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Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin
La salle est plongée dans le noir. Les gens continuent d’entrer, soulagés de ne rien avoir manqué. À l’expression de la femme âgée à côté de moi, je comprends qu’elle n’a vraiment aucune idée de ce à quoi elle doit s’attendre pour la première partie!
Je scanne la salle, comme à mon habitude lors de ce genre d’évènement, et je me réjouis de voir la variété de spectateurs et spectatrices. Les Francos de Montréal (ou peut-être que c’est simplement Eddy de Pretto lui-même) ont ce pouvoir magique de réunir des gens de tous les horizons autour d’un intérêt commun: l’amour de la musique et de l’humain.
En première partie: Miro Chino
Miro est arrivé sur scène au pas de course, avec son sac Cocotte sur le dos. Il s’est excusé de son arrivée maladroite et a expliqué qu’il prenait une bière avec Eddy de Pretto en coulisse et que le temps a filé. D’ailleurs, Eddy lui aurait donné une mission: réchauffer la salle comme jamais auparavant.
Tout de suite, le public s’est mis à rire et est tombé sous le charme du jeune chanteur décontracté, même la dame à côté de moi! Il a enchaîné avec plusieurs chansons tirées de son premier album Bons Times Bad Times.
À la croisée de différents styles musicaux, ses mélodies, tantôt hip-hop, tantôt jazz, ou même folk, résonnent dans la Place-des-arts.
Si Miro Chino a l’air très relax dans la vie, attendez de le voir sur scène! L’artiste saute, danse et interagit avec la foule avec l’énergie d’une centrale nucléaire. Ces chansons parlent des folies et bêtises de la jeunesse, de la crise existentielle qu’on vit dans la vingtaine, de Montréal, la ville qui l’a vu grandir et qui l’a vu dans tous ses états, les bons comme les mauvais.
À travers ses paroles et ses jeux de mots bien pensés, le public s’est immergé dans l’univers de ce jeune homme qui s’est cherché longtemps et qui, par la musique, a trouvé une place qui lui va vraiment bien.
À l’écoute de sa chanson «Pas pire», j’ai été prise d’un sentiment de nostalgie pour mes années d’adolescence, mais aussi d’un grand désir de profiter du moment présent comme lui. Les gens qui ne le connaissaient pas avant se sont mis à bouger la tête au rythme de sa musique.
Plein de gratitude et le sourire aux lèvres, Miro Chino a accompli sa mission.
La vedette de la soirée: Eddy de Pretto
Eddy de Pretto est arrivé sur scène dans le noir complet, éclairé par un seul projecteur pour une version acoustique émouvante de «LOVE’n’TENDRESSE».
Sous les applaudissements exaltés de son public, c’est en toute simplicité, vêtu d’une camisole blanche et d’un jeans noir, que le chanteur pop français a débuté son concert. Accompagné d’un piano à queue, le chanteur a démontré une fois de plus la richesse et l’unicité de sa voix, avec ses chansons plus douces comme «Créteil Soleil», «être biennn» et «pApA $ucre».
Plus le spectacle avançait, et plus les tableaux avec lesquels l’artiste nous a habitués se sont mis en place. Il a d’ailleurs pris la peine d’expliquer que la scénographie a été pensée expressément pour son spectacle à Montréal, puisqu’il était impossible d’amener avec lui tout le matériel habituel de l’autre côté de l’océan.
Le groupe qui accompagnait Eddy de Pretto était isolé dans une autre salle, et leur image était donc diffusée sur un grand écran. Loin de déranger, ce choix esthétique et pratique faisait plutôt l’effet d’une œuvre interactive contemporaine.
L’écran a ensuite servi à diffuser divers effets de lumière saisissants et même de fausses flammes. Lors de son interprétation de la chanson «Kid», tirée de l’album Cure paru en 2018, de Pretto a pris un moment pour s’adresser à la foule en délire. Kid se retrouve désormais dans les manuels scolaires de France et a été jouée au Parlement français lors de la réaffirmation de l’interdiction des thérapies de conversion par les députés de l’Assemblée nationale.
Le chanteur a ensuite mis le feu à la Salle Wilfrid-Pelletier avec son interprétation de la chanson de 2016, «La fête de trop».
Pendant que tout le monde dansait, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir aux paroles des chansons de la star de la pop et de me dire qu’elles sont d’une grande profondeur. Je crois qu’au fond, Eddy de Pretto, c’est ça: un équilibre entre les rythmes dansants et sucrés, et des paroles qui vont droit au cœur et qui clament l’ouverture et l’acceptation.
La chanson «Urgences 911» est particulièrement touchante lorsqu’on sait d’où vient l’inspiration de l’artiste. Ce morceau a été inspiré par les obsèques d’Agnès Lassalle, et notamment par la réaction de son mari, qui a beaucoup «ému» l’artiste. Pour rappel, l’enseignante a été poignardée à mort dans sa classe par l’un de ses élèves à Saint-Jean-de-Luz, une ville dans le sud de la France, le 22 février 2023. Quelques jours plus tard, à son enterrement, son mari Stéphane Voirin avait entamé seul, une «dernière danse» devant le cercueil de son épouse, sur la chanson «L-O-V-E» de Nat King Cole. Dans le vidéoclip de la chanson, Eddy de Pretto reproduit la chorégraphie de Stéphane Voirin pour rendre hommage à cette femme tragiquement décédée.
Alors qu’il a entamé sa chanson «Heureux» en rappel, je me suis dit qu’Eddy de Pretto maîtrisait parfaitement l’équilibre entre le doux et l’énergique. Avec ses paroles bienveillantes qui arrivent comme un câlin rassurant, l’artiste a fait passer aux Montréalais et Montréalaises une soirée en feux d’artifice douillets.
La prestation d'Eddy de Pretto en images
Par Frédérique Ménard-Aubin
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. LOVE'n'TENDRESSE
2. Crash Coeur
3. Crash Coeur Outro
4. R+V
5. Mendiant de Love
6. pApA $ucre
7. Personne pour l'hiver
8. Parfaitement
9. Freaks
10. Kid
11. Grave Vocoders
12. Créteil Soleil
13. être biennn
14. Fête de Trop
15. Maison
16. Honey
17. Quartier des Lunes
18. Urgences 911
19. LOVE'n'TENDRESSE
Rappel
20. Heureux