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Crédit photo : Echo and the Bunnymen
En première partie s’est produit le groupe d’Oklahoma Ester Drang, qui donne dans le post-rock et roule sa bosse depuis plus de 20 ans. On n’est pas sorti du genre, post-rock bien fait, assez traditionnel, solidement exécuté, qui a résonné bien fort dans la salle où il y avait déjà foule pour ces vétérans qui ont été chaudement applaudis. Une première partie de qualité, fort intéressante à écouter.
Puis, après une attente un peu longuette de presque 45 minutes, les tant attendus Echo & The Bunnymen se sont présentés. On a rarement vu une telle préparation préconcert sur scène. Leur roadie a revérifié le son de chaque instrument, puis a placé des boissons pour chaque musicien, a ensuite installé une petite table sur un ampli pour le chanteur Ian McCulloch avec des bouteilles, trois verres en plastique au contenu inconnu, une boite de mouchoirs, de quoi vapoter, avant de déposer une pile de serviettes pas très loin du chanteur. C’était presque maniaque.
Echo & The Bunnymen sont encore connus et reconnus pour leurs premiers albums et le groupe, dont il ne reste de la formation originale que le chanteur et le guitariste, Will Sergeant, le sait et a donc entamé la soirée avec «Going Up» de leur premier opus datant de 1980. Les «nouveaux» membres du groupe sont d’excellents musiciens et le concert était réglé au quart de tour (jusqu’aux éclairages suivant chaque note), peut-être trop d’ailleurs, tellement que l’impression était que ça sonnait flat. Beaucoup de calculs, mais peu d’émotions. On soupçonne McCulloch d’être un control freak, car il ne faisait pas de doute que c’était lui le boss. Dès le début, il est allé voir tour à tour ses musiciens (sauf Sergeant) avec des consignes, faisait des signes à son ingénieur de son, question que tout soit parfait. Il était seul en avant, avec ses petits lapins qui le suivaient.
Et tout était parfait, sauf la voix de McCulloch. Ouf… Les abus de cigarette, d’alcool et autres drogues lui ont fait perdre sa voix, maintenant vraiment rauque. En plus, elle n’était pas toujours juste, ce qui se pardonne moins chez un chanteur d’expérience qui a vu la beauté de sa voix se faner. Et ce qu’il a perdu en chantant, il a essayé de le compenser en parlant entre les pièces, où il fait son show, avec ses commentaires drôles ou baveux, bien caché derrière des lunettes de soleil. Vers la fin, en bon «Northener», il a même utilisé la pile de serviettes afin d’en faire des ballons de soccer qu’il a ensuite bottés dans la foule. Sans commentaires.
On excusera ces petites incartades, car s’il semble aimer être vénéré. Il est aussi un crowd pleaser, rejouant tous les succès du groupe, de «Bring On The Dancing Horses» à «The Killing Moon» en passant par «The Cutter». Plus le concert avançait, plus ça levait, les musiciens avaient l’air plus à l’aise sur scène et ça s’entendait.
Leur est par contre venue cette drôle d’idée d’incorporer de temps à autre quelques mesures ou paroles d’autres chansons connues comme «Jean Genie», «Roadhouse Blues», «Walk on the Wild Side», «Get Up (Sex Machine)» aux chansons d’Echo & The Bunnymen. Pourquoi? Pour leur propre plaisir? Ça n’apportait absolument rien aux pièces des uns et des autres. Quelle décision étrange…
Autre décision discutable: faire trois rappels d’un morceau chacun, très calculés eux aussi. On peut comprendre le boost d’égo que ça procure aux membres du groupe, mais au-delà de ça, ils ont simplement perdu quelques spectateurs en cours de route.
Alors, ce fut une soirée de bonnes chansons, parfaitement exécutées, dans une mise en scène et une scéno très calculée, avec un chanteur qui, malheureusement, n’est plus ce qu’il était, mais qui a tout de même réussi à charmer ses fans.
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de la rédaction