Les grosses pointures du métal Neurosis et Converge au Métropolis de Montréal

Après Amenra en première partie, le groupe américain de métalcore Converge est arrivé sur scène pour un set assez intense. Pionniers du genre, ils mélangent adroitement le punk hardcore et le métal, bien qu’en concert ce soit vraiment l’attitude punk qui soit ressortie. La performance était efficace et intense, et le chanteur, résolument punk, tant dans sa gestuelle que dans son look, a été engageant avec la foule.

Et, musicalement, ça a bûché. On ne fait pas dans le gentil ici. La musique est agressive, voire violente. Et à voir le trash pendant la prestation, elle sert d’exutoire à bien des gens. Mais le genre a semblé plaire autant aux fans de métal que de hardcore. D’ailleurs le chanteur a alterné très habilement entre le chant métal et celui plus punk. La batterie est peut-être l’instrument qui sonne plus métal même si, vers la fin, le rythme s’approchait plus du hardcore. L’énergie de leur performance se ressentait jusque dans l’auditoire; c’était parfait pour faire sortir le méchant.

Puis, avec l’arrivée de Neurosis, on a compris qu’on s’en allait complètement ailleurs. Même si le groupe a débuté en faisant du hardcore (ça fait quand même plus de vingt-cinq ans de cela…), dès les années 1990, ils se sont dirigés vers d’autres types de musique pour créer leur propre son. On pourrait les qualifier d’ancêtres du post-métal. C’est un amalgame de textures, une superposition de sons, que ce soit de voix ou d’instruments, mais le tout d’une façon très bruyante.

En fait, on serait tenté de dire qu’on a assisté à un concert de métal expérimental, mais plutôt sur le fond que sur la forme. Le groupe est arrivé sur scène sans décor, sans flaflas; les membres sont apparus tous alignés à l’avant de la scène, sauf pour le batteur, en retrait. De chaque côté de sa batterie, une belle rangée d’amplificateurs, telle une cloison, qui a plus tard fait office de mur de son. Les éclairages, souvent aussi nus que le décor, alternaient entre des spots blancs crus et une lumière bleutée.

Neurosis s’est, comme à son habitude, promené à travers les genres musicaux et a joué avec les textures sonores toute la soirée. Entre les pièces, à chaque fois dans un black-out quasi total, sauf pour les nombreuses pédales éclairées d’un spot blanc cru, la musique entendue, surtout électronique, flirtait avec l’ambiant. Soudainement et parfois subtilement, on entrait dans le cœur des morceaux, les guitares, la batterie, la basse et les voix métal en avant-plan. D’ailleurs, les guitaristes et principaux chanteurs ont alterné ou chanté ensemble, le vocal ajoutant une couche aux textures musicales.

Neurosis fait dans le métal lent, voire atmosphérique. Tout le concert s’est déroulé sans un mot de la part des membres du groupe, sans vraiment d’arrêts entre les morceaux, alors que l’électro minimaliste prenait sa place dans un crescendo d’une bonne heure et demie. Petit à petit, les feedbacks se sont accumulés, les guitares sont devenues plus bruyantes, la batterie s’est accélérée pour culminer dans un magma de sons, mais toujours cohérent. Vers la fin, ça rentrait sérieusement.

Et même si on pourrait contester le choix pour ces deux formations assez différentes dans leur son et l’ambiance qu’elles créent de tourner ensemble, ce concert en deux temps en était tout de même un excellent.