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Crédit photo : Mathieu Pothier
Arrivée avec une lanterne à la main comme seule éclairage, Emilie Kahn a suspendu ladite lanterne près d’Ogden (sa harpe) et elle, débutant doucement un morceau inédit à sa seule lueur, provoquant une expérience des sens complète: à défaut de bien voir, les spectateurs sont forcés de bien écouter. Puis, peu à peu, de doux faisceaux lumineux les ont délivrés de la noirceur, créant un numéro d’une grande beauté, avant que les musiciens de l’artiste la joignent sur scène pour «Long Gone», à la magnifique mélodie à la harpe. C’est aussi durant cette deuxième chanson que le public a eu droit à de magnifiques projections à l’arrière de la scène, recréant ici une forêt sombre et des branches d’arbre, nous plongeant dans une ambiance singulière, parfaite pour le morceau. Ces images, tout au long de la soirée, ont été imaginées par Mathieu Roy, aussi éclairagiste du spectacle.
D’une grande générosité et sans prétention, Emilie n’a pas hésité, durant toute la performance, à s’adresser longuement à son public, ici pour raconter son parcours et comment elle a commencé à jouer de la harpe, et là, pour présenter son instrument et son fonctionnement («c’est comme un piano, sans les touches noires!»), afin de démystifier le tout, car les gens sont souvent intrigués. Il y a de quoi être fasciné, car l’imposant instrument et la beauté de ses mélodies font effectivement toute la différence dans la musique d’Emilie & Ogden et lui donnent une couleur tout à fait unique. Et il est tout à fait judicieux, tout le spectacle durant, d’avoir conservé un support musical discret de la batterie (Francis Ledoux) et de la guitare ou basse (Dominic Lalonde), mais tout à fait essentiel et non négligeable, afin de garder néanmoins l’accent sur Emilie et sa harpe Ogden.
Ne passant pas à côté de sa reprise de «Style» de Taylor Swift, qui l’a bien fait connaître et qui s’est même rendue jusqu’aux oreilles de la chanteuse américaine, Emilie a également joué son album 10 000 au grand complet, n’ayant que ce matériel à offrir. Et c’est d’ailleurs à la chanson-titre, «Ten Thousand», qu’elle invita un quatrième musicien à se joindre à eux, Clément Leduc, aux claviers, pour donner encore un autre couleur à sa musique, ce qui donna un numéro d’une belle intensité, où chaque instrument est bien mis en valeur. Il s’agit d’un des morceaux qui fût très bien reçu par le public, tout comme «What Happened», pour laquelle elle a également pris le temps d’expliquer le tournage du vidéoclip réalisé pour cette chanson – son premier vidéo à vie. Une anecdote qui a bien fait sourire.
«Blame» a fait la part belle à la batterie, la belle «Go Home» a complètement changé d’ambiance en se montrant beaucoup plus lente et langoureuse, et «Hold Me Down» a impressionné avec sa finale en envolée instrumentale intense; malgré que la harpe soit l’élément central à toutes les compositions, Emilie & Ogden est capable d’une certaine diversité qui plait, et qui ressort davantage sur scène que sur disque. Mais on a aussi apprécié qu’elle se permette quelques périodes sans harpe durant «White Lies», permettant de s’impliquer davantage dans l’interprétation du morceau.
Finalement, c’est sur «Dream» qu’elle nous a quittés, seule sur scène avec Ogden, pour la pièce la plus intimiste du disque, après à peine une heure de spectacle, malgré l’enthousiasme des gens qui en auraient pris plus encore. Emilie ne s’est pas fait prier pour un rappel, mais «J’ai juste sorti un album à date, alors il me reste juste une chanson!», a-t-elle déclaré, presque à regret. Elle en aurait sans doute livré plus, si elle l’avait pu, et elle aurait continué de ravir, car son charme est aussi évident que celui de sa musique.
Charlotte Cardin
Assise derrière son clavier, bien droite, Charlotte Cardin a enfilé ses succès radios, «Big Boy» et la douce «Les échardes», cette dernière laissant paraître de beaux éclairages subtils ainsi que de belles nuances dans sa voix, avant de s’adresser au public de façon conviviale et tout à fait charmante. «On va continuer dans le thème love songs, si ça ne vous dérange pas!», a-t-elle lancé, rieuse, avant d’entonner la très touchante «Like it doesn’t hurt». Parfois un peu plus pop, parfois plus soul ou avec plus de groove, les compositions de Cardin ont toutes comme fil conducteur leur irrésistible sensibilité et une livraison très touchante.
Deux nouvelles compositions, «Paradise Motion» et «Since Seven», livrées pour la toute première fois sur scène, ont permis des performances très vraies et sincères, en plus de promettre un très bel opus à venir. En nous quittant, la jeune chanteuse n’a pas manqué de faire rire le public, invitant les gens à suivre ses actualités sur Facebook, et d’ajouter : «Vous pouvez aussi suivre mes musiciens sur Tinder.» Il n’y a pas à dire, il n’y a pas une once de prétention dans le travail de Cardin; son naturel et son charisme nous séduisent.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. (nouvelle chanson)
2. Long Gone
3. Closer
4. Nothing New
5. Babel
6. Style (reprise de Taylor Swift)
7. Ten Thousand
8. Blame
9. Go Home
10. What Happened
11. Hold Me Down
12. White Lies
Rappel
13. Dream