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Crédit photo : Julien Mignot
Organisant la représentation comme une grande pièce de théâtre dans laquelle le public interprétait «les rôles secondaires», c’est sur la pièce «Au théâtre» que Grand Corps Malade et ses musiciens ont ouvert ce spectacle. Ont suivi «Les lignes de main» et «Roméo kiffe Juliette», dont les thèmes s’harmonisaient justement avec ce concept théâtral.
Entre les «Funambule», «Le manège» et «Le bout du tunnel», le slameur de Saint-Denis y est allé de quelques plus anciennes compositions, notamment la très jolie «Comme une évidence», ainsi que «Rencontres» et «Mental», pour ne nommer que celles-là. Après un texte inédit, récité seul sur scène – «c’est le temps de mon monologue. Les musiciens, je vous demanderais de me laisser un peu d’intimité, s’il vous plait!» –, il y est allé d’un duo plutôt particulier, sur le texte «Course contre la honte». Sur l’album, la pièce est interprétée en duo avec le comédien Richard Bohringer. Hier soir, c’est plutôt un enregistrement de la voix de Bohringer qui a envoûté le public pendant quelques minutes.
Vers la fin du spectacle, Grand Corps Malade nous a offert un charmant moment en récitant une conversation à laquelle il avait pris part. «La personne avec qui j’ai eu cette conversation ne pouvait pas être ici ce soir. En fait, il ne sait même pas que j’utilise cette conversation sur scène. Mais je vous jure qu’il est réellement l’auteur de toutes ces lignes. Je ne pense pas que ça le dérangerait vraiment de toute façon, il n’a que quatre ans!», a-t-il rigolé avant de réciter une conversation qu’il a eue avec son fils, visiblement en pleine phase du «pourquoi»!
Choix intéressant: il a terminé le spectacle avec «Du côté chance», «un texte écrit à la fin de la première tournée, pour expliquer un peu ce qu’on venait de vivre. Mais après la première tournée, il y en a eu une deuxième, puis une troisième. Et maintenant nous sommes en plein dans la quatrième. Et ces mots s’appliquent toujours autant.» Quand le public se lève spontanément trois fois plutôt qu’une pour l’applaudir (à la fin du spectacle, au milieu du rappel et à la fin du rappel), et que dans les paroles l’artiste mentionne tous les spectacles présentés, «de Saint-Denis à Montréal», cette chanson prenait effectivement tout son sens.
En guise de rappel, Grand Corps Malade a bien évidemment interprété la chanson «À Montréal», a cappella cette fois-ci, suivie de la très belle «Les voyages en train», une pièce de son premier album Midi 20. Et après «La tête, le cœur» et «Tant que les gens font l’amour», il a réellement conclu cette soirée avec «Inch’Allah», une pièce généralement chantée en duo avec Reda Taliani, remplacé cette fois-ci par Feedback, son percussionniste et «fidèle complice depuis le tout premier spectacle».
Pas de doute, le charme de Grand Corps Malade opère toujours au Québec, «à six mille bornes de chez [lui]», où il est encore pour quelques jours à peine, avant de revenir dès l’automne prochain! Ne perdez pas de temps, courrez-y!
Queen Ka
C’est la poésie noire de Queen Ka qui a ouvert la soirée au Théâtre Maisonneuve. Les textes, récités comme des monologues de théâtre, mais soutenus par un dense univers musical, sont notamment co-signés par Yann Perreau, Marie-Jo Thério ou Jorane. Queen Ka, dont l’album Les éclats dépareillés sortait justement hier, est sans aucun doute une artiste d’une grande profondeur, dont le discours mérite d’être écouté, mais dont le ton alarmiste et décalé ne se prête pas tout à fait à une première partie d’un spectacle à la Place des Arts. Entre la poésie de Queen Ka et le slam chanté de Grand Corps Malade, la marge est malheureusement un peu trop grande.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Au théâtre
2. Les lignes de main
3. Roméo kiffe Juliette
4. Funambule
5. Comme une évidence
6. Texte inédit
7. Rencontres
8. J’ai mis des mots
9. Pause
10. Le manège
11. Mental
12. Course contre la honte
13. Le bout du tunnel
14. Les cinq sens
15. Pièce inédite/conversation avec son fils
16. Du côté chance
Rappel
17. À Montréal
18. Les voyages en trains
19. Ma tête, mon coeur
20. Tant que les gens font l'amour
21. Inch’Allah