Esmerine au musée d'art contemporain de Montréal – Bible urbaine

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Esmerine au musée d’art contemporain de Montréal

Esmerine au musée d’art contemporain de Montréal

Voyage minimaliste vers Byzance

Publié le 6 juillet 2014 par Charlotte Mercille

Crédit photo : Marie-Claire Denis

La formation montréalaise Esmerine a donné hier soir le premier d'une série de deux concerts présentés dans l'intimité tamisée du Musée d'art contemporain (MAC). Avec leur plus récent album Dalmak, le groupe de musique de chambre moderne offre à ses auditeurs un voyage en terre d'Orient semblable à celui qui leur a inspiré le titre d'une richesse unique en fusion instrumentale et harmonies créatives. Le concert de ce soir complète la participation du groupe au Festival international de Jazz de Montréal ainsi que leur tournée internationale entamée l'année dernière.

Dalmak est un mot d’origine turc voulant dire «immense». Il peut aussi signifier «se plonger dans», «contempler» ou «s’absorber», l’effet exact engendré par la performance d’Esmerine. Leur dernier album a été enregistré entre Istanbul et Montréal, ajoutant aux partitions minimalistes des artistes un folk turc aux mille parfums et brumes qui percent le brouillard de la nuit du désert.

Dès la première pièce «Learning to Crawl», les musiciens se sont complètement effacés derrière leurs instruments pour mieux les faire vibrer. Une lancinante vague de graves obsédante asséchés par les dunes parcourt chaque morceau pour faire de la prestation un tout uniforme. «Translator’s Clos» comporte certaines similitudes sublimes avec le travail de percussions du compositeur de musique de film français Bruno Coulais (Le peuple migrateur, Les rivières pourpres). L’oeuvre du percussionniste Bruce Cawdron (Godspeed You! Black Emperor) se révèle pourtant unique pour la profusion de médiums et nuances rythmiques qu’il utilise tels que la derbuka épicée ou le marimba feutré.

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La berceuse Yavri Yavri sert son rôle; le violoncelle de Rebecca Foon plongeant progressivement le spectateur dans le rêve. Les colonnes de lumière et de fumée complètent l’incursion impromptue dans l’inconscient.

Au rappel, les halos de lumière dorée enveloppent les silhouettes des musiciens, rappelant le soleil cuisant surplombant les minarets de Byzance. Seul regret: le manque de projections visuelles pendant la performance qui aurait permis d’utiliser l’espace du MAC à son plein potentiel et de s’immerger encore plus dans toute la beauté des compositions du groupe.

Avec cette remarquable prestation, Esmerine est une découverte fascinante de la scène émergente, bien qu’ils y soient présents depuis déjà une dizaine d’années. Comme beaucoup d’autres artistes se produisant au Festival de Jazz cette année, Esmerine ne se veut pas jazz à proprement dit, mais s’imprègne de certains de ses principes de base: le groupe se réinvente et sa musique s’improvise incessamment.

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L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. Learning to Craw

2. Barn Board Fire

3. Translator's Clos

4. Yavri Yavri

5. Lost River Blues

6. Histories Repeating as One Thousand Hearts Mend

Rappel

7. Dog River Suite

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