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Crédit photo : Gracieuseté OSM
Vendredi 12 août à 19 h – Le Quintette de Brahms: un chef d’œuvre
Cinq musiciens, dont Andrew Wan et Arabella Steinbacher, se sont réussis sur la petite scène de la Cinquième Salle de la Place des Arts pour interpréter un joyau du répertoire romantique allemand, le Quintette pour piano et cordes en fa mineur, op. 34 de Brahms. Ils ont livré une interprétation plutôt inégale et sans grande tension lyrique de cette œuvre reconnue comme complexe. En plus, quelques accrocs se sont fait entendre dans le premier et le troisième mouvement.
Bien que la chimie ait opéré entre les musiciens, qui n’hésitaient pas à se sourire ou à se lancer des indications tout au long du concert, il n’y avait pas beaucoup de travail d’équipe. Quelquefois, Steinbacher et Wan, deux violonistes certainement habitués à briller en solo, s’alternaient bizarrement la mélodie. Toutefois, on ne peut pas passer sous silence l’énergie et la fougue qui régnaient sur la scène, et ce, lors des moments plus lyriques du premier mouvement, l’Allegro.
Peut-être s’agit-il d’un avantage induit par une mauvaise acoustique de la salle, mais Gilles Vonsattel a particulièrement tiré son épingle du jeu lors du concert. D’ailleurs, son émotion s’est traduite dans son jeu dans le Scherzo: Allegro, pour le grand plaisir des spectateurs.
Vendredi 12 août à 20 h 30 – Bach et Brahms sous les doigts de Nelson Freire
Ce trop court concert fut indicible. C’est véritablement l’une des plus belles interprétations de Brahms qu’il nous ait été donné d’entendre. Une certaine magie s’est installée entre les spectateurs et le pianiste brésilien qualifié de «phénomène» par Le Figaro, car aucun son extérieur à la scène ne perçait l’univers de Freire.
Le pianiste a interprété en premier lieu un extrait de la Toccata en do mineur de Bach. Dès la première note, Freire a proposé un jeu à la fois assuré et doux. Son style est unique et incroyable.
On n’a dénoté aucune imperfection dans la Sonate pour piano no 3 en fa mineur op. 5 de Brahms. L’Allegro a été marqué par une grande douceur et par un poids marqué de la main gauche. L’Andante a été bellement mené, notamment dans l’espressivo. Par contre, il faut mentionner un grave problème avec les cordes du piano. Un certain bruit de frottement métallique s’est fait entendre durant tout le concert.
Samedi 13 août à 15 h – Airs d’opéra et mélodies avec France Bellemare
La soprano France Bellemare a présenté un condensé de ses meilleurs souvenirs du Concours Musical International de Montréal où elle a été lauréate en 2015. Volubile et très heureuse d’échanger avec les spectateurs triés sur le volet, la chanteuse lyrique a su démontrer son talent dans un répertoire assez vaste, passant de Poulenc à Dvorak.
En début de récital, Bellemare s’est attaqué à trois extraits des Banalités de Poulenc. On a remarqué un son bien rond et expressif. Les textes d’Apollinaire, qui ont inspiré Poulenc, sont absurdes et surréalistes. Cependant, on ne les a presque pas entendus. En effet, la prononciation de même que la projection ont fait défaut durant le récital, et ce, aussi bien en français, en italien ou en russe. Les courtes Ariettes oubliées de Debussy, ainsi que Les nuits d’été, op. 7 de Berlioz n’étaient pas aussi abouties que le Poulenc d’introduction.
Bellemare a livré une interprétation à la fois théâtrale et émouvante du Si, mi chiamano Mimi tiré de La bohème. D’ailleurs, la soprano mentionnait qu’elle chantera cet air dans la prochaine saison de l’Opéra de Montréal, en mai 2017. Il s’agit de son premier rôle dans une production lyrique.
Finalement, mentionnons au passage l’un des extraits des Six romances, op. 4 de Rachmaninov, qui a amené une touche dramatique dans le concert. L’extrait a confirmé encore une fois le génie de ce compositeur qui a composé une partition subtile et complexe au piano.
Samedi 13 août à 16 h 15 – Gregory Charles & Virtuoses: le spectacle
Il y en a du talent musical au Québec! Et, plusieurs de ces perles rares ont été découvertes à l’émission Virtuose présentée à la télévision de Radio-Canada en janvier 2016. Quelques lauréats et participants de l’émission, accompagnés de leur mentor, Gregory Charles, sont montés sur la scène de la Maison symphonique et ont vécu, peut-être, leur premier concert en salle.
Des différents participants présents, âgés entre 14 et 18 ans, l’interprétation d’Eva Lesage dans la pièce très complexe de Pablo de Sarasate Introduction et tarentelle a été supérieure. Malgré certains accrochages et coups d’archet involontaires, la jeune violoniste a impressionné les spectateurs. Par ailleurs, la véritable découverte du concert a été Emily Oulousian, lauréate de la première saison de Virtuose. Cette jeune pianiste a interprété une étude d’Aleksandr Scriabin de manière très nuancée, très précise et très assumée pour son âge. Ce n’est pas sans surprise qu’on la retrouve actuellement sur la liste des 30 meilleurs espoirs canadiens en musique classique de moins de trente ans.
Les dix dernières minutes du concert étaient dédiées à des demandes spéciales sous le thème de la musique de film. Fidèle à son habitude, Gregory Charles s’est adonné à des improvisations musicales et a repris les airs du Titanic, de la Liste de Schindler, d’Autant en emporte le vent de de Star Wars. On n’a rien réinventé, mais le public semblait comblé. C’est ça l’important!