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Crédit photo : Béatrice Flynn
«Il n’était pas fou, mais intelligent. Et juste assez intelligent pour faire preuve de folie»
À l’instar de son atelier qui referme autant de trésors que la caverne d’Ali Baba, comme l’a affirmé Suzanne Guy, réalisatrice du documentaire «François Morelli, l’artiste», la vie artistique de ce dessinateur, sculpteur et graveur fut marquée par une démarche polyvalente et de nombreux voyages ayant forgé sa pensée et sa démarche artistique. Isabelle de Médius, directrice artistique et générale du 1700 La Poste, ne s’est pas gênée pour affirmer qu’elle a été «impressionnée par l’aspect incarné et l’étude du corps et de la peau», de même que par le «rapport à l’historique et à l’anthropologie de l’image qui s’entremêlent» que l’on retrouve au cœur de ses œuvres picturales.
Volonté de raconter par le dessin
En soi, l’univers de François Morelli est fascinant et polymorphe, car l’artiste en lui a depuis toujours été habité par cette envie irrépressible de s’essayer à différentes formes d’expression, que ce soit au dessin à l’encre ou au tampon encreur, à l’acrylique, à la gravure, à la sculpture, à l’aquarelle, à l’art performance dans la rue, à l’installation in situ, et on en passe.
Cet homme aux multiples chapeaux a, par ailleurs, voyagé à travers le globe pour «vivre en tant qu’artiste au cœur de la mouvance du moment, avoir des échanges avec d’autres artistes, pouvoir contempler les maîtres dans les musées et étudier leurs œuvres en les intégrant par le dessin», a-t-il confié à Mme de Médius, en préface du magnifique livre d’art illustré en vente sur place.
Ainsi, l’exposition qui s’offre à votre regard au 1700 La Poste a été l’occasion toute spéciale pour Isabelle de Médius de «cibler son travail et surtout de le mettre de l’avant». C’est une rétrospective des quarante dernières années durant lesquelles François Morelli est devenu, on pourrait le formuler ainsi, le porte-étendard du dessin mettant en relief le traitement du corps biologique dans l’image. Le papier, par ailleurs toujours finement choisi durant ses multiples pèlerinages, devient corps et chair sous sa main. D’ailleurs, François Morelli «investit le corps comme sujet d’étude tant au niveau personnel qu’au niveau social et historique».
Plus d’une cinquantaine d’œuvres s’offrent au regard
Certes, vous ne serez pas en reste dès votre arrivée dans ce lieu paisible de la rue Notre-Dame Ouest.
Au rez-de-chaussée, vous pourrez admirer dix-sept pièces au total, dont ces grands dessins quasiment organiques faits à l’encre et au tampon encreur sur papier, ou encore son Escadron de métal, oreiller de coton et plumes, datant de 1997. Au fond de ladite salle, vous tomberez sur Belthead I, de 1998, une installation faite de ceintures recyclées et de rivets. Ici, Morelli lui-même nous a exposé la notion de performativité au cœur de sa création, laquelle fait penser à un ventriloque, ainsi que son désir, bien à lui, de faire ressortir son génie artistique, de l’extérioriser.
À la mezzanine, après avoir monté un petit escalier, vous y retrouverez une série de dessins, pour la plupart créés en trois mois, où l’intérêt de l’artiste pour le papier indien est évident. Pour lui, cette recherche et cette curiosité pour le matériau lui ont permis «de découvrir différentes surfaces qui ont pour effet de réagir différemment». Puis vous pourrez aussi admirer, tout au bout, des copies de ses cahiers journaliers où il a tant dessiné.
Au sous-sol, dix-sept œuvres, créées de 1980 à aujourd’hui, vous y attendent, que ce soit des dessins faits au fusain sur papier, à l’encre acrylique sur papier, ou encore à l’aquarelle sur papier St-Armand. Ainsi, vous pourrez replonger dans ses années à Manhattan, avec quelques créations à l’aquarelle jamais montrée publiquement.
François Morelli a suivi toute sa vie cette vocation qu’il a eue très tôt pour l’art en gardant en tête la maxime «Fais ce que tu fais parce que c’est important de le faire». C’est donc ce qu’il a fait avec passion et détermination, et c’est la raison pour laquelle nous vous invitons, à votre tour, à venir découvrir l’univers fascinant de ce créateur tout aussi fascinant que son art.
L’exposition «François Morelli» a lieu du 6 octobre au 17 décembre au 1700 La Poste (1700, rue Notre-Dame Ouest). Les heures d’ouverture sont du mercredi au dimanche de 11h à 18h. Pour plus d’information, consultez le http://1700laposte.com.
*Cet article a été produit en collaboration avec Rosemonde Communications.
L'événement en photos
Par Guy L’Heureux (oeuvres) et Alain Lefort (1700 La Poste)