SortiesHumour
Crédit photo : Christian Bonneville et Jean-Philippe Thibault
Lui qui avait tenté sa chance pour entrer à l’École nationale de l’humour en tant qu’auteur, a finalement pris la route de la performance sur scène en tant qu’humoriste. S’il n’avait pas choisi cette voie, il aurait sûrement été… gardien de zoo.
Mercredi dernier c’était ta première montréalaise. Est-ce que ça s’est passé comme tu l’avais imaginé?
«La foule était super chaleureuse et dynamique. C’est une salle que j’aime beaucoup, le Gesù. Pis je suis content de la façon que je l’ai livré, c’est ça qui me stressait le plus! J’ai travaillé fort pis je suis rendu là dans mon processus.»
À ce moment, il s’octroie une note et se donnerait un 8,5 sur 10 pour sa rentrée montréalaise, présentée le 11 novembre dernier. Au passage, il souligne que la réaction de son public était trippante et que ça lui donnait une dose d’énergie décoiffante. Il est modeste, ce Jean-Thomas!
Il y a 5 ans, tu as présenté le spectacle Soulever des Corneliu (2010), qui avait suscité moins de curiosité de la part du public que ton premier one-man-show. Est-ce que c’est une peur que tu as éprouvée avec celui que tu viens de sortir?
«Je pense que mon premier spectacle était épuré pas mal. Il y a bien des curieux qui sont venus et qui ont faite: “Ce n’est pas pour moi”. Quand la tournée a été lancée, c’était un spectacle qui marchait mieux que le premier en salle, au prorata du monde qui était là.»
Donc le public connaissait mieux ton humour…
«Il y avait moins de curieux, moins de: «Je m’en viens explorer». Le monde était apprivoisé, alors non, je n’avais pas de craintes. Ce spectacle-là est un petit peu plus proche de ce que je suis, de ce qui me fait rire, moi dans la vie. Mon personnage de scène est un peu plus tamisé.»
Alors il te ressemble plus (le spectacle)?
«C’est lui qui me ressemble le plus des trois, c’est certain […] il y a des choses que je raconte à propos de mes parents. J’ai encore des bouts déjantés, car c’est moi, ça. Dans mon premier show, j’avais un personnage plus stoïque, plus froid, mais ce qu’il disait c’était moi qui l’avais écrit. Ça vient donc un peu de la même tête (rires).»
Nous lui avons demandé si, avec ce nouveau spectacle, nous sommes en mesure de mieux comprendre ce qui se passe dans le monde et dans la tête de Jean-Thomas Jobin. Il nous a avoué que oui, mais plutôt dans son monde réel. Comme quoi il y a encore plusieurs choses à découvrir de lui…
Dans tes mots, peux-tu nous expliquer ce qui a évolué depuis ton dernier spectacle?
«Un moment donné, quand tu fais de l’humour, le but c’est de toujours continuer à surprendre les fans. S’ils devinent trop les patterns ou qu’ils savent trop où tu t’en vas, ils rient moins parce que l’humour c’est un effet de surprise. Je voulais arriver avec une nouvelle approche.»
Il nous rassure en affirmant qu’il ne s’est pas du tout dénaturé. Ses admirateurs vont être en mesure de le reconnaître à coup sûr, mais d’une façon plus accessible, avec un petit côté complice. Il nous invite à faire le spectacle avec lui et le vivre en simultané, voire en symbiose.
Plus précisément, qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de cette évolution?
«Dans mon deuxième spectacle, je l’avais déjà commencé un peu. J’avais un numéro où je parlais de mon chat. Il y avait des affaires basées sur plein de choses vraies: je l’avais vraiment appelé Bébé chien –maintenant remplacé par la magnifique Papa prune- et il avait vraiment 18 ans. il est mort à 20 ans. Les numéros marchaient et je me disais que ça pouvait être une approche intéressante. Mon personnage de scène se dévoile plus, maintenant.»
On a alors appris que le barbu du duo comique Les Denis Drolet lui aurait dit, lors de sa première montréalaise, que c’était son spectacle le plus proche de ce qu’il est et le plus fou. Ils ont d’ailleurs diplômé ensemble, en 2000. L’humoriste reconnaît un changement dans l’approche qu’il utilise pour amener ses gags à son public et s’exclame: «Je l’sais que j’dis des osties de niaiseries»! Il se proclame lui-même comme le plus déjanté de sa famille.
Puis on s’est permis quelques questions un peu plus intimes, pour connaître davantage ce grand de l’humour. Il a affirmé ne pas avoir de rituel quelconque avant chaque prestation. Par contre, il a souligné que son éclairagiste, qui l’accompagne depuis le début de sa carrière, lui apporte un certain calme rassurant. Comme il dit: «Son visage m’apaise».
Si Jean-Thomas Jobin pouvait voyager dans le temps, il irait profiter d’un vieux match de baseball des années 20. Grand admirateur de ce sport, il n’y aurait rien de moins que le retour des expos pour lui faire plaisir (à qui la chance?). De plus, il conseille aux personnes qui se retrouvent perdues au sein de son humour de «mettre leur cerveau à off». C’est judicieux lorsqu’on veut se laisser emporter dans son monde. L’absurdité est une chose impalpable, une vraie blague.
En terminant l’entrevue, nous avons demandé à l’humoriste ce qu’il aimerait dire à ceux et celles qui hésitent encore à venir délirer avec lui: «Venez tenter le diable». Oui, monsieur!
Jean-Thomas Jobin sera sur scène pour son nouveau spectacle Apprendre à s’aimer de nombreuses dates à la fin 2015 et au courant de l’année 2016. Pour traverser le mur du 2e degré, c’est ici: www.jeanthomasjobin.com/spectacles.