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Crédit photo : Ariane Kis – Avec EWERX, Diagraf et Wiklow
Passer une soirée à la SAT, c’est déjà une expérience en soi. L’institution est continuellement habitée d’esprits créatifs et prolixes, et semble vibrer vingt-quatre heures sur vingt-quatre au rythme des nombreux évènements, animations et ateliers proposés à un public curieux de découvrir ce que nous réservent les nouvelles technologies, du plus néophyte au plus geek. Au troisième niveau de l’établissement, la Satosphère accueille les visiteurs pour un voyage ultra-sensoriel et hors du temps.
En première partie de soirée, le spectateur est invité à s’installer confortablement sur l’un des coussins géants de la Satosphère, de préférence en position allongée, pour mieux profiter du spectacle. Liquid Architecture propose une virée architecturale à travers les dimensions, augmentant et déconstruisant les perceptions et les perspectives.
Là où l’on pourrait être effrayé par l’aspect technique de la proposition, l’expérience nous surprend avec une poésie de lumières sensible et douce. Dans un ciel étoilé scintillant, les lignes se tendent vers l’infini, devenant des branches, des arbres ou un dédale de veines palpitantes. Wiklow, Diagraf et Ewerx déconstruisent notre monde tel que nous le connaissons pour ouvrir notre imaginaire vers de nouveaux cieux.
On se surprend à laisser aller notre esprit dans cet espace sans fin qui s’offre à nous. Il n’est pas question ici de suivre la logique d’un conte ou de se projeter dans une histoire. Au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans l’expérience, il devient évident que la technique des scans 3D de monuments historiques utilisée pour produire ce film n’est en aucun cas une fin en soi. Elle est un outil inattendu employé pour créer une nouvelle dramaturgie qui téléporte le spectateur à l’intérieur de lui-même.
On entre en méditation, doucement, sans s’en apercevoir, jusqu’à la réapparition du concret. Les formes connues à l’aspect 3D brut nous font soudain redescendre sur terre et le voyage perd malheureusement de son intérêt.
Une seconde projection est également présentée par la SAT, à voir séparément ou couplée à la première. Hyperform est une œuvre déroutante, à la fois rebutante et absolument séduisante. Son démarrage rassemble tous les clichés du grand public sur les films numériques. Une vague bleue et rouge ondule violemment sur fond de basses assourdissantes, rappelant furieusement l’écran d’ambiance de Windows Media Player sous XP.
À la limite du supportable, les premières minutes du film feraient presque fuir. Quand, soudain, la vague se transforme en fumée, les basses se taisent et le voyage peut enfin commencer. L’onde lumineuse tourbillonne délicatement autour d’un trou noir, accompagnée d’une mélodie numérique particulièrement émouvante composée par Max Cooper. À la frontière du film et de la peinture, l’expérience devient métaphysique et même thérapeutique.
Pour peu que l’on soit capable d’un minimum de lâcher-prise, ces deux projections vous inviteront à vous perdre pour mieux vous retrouver.
L'événement en photos
Par Ariane Kis – Avec EWERX, Diagraf et Wiklow
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