Entrevue avec Claudia B. de Bijoutia – Bible urbaine

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Entrevue avec Claudia B. de Bijoutia

Entrevue avec Claudia B. de Bijoutia

De la matière récupérée qui se transforme en bijoux d'exception

Publié le 7 juillet 2014 par Romi Quirion

Crédit photo : Romi Quirion

C'est lors de la deuxième édition du Salon Bijou Bijoux, qui se déroulait au Marché Bonsecours, que nous avons rencontré l'intense Claudia B. qui revalorise les matières délaissées telles que les ordinateurs, les ustensiles ou les anciennes pièces de Scrabble, par exemple. La créatrice conçoit des pièces uniques tout en se renouvelant constamment, car ses œuvres vont au gré de ses émotions. Rencontre avec une femme inspirante qui partage de belles valeurs et qui s'implique dans sa communauté.

L’artiste écodesigner en est à sa deuxième participation au Salon Bijou Bijoux. Lorsque nous lui avons demandé pourquoi elle aime participer à ce rendez-vous pour amateurs de bijoux, elle explique: «Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui fabriquent des bijoux. Ça permet de voir la diversité de ce qui se fait autour de nous. De répondre aussi à tous les goûts. Il y a des gens qui vont créer avec la perle, certains qui recyclent et d’autres qui font des choses beaucoup plus élaborées. Ça permet vraiment de regrouper toutes les tendances qui se font en bijoux à Montréal.»

Cette femme impliquée socialement détient une maîtrise en neurosciences puisque ses parents ne croyaient pas qu’elle pouvait gagner sa vie en tant qu’artiste. En 2004, Claudia a fait une levée de fonds pour l’école de sa fille. En partenariat avec une joaillière, elle a monté un programme dans lequel elles vendaient des bijoux. En cours d’année, sa partenaire est partie, alors elle a pris le relais du projet. Cette expérience lui a donné la piqûre pour créer des bijoux chez elle par la suite.

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Bijoutia est né de l’urgence, car la propriétaire n’a pas fait d’étude de marché, elle ne s’est pas demandé si les gens aimaient son produit, s’il était viable… Elle a suivi son instinct et l’artiste précise qu’elle a été soutenue par son quartier, le Plateau Mont-Royal. Les gens lui conseillaient de vendre ses œuvres dans les boutiques. Les débuts ont été difficiles, confie-t-elle, car il y a eu beaucoup d’investissement. Elle possède plus de dix grosses machines dans son atelier, du matériel de base; on parle alors de sommes considérables. Depuis quatre ans, elle n’a plus de dettes et elle gagne bien sa vie.

La récupératrice compulsive adore donner une seconde vie à la matière: «C’est l’essence même de ma création. Ce que j’aime, c’est de sauver la matière, pourquoi, je ne le sais pas! Peu importe ce que je trouve, je vais le ramasser, le donner à quelqu’un, le faire circuler, le recycler… C’est toujours le défi d’aller plus loin. Quand on vient chez moi, c’est un chaos énorme parce que je ramasse, mais c’est dans ce chaos que je crée.»

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Celle qui fait des miracles avec le matériel récupéré mentionne qu’elle crée en fonction de ce qu’elle vit et de ses émotions: «L’inspiration vient de la vie, elle vient du quotidien. L’artiste et moi, on ne fait qu’un. Si j’ai de la peine, je vais créer des collections plus tristes. Quand mes enfants sont partis, j’ai créé une collection qui s’appelle “Sans compter”, c’est un cœur dans lequel il y a un trou. Ça représente l’amour que l’on donne inconditionnellement à ses enfants. Je crée pour les gens qui ont de l’émotion et chaque pièce est porteuse d’histoire.»

La propriétaire de Bijoutia a un contenant de recyclage en avant de chez elle pour permettre aux gens de venir lui porter de la matière. L’information circule sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup de bouche à oreille, donc elle récupère abondamment de matériaux désuets chaque semaine. Elle travaille avec Recyc-Ordi en leur donnant de la matière non utilisée pour ses créations une fois par mois. Les objets qui fonctionnent encore, Claudia les envoie, par exemple, à des organismes communautaires.

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En septembre, l’artiste verte a un projet avec neuf classes allant de la maternelle à la sixième année dans une école de Boucherville. Elle souhaite, avec l’aide des enfants, créer une forêt nommée «ArboR’escence», laquelle serait composée de dix-huit arbres en cyberdéchets détournés des sites d’enfouissement. La femme engagée fut inspirée par Wangari Maathai, qui a fondé le Mouvement de la ceinture verte en 1977. La Kényane, lauréate du prix Nobel de la paix en 2004, a planté sept arbres le Jour de la terre pour lutter contre la déforestation.

Le projet a germé parce que les touches d’ordinateur s’accumulent dans son atelier, les clients n’achetant que les messages (control, enter, delete, fin…). Avec le surplus de touches (les lettres et les chiffres), Claudia a eu l’idée de faire les arbres en cyberdéchets. Ses ateliers créatifs avec les jeunes durent six semaines pour qu’ils ne voient plus jamais le déchet de la même façon ensuite, pour changer les mentalités. Elle désire faire cette forêt virtuelle afin de sensibiliser les gens au sujet de la surconsommation: «Voulons-nous léguer à nos enfants une forêt de plastique?»

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Évènements à surveiller: Bijoutia sera à la semaine des Artisans de Laval, qui aura lieu du 6 au 10 août prochain, ainsi qu’au Grand Débarras à la fin août. Pour découvrir ses bijoux différents et écoresponsables, visitez sa boutique en ligne au bijoutia.com.

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