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Crédit photo : Mathieu Pothier
La soirée a commencé tout d’abord avec la prestation de Savannah Ré, bien accompagnée de DJ Rosegold. On pouvait saisir tout de suite l’intention de laisser place aux femmes qui utilisent leur musique comme arme d’indépendance. Des termes comme «égalité des sexes» étaient évoqués sans gêne; on appelait à la libération des dames.
Belle première partie groovy, donc, où je me suis laissée surprendre par l’enthousiasme de la foule, conquise dès le départ, qui connaissait toutes les paroles et la danse.
Ce n’était rien comparé, toutefois, à l’accueil réservé à la chanteuse principale. C’est au son des «Jessie! Jessie!», scandés à de multiples reprises, que l’artiste a fait son entrée sur scène. Cachée sous une casquette et un coton ouaté, elle a lancé, à ses fans en délire, la première chanson «Dear Yessie». Cette dernière était bien appuyée par un jeu de batterie solide et un éclairage coloré à en mettre plein la vue.
Et le feu ne faisait que s’allumer! Après s’être légèrement dévêtue, elle a balancé ses succès de manière explosive, criant et dansant sur scène. Elle l’a dit elle-même: «I know I have anger issues». Et c’est sur cette note qu’elle a animé le spectacle en entier. Une série de chansons, entrecoupées de confidences, de cris de rage et d’appels à l’amour de soi, mais surtout d’encouragements à l’accomplissement de ses rêves.
J’ai alors compris que la chanteuse, ayant fait son chemin de peine et de misère dans le monde du show-business, incarnait totalement son art. Elle a personnalisé chacun de ses airs, nous prouvant que ses paroles proviennent de faits autobiographiques directement connectés à son vécu personnel.
En effet, entre des anecdotes qui portaient sur ces difficultés à faire sa place en tant que femme dans le monde de la musique («Gatekeeper»), ses dépressions et la thématique de l’immigration, elle est passée d’un registre soul, R&B à électro-pop. Elle nous a même fait cadeau d’une douce chanson acoustique chantée en espagnol.
Soulignons sa voix teintée d’émotions, touchant une variété de notes, tantôt chaudes, tantôt aiguës, qui semblait provenir du plus profond de ses entrailles. Le tout accompagné par des musiciens (claviériste, batteur, guitariste et percussionniste) supportant avec brio cette énergie débordante.
Jessie Reyez ne fait rien à moitié. Elle nous a emmenés à prendre des grandes respirations tous ensemble et à extérioriser notre rage à l’aide de transes collectives. Ne s’essoufflant jamais, elle a fini aussi par bodysurfer. Et la foule était en délire! J’ai moi-même été témoin de brassières qui volaient jusque sur la scène!
Bref, l’artiste, récipiendaire d’un prix Juno (révélation), a un public fan d’elle et utilise cet amour réciproque afin de créer une bulle bien particulière.
Elle a terminé finalement le spectacle, en solo, sur sa plus connue «Figure», suivi d’un rappel où elle a arrosé le public d’eau, calmant de peine et de misère les braises d’un spectacle enflammé. Et tout le monde est reparti ravi de sa soirée.
Jessie Reyez, grâce à une authenticité surprenante, une intensité émotionnelle et une démarche artistique engagée, a donc réussi à livrer une marchandise musicale bien distinctive. Un concert qui fait réfléchir, qui donne le goût de vivre ses émotions à fond la caisse, et de faire sortir le méchant! Gracias señorita!
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de la rédaction