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Crédit photo : Charline Provost
C’est «Fly Now» qui a brisé la glace, tout juste après une courte vidéo projetée sur un miroir magique, une pièce récente figurant sur leur treizième album en carrière, Battle Maximus. Il faut dire que les giclées de faux sang ne furent pas longues à pleuvoir sur la tête et le visage des spectateurs, puisque déjà l’un des personnages, qui ressemblait drôlement au géant Tiny dans House of 1000 Corpses de Rob Zombie, se faisait décapiter à coup de hache. Un coup la tête tombée sur scène, le macchabée s’est penché pour être certain que les photographes et les fans soient déjà dans le bain!
Et pour l’occasion, le Théâtre Corona avait des airs de salle en rénovation: les deux espaces VIP situés à gauche et à droite de la scène ont été mis en quarantaine l’instant d’une soirée, recouverts d’une longue bâche empêchant les éclaboussures. Idem pour les côtés, l’arrière et la console de son: tout a été recouvert pour éviter les salissures. Si plusieurs spectateurs semblaient quelque peu craintifs à l’idée de se salir, plusieurs n’ont pas hésité à se rendre aux premiers rangs, vêtus d’un t-shirt blanc ou d’un poncho.
Sinon, visiblement inspirés par les nouveautés, les membres de Gwar ont enchaîné comme second morceau avec «Madness at the Core of Time», où les voix gueulardes des membres s’entremêlaient pour former un concert assourdissant mais entraînant à la fois. Une batterie désordonnée battait la cadence à l’arrière, alors que les deux guitares stridentes s’activaient sous les doigts des guitaristes, qui ont livré des solos simplistes mais efficaces.
Puis, la foule a été conviée à un méchant bond dans le temps avec «The Years Without Light», parue au tout début des années 90, alors que la formation, originaire de Virginie, faisait paraître son deuxième album, Scumdogs of the Universe. Et disons-le: à ce moment-ci du spectacle, la plantureuse Vulvatron n’était toujours pas arrivée! Les spectateurs ont toutefois dû s’armer de patience, car un pépin technique a interrompu le concert durant près de 5 longues minutes, obligeant les membres du groupe à quitter la scène jusqu’à tant que les techniciens réussissent à mettre le doigt sur le problème. Évidemment, le tout fut réglé assez rapidement, mais cela n’aura ajouté qu’un peu de flou à leur mise en scène déjà assez floue merci.
Finalement, après une bonne vingtaine de minutes, la très attendue Vulvatron a fait son entrée, vêtue de son ensemble au look sadomasochiste, et évidemment avec ses énormes seins, qui n’allaient pas tarder à déborder d’un liquide rougeâtre. Outre quelques simagrées, sourire diabolique et langue exploratoire à la Gene Simmons, Vulvatron n’a pas occupé tout l’espace, Michael Bishop étant définitivement la figure de proue du groupe. Pour la suite, Gwar s’est amusé à zigzaguer entre les époques, enchaînant les titres au rythme de leurs changements de costumes, discutant entre les chansons dans le but évident de raconter une «fable» sans queue ni tête.
Parmi les moments-clés du spectacle, on retient évidemment l’arrivée surprise de ce monstre à tétines qui a traversé les époques à bord d’une machine à remonter le temps, et qui a ramené une gigantesque pizza aux membres, tout juste avant de se faire décapiter par Vulvatron et Blothar, qui lui ont arraché le visage et les deux yeux, avant de jouer au ballon poire avec son cerveau! Aussi, vers la fin du concert, un géant d’au moins 9 pieds de haut a fait son entrée sur scène, avec ses longs bras de pieuvre, et encore une fois les membres de Gwar se sont occupés de lui faire sa fête: tête décapitée, coup d’épée dans les yeux et déversement de sang qui gicle partout.
Avec tous leurs costumes et tout l’attirail d’armes et d’accessoires, de la tronçonneuse à la chaîne de métal, de la hache à la seringue, de l’épée à la masse d’armes, de faux accessoires évidemment, force est d’admettre que dans toute son absurdité, Gwar reste un de ces rares groupes qui a réussi à créer un buzz autour de son image et de ses mises en scène pour le moins remarquées. Si musicalement le produit souffre un peu, il reste qu’il faut au moins avoir vu Gwar une fois dans sa vie avant de tirer sa révérence.
American Sharks et Corrosion of Conformity
Deux trios américains se sont partagé la scène tout juste avant l’arrivée des excentriques Gwar. Tout d’abord, c’est la formation American Sharks originaire d’Austin, au Texas, qui a présenté son répertoire heavy métal, dans lequel on retrouvait un concentré de rythmiques aux racines purement rock. De leur prestation énergique, on retient la dose d’énergie qui circulait entre les rares spectateurs présents et le groupe, qui a certainement livré la marchandise. Puis le groupe Corrosion of Conformity a succédé à American Sharks et présenté un aperçu de sa discographie, livrant une dizaine de pièces qui semblaient cependant calquées sur le même canevas. Pesante, la guitare électrique occupait tout l’espace, accordant une présence infime au chanteur et bassiste de la formation, qui avait l’air d’un savant fou avec sa coupe de cheveux à la Christopher Lloyd dans Back in the Future. En somme, la foule s’est fait servir une recette «défoulante» qui ne réinventait toutefois pas la roue.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Fly Now
2. Madness at the Core of Time
3. The Years Without Light
4. Hail, Genocide!
5. Techno's Song
6. Tormentor
7. I, Bonesnapper
8. Black and Huge
9. Hate Love Songs
10. Saddam a Go-Go
11. Bloodbath
12. Horror of Yig
13. Metal Metal Land
14. Let Us Slay
15. Mr. Perfect
16. U Ain't Shit
Rappel
17. The Road Behind
18. West End Girls (Reprise de Pet Shop Boys)