, lui qui s’envolera bientôt pour de nouveaux horizons avec sa récente nomination à l’Opéra de Bonn, en Allemagne. Au final, ce «Grand concert du mercredi», sous la direction musicale de Kent Nagano pour sa dixième saison à l’OSM, a rempli toutes les promesses dîtes.
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Par Koralie Woodward
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