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Crédit photo : Gracieuseté evenko
Remonter le temps avec Heart
Le groupe des sœurs Wilson s’est emparé de la scène du Centre Bell devant plus de 6 000 personnes déjà conquises. Dès les premières notes de la pièce «Magic Man», les cris et les applaudissements se sont entremêlés à la voix encore cristalline d’Ann. La chanson était parfaitement choisie comme ouverture, sachant qu’elle fit partie de leur premier opus Dreamboat Annie qui les propulsa au sommet des tabloïds en 1976. D’ailleurs, on a appris ce soir-là que c’est à Montréal que le groupe fit son premier spectacle. Il s’agit ici d’un retour aux sources bien planifié.
C’est devant un défilement de vidéos simplistes que le groupe de Seattle Heart enchaîna avec «Heathless», qui n’a pas laissé les spectateurs de marbre. Le décor manquait cruellement d’originalité ainsi que de saveur, et c’était bien correct ainsi. En effet, notre attention n’était que davantage portée sur la prestation qui s’offrait devant nous, plutôt que d’être distrait et constamment embrouillé par un amalgame d’effets trop extravagants.
La voix principale du groupe portant le nom d’Ann Wilson n’était pas à critiquer sans prendre le risque de se faire lancer des tomates. Bien présentée, claire et nous donnant sans gêne de profonds frissons, elle nous a fait comprendre que le temps n’a fait que mieux aiguiser ce talent, et ce, particulièrement lors des pièces «What About Love?» et «Alone».
C’était une foule à la fois réservée et provocante qui s’accrochait aux mélodies entraînantes du groupe. C’est seulement lorsqu’Ann nous demanda de nous bouger le derrière tout en faisant aller le sien de gauche à droite que plusieurs spectateurs se sont dégourdi à leur tour. Il ne fallait pas plus que l’énergie de ses vingt ans et la performance des pièces «Event It Up» et «Beautiful Broken» pour pousser la foule dans une voie de démesure.
Plus les classiques s’enchaînaient, plus la gêne des spectateurs se dissipait pour laisser place à une énergie plus dévergondée. Ann en profita même au passage pour souligner que «Montréal est une ville qui a une âme et qui est très émotionnelle». On n’a guère du mal à la croire. Le respect de la foule pour les artistes s’érigeant devant eux était palpable et ce n’était pas que des nostalgiques qui remplissaient le Centre Bell ce soir-là, mais aussi des pousses neuves venues s’éprendre de ce qui se faisait de bon autrefois.
Le thermomètre corporel est monté d’un cran lorsque les projecteurs se sont concentrés sur Nancy Wilson, l’autre moitié du groupe. Elle s’est alors mise à faire aller ses doigts agiles sur sa guitare acoustique pour exécuter le solo d’entrée de la chanson «Crazy On You». Le tout semblait si naturel qu’on avait presque l’impression de jouer les notes avec elle. Puis ce fut au tour de la légendaire pièce «Barracuda» d’obliger la foule à «s’endiabler» au rythme des accords chargés. Nous avons même eu droit à quelques reprises du groupe Led Zeppelin en rappel; du bonbon pour les oreilles.
Latex moulant, brillants et tutti quanti
Joan Jett & the Blackhearts a aussi pris part à la grande fête des retrouvailles. Le groupe cadrait parfaitement avec l’énergie de la soirée. Accoutrée d’un one piece rouge ajusté la couvrant telle une deuxième peau, elle semblait tout droit sortie de ses années folles. Joan Jett nous a transportés avec elle dans son monde à 25 000 volts, en commençant par s’exclamer d’un «Salute Montreal». Le groupe de Los Angeles a ouvert le bal avec ferveur à l’aide de la pièce «My Generation», qui a originalement été interprétée par les Britanniques de The Who.
Sa prestation était à la hauteur des attentes, même aussi grandes fussent-elles. Des vidéos à l’allure inédites défilaient à l’arrière de la scène, de façon à ce que l’immersion soit davantage propulsée sur la visite d’un passé enivrant. De sa voix rocailleuse, elle nous a enjôlés avec ses classiques comme «Crimson and Clover», «Do You Wanna Touch Me» et «Cherry Bomb». Cette dernière, on se rappelle, a d’ailleurs été propulsée par le premier groupe duquel elle a fait partie: The Runaways.
C’est particulièrement lors de la pièce «I Love Rock ‘n’ Roll» que la citation «avoir quelque chose de tatoué sur le cœur» a pris tout son sens. À ce moment, elle y avait le rock de tatoué, semblait en pleine possession de ses moyens et présentait une jeunesse renouvelée qui plaisait indubitablement aux spectateurs.
Une première partie simple mais efficace
Ce fut le groupe canadien The Mandevilles qui a ouvert la soirée. Accompagnée seulement de son musicien à la guitare sèche, Serena Pryne a pris possession du micro et s’est donnée à la foule. Cette foule, qui a été très réceptive à son énergie éclatante, lui prêta une oreille attentive tout au long de sa performance. Les têtes valsaient de gauche à droite et il ne serait pas imprudent d’admettre que c’est plusieurs personnes qui ont fait la belle découverte de ce groupe, ce soir-là.
Finalement, la soirée fut loin d’être légère, avec trois groupes tout aussi énergiques et très avides d’un bain de foule. Néanmoins, cette pesanteur n’a fait que permettre aux spectateurs de s’immerger complètement dans ce qu’ils étaient venus chercher: la fougue d’autre fois. Heart et Joan Jett & the Blackhearts ont semblé tout droit sorties de leur époque glorieuse et il ne serait pas surprenant de leur reconnaître cette fougue à nouveau d’ici plusieurs années.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Magic Man
2. Heartless
3. What About Love?
4. Straight On
5. These Dreams
6. Two
7. Sand
8. Alone
9. Heaven
10. Even It Up
11. Beautiful Broken
12. Crazy On You
13. Barracuda
Rappel
14. Immigrant Song
15. No Quarter
16. Misty Mountain Hop