«Fente-toi!» et «Dans le cercle» présentés par Tangente – Bible urbaine

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«Fente-toi!» et «Dans le cercle» présentés par Tangente

«Fente-toi!» et «Dans le cercle» présentés par Tangente

Le désir d’aller au-delà de ses limites corporelles

Publié le 11 novembre 2012 par Caroline Lévesque

Crédit photo : www.tangente.qc.ca

Le diffuseur Tangente présente actuellement au Monument-National les toutes dernières créations en matière de danse contemporaine: Fente-toi! d’Isabelle Boulanger ainsi que Dans le cercle de Sarah-Ève Grant. Des œuvres inscrites dans deux univers diamétralement opposés desquels on en ressort avec un même constat: le désir d’aller au-delà de ses limites physiques est souffrant et nous ramène à notre humanité.

La chorégraphe Isabelle Boulanger revient en force avec son dernier projet après avoir présenté l’an dernier sa création dans le cadre du spectacle Danses buissonnières — Classe 2011 au Monument-National. À travers la danse de ses huit interprètes, on ressent une signature bien précise dans sa démarche chorégraphique, notamment par le nombre de personnes sur scène, une musique électronique entrainante et un aspect global bien léché, comme dans un vidéoclip… Un bonbon visuel et bien accessible pour les néophytes de la danse contemporaine.

La chorégraphie, d’une durée de 30 minutes, met en scène sept interprètes qui dansent avec des mouvements durs, carrés, à la façon d’un entraînement militaire par certains moments. La chorégraphie est inspirée de l’univers du sport et des répétitions de mouvements qu’on peut retrouver dans l’exercice de certaines disciplines. Il y a un but à atteindre, une certaine idée du dépassement de soi qui s’articule habituellement dans les mouvements athlétiques et que la chorégraphe est allée capter pour les bienfaits de son œuvre. L’esprit de compétition entre sportifs est habilement démontré, et des touches humoristiques enrobent agréablement l’œuvre. L’essoufflement et l’épuisement physiques des danseuses sur scène font partie du tout et ne sont pas négligés dans cette chorégraphie, ce qui démontre ce côté souffrant de l’effort.

Dans le cercle de Sarah-Ève Grant

Quant à la performance Dans le cercle, de la chorégraphe Sarah-Ève Grant, on entre dans un univers qui peut avoir, à certains égards, un effet méditatif et apaisant sur le spectateur, dû au travail scénographique et aux éclairages sur la scène, qui jouent pour beaucoup dans l’ambiance recherchée. Le public est disposé directement sur la scène autour des deux chorégraphes qui commencent leur performance à l’intérieur d’un cercle créé par un halo de lumière opaque. Le public pourrait croire à un mince filet provenant du plafond, et c’est à se demander si les deux chorégraphes peuvent en sortir… L’effet est définitivement réussi. Une musique aux sonorités de gouttelettes vient appuyer la scénographie, et la musicienne et comédienne Florence Blain apparaît jouant du hautbois, qu’elle fait tournoyer et danser. Les notes de musique se nivellent et se transforment au fil de ses mouvements, celui-ci étant aussi amplifié dans un microphone disposé au milieu de l’aura de lumière. Bien qu’elle prenne quelque temps avant de s’installer et de capter toute notre attention, la performance tend à vouloir recréer la dangerosité et le sentiment de souffrance à la fois. Parce que danser, c’est tellement physique que c’est souffrant par moments. Une œuvre agréablement belle dans laquelle les émotions sont interprétées avec nuances par les danseuses.

Ces deux œuvres viennent souligner d’un grand trait l’aspect confrontant du corps, ce qui rappelle la vulnérabilité de l’être humain et ses limites corporelles. Elles sont des joyaux artistiques pleins d’humilité. Un baume en ce mois de novembre frisquet et terne.

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