Le spectacle de danse «Humanity Project» présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts – Bible urbaine

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Le spectacle de danse «Humanity Project» présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts

Le spectacle de danse «Humanity Project» présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts

Grâce à Dieu, l’Humanité

Publié le 9 février 2013 par Annie Lafrenière

Crédit photo : Paul-Antoine Taillefer

Facile de faire fausse route en allant voir Humanity Project, et de s'imaginer assister à un spectacle de danse/théâtre à grand déploiement, mariant mise en scène riche, décors flamboyants et costumes colorés, quelque chose à mi-chemin entre Le Lac des cygnes, Cyrano de Bergerac et La Compagnie Créole. Le communiqué de presse parlait de pluralité des cultures, de musique du monde, de «fresque contemplative et vitale»… tout pour gonfler à bloc les attentes.

En s’assoyant face à la scène et au décor simpliste, on comprend soudain que l’on a tout faux. Qu’il n’y aura rien de carnavalesque. Ni grandiloquent. Un plancher de danse, tout ce qu’il y a de plus sobre et dépouillé. Un mur bleu s’ouvrant sur trois portes. Et un grand calme planant sur la Cinquième Salle de la Place des Arts.

De part et d’autre, un à un, quarante danseurs et comédiens, en majorité des bénévoles de tous âges et toutes disciplines, gravitent vers la scène et nous font face, nous dévisageant du haut de leur expérience humaine que l’on devine semblable à la nôtre. Cliché digne d’une pub de United Colors of Benetton.

Un souffle, une pulsation portent les danseurs tout au long du spectacle, comme l’humanité profonde à laquelle ils s’accrochent, et à laquelle ils nous invitent à nous suspendre. Cette ambiance sonore récurrente, «sorte de fond marin en dessous de tout» accompagne à merveille la valse aquatique, mi-humaine, mi-animale, que nous avons sous les yeux.

La musique se déchaîne peu, elle respire plutôt au rythme des danseurs qui s’entremêlent et se secourent parfois, formant un grand mouvement solidaire et émouvant d’une vitalité peu commune. «Je voulais prendre de la musique de partout dans le monde au début, mais ça n’a pas marché, ça faisait vraiment pizza all dressed! Alors j’ai rétréci le nombre de compositeurs», de dire la metteure en scène Paula de Vasconcelos, qui a principalement travaillé en collaboration avec Owen Dalton pour Humanity Project, de même que pour ses deux derniers spectacles, dont le fameux Grâce à Dieu, ton corps, présenté l’an dernier à pareille date. «J’utilise d’autres musiques d’autres compositeurs, notamment du Brésilien Amon Tobin», précise-t-elle.

La chorégraphe a fait les bons choix en ne séparant pas, hormis dans quelques scènes distinctes, la marée humaine des quelques interprètes professionnels. C’est entre autres ce qui confère sa richesse et sa saveur à Humanity Project, dont le décor est signé Joshua Lamb et Paul-Antoine Taillefer. Paula de Vasconcelos a également pris les décisions qui s’imposaient en offrant, oui, des tableaux toujours très théâtraux, mais exempts de texte. N’allez donc pas voir Humanity Project si vous êtes avant tout friand de théâtre. Il s’agit d’un spectacle de danse, purement et simplement.

Il y a vraiment du génie dans cette «composition scénique» achevée, bien qu’épurée au maximum. Mais c’est ce qui nous désarme, justement, et apaise toutes nos discordances: ces 40 hommes et femmes respirant et dansant à l’unisson, cette humanité ressentie, ce «plus grand que nous qui nous prend par la main qu’on le veuille ou non». Une réussite!

«Humanity Project» de Paula de Vasconcelos, jusqu’au 23 février à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

5 % des recettes de ce spectacle seront versés à une cause humanitaire.

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