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«En vogue avec…» Annette Nguyen, fondatrice du Shwap Club pour les fashionistas aux valeurs éco-responsables
Troquer ses vêtements et être dans l'air du temps
Crédit photo : Iam Laury
Annette, je suis heureuse de faire ta connaissance! Peux-tu expliquer à nos lecteurs ce qu’est le Shwap Club que tu as lancé en 2018, et quelles sont tes valeurs et tes motivations derrière ce projet?
«Dans une autre vie, j’étais avocate. Je rencontrais des clients, j’allais à plusieurs 5@7 où il fallait looker. À l’époque, j’achetais déjà tous mes vêtements usagés, mais c’était laborieux en temps et ça devenait vite coûteux. Ben oui, même lorsqu’on achète usagé, la facture peut vite grimper! Je me disais qu’il devait y avoir d’autres femmes dans le même bateau que moi, alors pourquoi pas mettre en branle un lieu pour le troc de vêtements?»
«Les vêtements entrants seraient minutieusement choisis pour leur qualité et pour leur style, et on opérerait sur la base du un pour un. On partirait sur le concept de J’amène un morceau que je ne porte plus, je prends un autre morceau de mon choix. Voilà une façon efficace, responsable et peu dispendieuse de magasiner!»
«De fil en aiguille, j’ai réussi à bâtir une communauté de femmes aux besoins et valeurs similaires. Cette communauté est devenue plus importante que les trouvailles qu’on y fait au Shwap Club!»
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On voit que tu es vraiment dans l’ère du temps, puisque le concept du Shwap Club matche bien avec les valeurs de notre génération qui veut éviter le gaspillage et la fast fashion, notamment! Mais dis-moi, quels sont vos critères de sélection pour trouver le juste équilibre entre seconde vie des vêtements et propositions de qualité à vos membres?
«Bien que les critères de sélection au Shwap Club soient le style, la saisonnalité et l’état du vêtement ou de l’accessoire, la mode évolue à une vitesse folle, et la sélection de l’inventaire demeure un défi de taille.»
«La mode évolue d’une saison à l’autre et nous sommes toujours en perpétuelle quête d’amélioration pour mieux répondre aux besoins de notre communauté en se posant notamment des questions sur la pertinence des vêtements qu’on trie et ceux qu’on offre en boutique.»
«Une chose est sûre, les pièces “tendance” et les vêtements vintage en bon état sont nos choix de prédilection. Dès qu’on voit un morceau qui ne quitte pas nos boutiques après quelques semaines, on l’examine afin d’identifier le problème, on le retire et on s’interroge pour savoir si c’est un style qui correspond à notre clientèle. On se remet toujours en question!»
«Concrètement, la sélection de l’inventaire se fait en deux étapes. D’abord, on regarde le style et les marques. Est-ce une coupe actuelle? Est-ce une marque qui fonctionne bien ici? Est-ce que cette pièce se fera échanger? Pour faciliter cette étape, une liste exhaustive de nos marques préférées et à éviter est communiquée sur notre site web. Puis, une fois le style vérifié et approuvé, on regarde si la pièce est propre et si, surtout, elle est exempte de trous, de taches et de traces d’usure.»
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Et alors, est-ce un club réservé aux femmes, ou des vêtements et accessoires sont aussi disponibles pour les hommes et les enfants? J’aimerais également que tu me parles de l’ambiance qui règne dans vos clubs situés dans Saint-Henri et le Mile-Ex!
«Au début, on acceptait de tout, que ce soit des vêtements et des accessoires pour femmes, hommes ou enfants. Aujourd’hui, notre créneau s’est resserré et on cible uniquement les femmes et les enfants. Le portrait typique d’une shwappeuse est une jeune femme professionnelle âgée de 25 à 35 ans, jeune professionnelle et/ou jeune maman. Notre offre doit refléter les habitudes, passe-temps et styles de celles-ci. On fait des exceptions pour des pièces non-genrées ou pour des marques prisées comme Levi’s et Frank & Oak.»
«Côté ambiance, les boutiques se veulent chaleureuses et festives. On appelle nos membres par leur prénom. On aime leur jaser, potiner et prendre de leurs nouvelles. On organise même des soirées exclusives pour les membres, où elles sont toutes invitées. On a une communauté exceptionnelle et c’est bien ce qui fait la réussite de l’entreprise!»
Par ailleurs, j’ai cru comprendre que certaines marques collaborent avec le Shwap Club et fournissent des pièces de leurs collections aux shwappeuses – notamment atelier b ou Frank & Oak justement! Wow! Comment as-tu démarré ces partenariats, et en quoi ceux-ci donnent une belle valeur ajoutée à ton concept?
«Bien consciente que la Ville de Montréal regorge de talents et de designers locaux incroyables, j’ai eu envie de faire appel à eux dans l’objectif de réduire le gaspillage vestimentaire en récupérant leurs invendus. Conformément à la mission du Shwap Club, on encourage l’économie circulaire et on veut mettre en avant les entreprises d’ici qui ont un souci écologique et une ouverture pour une mode plus consciencieuse.»
«Dès qu’on reçoit une boîte en provenance de l’un de nos partenaires, on voit les yeux des shwappeuses s’illuminer et on s’attend à voir disparaître TOUS les morceaux dans les heures qui suivent. Ça crée un fort engouement et c’est vraiment agréable de pouvoir faire découvrir à notre clientèle des marques d’ici.»
«D’ailleurs, nous sommes toujours à la recherche de compagnies ayant des valeurs similaires aux nôtres et qui sont prêtes à collaborer avec nous!»
Au quotidien, quels sont les défis rencontrés pour une entreprise comme la tienne?
«Comme mentionné plus haut, c’est vraiment au niveau de la sélection de l’inventaire. Le goût étant une variable subjective, chacune des personnes dans l’équipe a son propre style, ses marques préférées et ses connaissances respectives dans le domaine de la mode. Il devient donc important d’avoir des lignes directrices claires et uniformes pour toute l’équipe en formant les employés sur les tendances actuelles et sur ce qu’on recherche en termes de morceaux et de style.»
«Un deuxième défi est lié à cette difficulté de sélection: les vêtements qui ne trouvent pas preneurs dans un délai de cinq semaines se retrouvent en donation. Des organismes viennent récolter des sacs de dons chaque semaine afin de leur donner une seconde vie. La gestion qui en découle peut devenir complexe s’il y a beaucoup de pièces qui n’ont pas fonctionné en boutique. L’espace pour entreposer ces “indésirables” nous manque et l’intérêt des organismes n’est pas toujours au rendez-vous pour des vêtements usagés.»
J’aurais une dernière petite question! Comment espères-tu voir le Shwap club évoluer et grandir, à court et moyen termes?
«Le Petit Shwap Club, un concept revisité et destiné uniquement aux enfants, a ouvert ses portes dans l’arrondissement de Verdun sur la rue Wellington! Nul besoin de troquer pour y dénicher des trouvailles, les items sont vendus au coût de 8 $ au grand public ou sont échangeables au prix de 3 $ et un crédit enfant pour les membres.»
«On y retrouve une sélection de vêtements et accessoires pour enfants âgés de 0 à 8 ans. L’intérêt pour le seconde main continue de monter en flèche. Le marché du vêtement usagé pour enfants est encore peu exploité dans les environs et on veut saisir l’opportunité.»
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«On cherche également à développer de nouvelles succursales dans d’autres grandes villes canadiennes. On reçoit régulièrement des demandes de la part d’intéressées pour ouvrir une boutique dans leur région.»
«D’ailleurs, spoiler alert: notre collègue Florence a comme futur projet d’ouvrir une succursale dans la Ville de Québec à la fin de ses études universitaires en mode. On n’en dira pas plus!»
Pour découvrir nos précédentes chroniques «En vogue avec…», visitez le labibleurbaine.com/En+vogue+avec…
Coordo et styliste des mots
Entre mode et musique, son cœur balance! Toujours créative, Mathilde aime jouer avec les mots. En fait, elle les manie tout en finesse pour interpeller le lecteur et lui partager ses deux grandes passions: la culture et le style.
Le Shwap Club en images
Par Iam Laury
