Ibeyi et Flo Morrissey au Théâtre Fairmount de Montréal

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Ibeyi et Flo Morrissey au Théâtre Fairmount de Montréal

Ibeyi et Flo Morrissey au Théâtre Fairmount de Montréal

Deux jumelles en parfaite fusion

Publié le 27 mars 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Frédéric Lauzier-Young

Deux voix qui résonnent tels un charme au creux de l’oreille, une première partie de Damon Albarn à Paris pour le festival des Inrocks et un contrat de disques avec l’étiquette londonienne XL, voilà pourquoi le binôme Ibeyi a fait couler autant d’encre ces derniers temps. Hier soir, les Françaises d’origine cubaine Lisa-Kainde et Naomi Diaz, la jeune vingtaine, étaient de passage au Théâtre Fairmount de Montréal en compagnie de la prometteuse Flo Morrissey, afin de présenter devant public les charmes de leur premier album homonyme.

On peut dire qu’il y avait foule hier pour les deux jumelles d’Ibeyi, qui signifie «jumeau» en yoruba, à voir tous ces gens qui faisaient la file à la queue leu leu sur l’Avenue du Parc, devant un Théâtre Fairmount nouvellement ouvert qui n’accueillait qu’une dizaine de personnes à la fois. Avec quelques pépins techniques ayant retardé la soirée d’une vingtaine de minutes au moins, force est d’admettre qu’une fois entré, cependant, l’ambiance était déjà surchargée par la chaleur qui y régnait. Notre frustration de l’attente, combinée à des agents de sécurité zélés à la porte, étaient finalement chose du passé.

Heureusement, la température, limite suffocante, n’a pas semblé déranger Lisa-Kainde et Naomi Diaz tout au long de la soirée, ces deux boules d’énergie au charisme magnétique qui ont réussi, avec leurs sourires sincères et leurs claquements de mains, à rallier les gens du public, qui fredonnaient du bout des lèvres des paroles tantôt en anglais, tantôt en yoruba, leur langue d’origine. Et c’est dans un français impeccable qu’elles ont discuté avec la foule, lançant ici et là leurs impressions du moment, ou des explications sur les thématiques de leurs chansons, qui parlent de vie et de mort, surtout.

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Côte à côte, au centre de la scène, les jumelles ont entamé, a capella, la pièce inaugurale «Eleggua», avant de se glisser chacune derrière ses instruments, Lisa-Kainde et son afro derrière ses claviers, Naomi Diaz et ses tresses serrées derrière ses percussions afro-cubaines, une caisse péruvienne (cajó) et un tambour traditionnel (batá). C’est le morceau «Ghosts» qui a marqué la suite, alors que «Mama Says», «River» et «Yanira» en ont visiblement ravi plus d’un par la suite.

«On se sent bien avec vous», s’est exclamée Lisa-Kainde, fière et conquise, avant d’expliquer son hommage à la déesse Oya, «celle qui danse sur les tombes, mais qui n’est pas maléfique; elle protège». Sur cette note mythologique, le duo est reparti de plus belle, la fusion de leurs chants conjugués et les rythmiques minimalistes s’accordant à merveille. Elles ont par la suite offert une reprise de la pièce «Better in Tune With the Infinite» du rappeur et producteur américain Jay Electronica.

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Avant de remercier la foule pour un dernier au revoir, les jumelles d’Ibeyi ont joué «Weatherman», une chanson qui traite de ces personnes, mémorables et marquantes, que l’on croise parfois sur une rue, l’espace d’une minute ou deux, et qui nous restent en tête bien longtemps par la suite. Puis elles ont chanté, a capella encore une fois, la finale «Ibeyi», avant de rejouer «River», leur chanson à succès, qu’elles ont cette fois-ci servie avec plus de swag, plus de laisser-aller, au coeur d’une version plus hip-hop, également.

Les deux jumelles, avec le concert qu’elles ont présenté hier soir, seraient les parfaites invitées pour la prochaine édition du Festival international de Jazz de Montréal. On l’espère en tout cas. On jase, là!

FLO MORRISSEY

La jeune Irlandaise Flo Morrissey ne rapportera peut-être pas les mêmes souvenirs que ses comparses, elle qui est montée seule sur scène pour casser la glace pour une première fois devant un public qui n’a pas cessé de parler haut et fort durant l’entièreté de sa prestation. Seule avec sa guitare, ou seule au piano, la chanteuse brillait par sa simplicité, sa timidité et les arrangements simples et épurés de ses mélodies, mais malheureusement le public d’hier lui a démontré qu’il était là pour Ibeyi, et rien d’autre. Malgré tout, la jeune Pocahontas a offert une poignée de ballades douces à l’oreille, dont une reprise d’une chanson française de Pierre Cour et d’André Popp, «L’amour est bleu». Dommage que la foule n’ait pas démontré plus de respect devant une musique aussi délicate que celle de Flo Morrissey. Découvrez la magnifique «Pages of Gold» ici: https://www.facebook.com/FloMorrissey.

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L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Eleguga (ouverture)

2. Ghosts

3. Lost in My Mind

4. Mama Says

5. I'm on My Way

6. River

7. Yanira

8. Oya

9. Better in Tune With the Infinite (reprise de Jay Electronica)

10. Weatherman

11. Ibeyi (finale)

Rappel

12. River (version hip-hop minimaliste)

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