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Crédit photo : Quatuor Bozzini
*Cet article a été commandité par Groupe Le Vivier.
Au bout du fil, Stéphanie nous explique pourquoi ça peut être intéressant pour le spectateur d’avoir deux écoutes d’une même pièce pendant un concert. «Quand on va à un concert, on ne va pas se souvenir de tout. Il y a certaines choses qui vont nous marquer, d’autres qu’on va oublier. Lors de la deuxième écoute, on est plus familier avec le matériel, et on peut se laisser surprendre par des choses qu’on avait manquées la première fois.» C’est une chance pour le public d’approfondir son appréciation d’une pièce, mais c’est aussi une chance pour les musiciens de revisiter des oeuvres qu’ils ont déjà jouées.
«En musique de création, on joue généralement une seule fois nos concerts. C’est assez difficile à reprogrammer, parce que les gens aiment beaucoup la nouveauté. Nous, ça nous tient à coeur de pouvoir reprendre les pièces, de les approfondir et de les amener à un autre niveau.»
Entre la première et la deuxième écoute, le public aura droit à un petit intermède au cours duquel deux intervenants mettront l’oeuvre en contexte. «C’est comme une mini conférence. Une musicologue, Emmanuelle [Majeau-Bettez], va faire une entrevue avec Isak [Goldschneider], qui dirige une série de concerts ici à Montréal», raconte Stéphanie. «Il a collaboré avec la compositrice lors de la création de l’oeuvre. Normalement, on aime quand les compositeurs sont présents, mais Cassandra est à Londres en ce moment, donc ce n’était pas possible.»
L’oeuvre que le quatuor va présenter pendant ce concert, Warblework, est une commande qu’ils avaient passée à Cassandra et qui était présente sur leur album À chacun sa miniature (2011). La pièce dans son entièreté a été enregistrée sur leur récent album About Bach (2018), paru sur l’étiquette britannique Another Timbre. «Elle nous a écrit une pièce en quatre mouvements, et ces quatre mouvements-là sont basés sur des chants de grives. Elle a utilisé leurs chants et elle les a ralentis, puis retranscrits presque littéralement, explique-t-elle. Ça va vraiment bien avec des instruments à cordes. Les cordes ouvertes ont tout un spectre de notes qu’on appelle les harmoniques, qui sont naturelles. Ces chants d’oiseaux là avaient la même série d’harmoniques.» Ces chants rejoignent donc, quelque part, les sonorités naturelles que l’on entend chez les instruments utilisés par le quatuor.
«C’est très mélodieux sans être de la musique facile. Le concept a une certaine complexité, mais le résultat est vraiment très accessible, affirme Stéphanie. Il n’y a pas de rigidité dans cette musique. Comme interprètes, nous avons une certaine marge de manoeuvre pour choisir comment la forme va se développer. L’oeuvre est donc interprétée un petit peu différemment chaque fois.» La musicienne fait aussi un lien entre l’ouverture de l’oeuvre et les oiseaux, qui se répondent entre eux dans la nature… de toute beauté!
L’oeuvre Warblework de Cassandra Miller sera présentée le 10 décembre 2018 à la Chapelle historique du Bon-Pasteur (100, rue Sherbrooke Est, Montréal) à l’occasion de la série de concerts «Focus» du Quatuor Bozzini.
Au programme:
- 1. Swainson’s Thrush
- 2. Hermit Thrush
- 3. Wood Thrush
- 4. Veery