Interpol au Métropolis de Montréal: «The dark side of the music» – Bible urbaine

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Interpol au Métropolis de Montréal: «The dark side of the music»

Interpol au Métropolis de Montréal: «The dark side of the music»

Publié le 17 février 2011 par Éric Dumais

La sombre formation américaine Interpol était de passage hier soir au Métropolis pour offrir une seconde chance au public montréalais d’assister à un concert hors du commun. Accompagné de l’excellent quatuor Plants & Animals, dont le charisme pouvait contrecarrer une armée complète de Vikings assoiffés de chair humaine, Interpol n’a eu aucunement besoin de recourir aux artifices et aux fioritures pour épater la foule. Les gens avaient du fun, se trémoussaient ou s’enlaçaient, et c’était en soi un instant de magie totale.

Les sept cloches ont sonné le moment funèbre

C’est à 20h tapant que le trio canadien Plants & Animals est monté sur la grande scène du Métropolis devant le regard scrutateur et égaré du public montréalais. Nota bene : les membres de la formation dream-pop shoegaze School of Seven Bells, Benjamin Curtis (Secret Machines) et Alejandra Deheza (On!Air!Library!), n’ont pas été en mesure de se présenter comme convenu, puisque leur van est tombée en panne un peu plus tôt cet après-midi (du moins c’est ce qu’il m’a été permis d’entendre entre le froissement d’une tonne de communiqués hier). Nul besoin de dire que plusieurs d’entre nous étaient bien contents par ce changement de dernière minute.

Des plantes et des animaux à FarmVille

Les Plants & Animals, un groupe indie-rock formé en 2004 par les Montréalais Warren Spicer, Matthew Woodley et Nicolas Basque, ont décidément une belle et bien solide présence sur scène. Il manquait cependant un je-ne-sais-quoi qui aurait pu nous épater davantage, que ce soit, notamment, par l’apport de mélodies plus sautillantes, plus groovy, ou à la limite plus poignantes. Au lieu de cela, ils ont joué très sérieusement, en plongeant dans leur ancien répertoire (ils n’ont pratiquement pas joué de chansons de leur dernier album La La Land), devant une foule qui était plus préoccupée par la couleur de son vernis à ongles que le talent d’une formation montréalaise bien de chez nous. Mais ça, que voulez-vous, on ne peut rien y changer.

21h15 : la police criminelle fait un malheur

C’est sous les acclamations enflammées d’un public en délire qu’Interpol a fait son entrée sur scène. De nature assez réservée, tout de noir vêtu, le quintette s’est installé en silence, quelques instants avant que le chanteur et guitariste Paul Banks salue la foule, toujours de manière très posée. Puis, ils ont commencé le spectacle sous une salve d’acclamations en démarrant les premiers accords de l’excellente chanson Success, qui figure d’ailleurs en ouverture de leur dernier album homonyme.

Nul besoin de dire que le moment était sublime, d’une rare intensité, et que l’on sentait réellement une belle énergie à la fois revigorante et magique circuler entre le groupe et le public. Les Montréalais étaient ravis de les revoir suite à leur court passage l’année dernière, il y a à peine quelques mois. Pas besoin de spécifier que le Métropolis était bondé hier soir, sans être sold out pour autant, et il faisait aussi chaud que dans un sauna. J’oserais même avancer que la température oscillait entre les 70 et 100 degrés Celsius, mais évidemment vous ne me croiriez pas et vous auriez bien raison, aussi.

Oui, d’accord. Vous voulez probablement savoir quelles chansons de leur répertoire ils ont jouées? Au grand désarroi de la majorité des fans, Interpol n’a pas joué Obstacle 1 ni Obstacle 2, qui représentent, à mon humble avis, les chansons les plus marquantes de leur époque charnière, c’est-à-dire l’année 2002, celle qui marque au fer forgé la parution de leur premier opus, l’étonnant et le toujours très actuel Turn on the Bright Lights. Après avoir joué l’envoûtante Success, ils ont pigé au gré du hasard parmi leurs anciennes et plus récentes parutions, en ramassant quelques numéros chanceux ici et là (cités dans le désordre) : NYC, Evil, Lights, Memory Serves, Always Malaise (The Man I Am), Say Hello To The Angels et leur dernier succès, Barricade.

Paul Banks et ses musiciens ont performé pendant une heure et trente minutes sans jamais démontrer de lassitude à l’égard du public admiratif. Ils ont enchaîné dans la bonne humeur succès après succès, en jouant avec un charisme à faire frissonner même un cancéreux en phase terminale. La mise en scène ne présentait rien d’extraordinaire, c’est-à-dire aucun support visuel (projections, animation 2D ou 3D) ni aucun accessoire (ballons, confettis). Disons que nous étions loin des performances habituelles des Flaming Lips, et c’était bien comme ça. La scène était épurée et ne contenait que quelques projecteurs servant à éclairer les performances de chaque musicien. Et le travail visuel était magnifique. Parfois, les musiciens étaient plongés dans le noir, tandis qu’à d’autres moments ils étaient éclairés par des lumières rouges, bleues ou mauves. C’est tout, vous me direz. Oui, et c’était parfait comme cela.

Interpol, à la fin du concert, n’a accordé qu’un court rappel, qui s’est avéré pour la plupart très décevant. Je me répète peut-être, mais la chanson Obstacle 1 manquait vraiment à cette prestation du tonnerre. Il y a même une fille au parterre qui s’est éraflé la gorge à force de crier le titre. Pauvre petite bête, elle devait être bien déçue au moment où les lumières se sont rallumées.

Somme toute, assister à un concert d’Interpol est un grand moment dans l’histoire de la musique rock et je m’en réjouis encore ce matin, mais le seul bémol (malheureusement) qui revient sans cesse est le fait qu’il n’ont pas été en mesure de régaler pleinement leurs fans, et ça c’est vraiment dommage. Vous imaginez Rammstein bouder Du Hast ou Radiohead snober Karma Police? Vous comprenez ma déception maintenant?

Appréciation: ***1/2

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