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C’est après les prestations de Hiroshima Shadows et Red Mass Disco 3000, deux premières parties qui ont semblé interminables, que le groupe Duchess Says est venu déverser les compositions de son dernier album In a Fung Day T sur la foule du Club Lambi vendredi soir. Déverser, c’est le cas de le dire, à en juger par le plancher trempé et les cernes sous les aisselles.
À peine le décor est-il installé que l’atmosphère prédit sa durée de vie limitée. Les structures de carton représentant la Church of Budgerigars n’avaient en effet qu’à bien se tenir sous les lueurs rougeâtres de la scène. La mythique Annie-Claude Deschênes, chanteuse de la formation, est entrée tout bonnement à travers les spectateurs sur le rythme de «Antepoc», avant de lancer le bal comme elle sait si bien le faire. Après cinq minutes de show seulement, un moshpit s’est formé pour durer pendant la totalité de la soirée, séparant les intrépides des observateurs.
L’ordre des chansons live a pratiquement suivi celui du dernier album, avec en prime quelques-unes du premier, L’Anthologie des 3 Perchoirs, et les bruits de bouche électro d’Annie-Claude qui suivaient le beat. Les évènements se sont enchaînés ainsi, tout aussi insolites les uns que les autres, à la hauteur de l’image de AC. À travers le son punk-électro qui n’hésitait jamais une seconde, la chanteuse a pris un plaisir fou à verser des bières dans la foule, sur la tête d’un fidèle à l’avant, puis une dernière sur sa propre chevelure.
Sans jamais empiéter sur la qualité de la performance, elle se promenait à travers les spectateurs, les fixant et les tirant vers elle, sans jamais se soucier du fil du micro qui la suivait. Souvent elle disparaissait, préférant être parmi la foule ou par terre, mais sa voix se faisait toujours entendre et elle finissait par rebondir, sur la scène ou sur les épaules d’un spectateur costaud. Vers la toute fin, AC a demandé au public de l’attendre un moment, le temps qu’elle aille chercher un «cadeau», qui s’est avéré être un immense drapeau rouge. Malgré la foule qui se l’arrachait et la chanteuse carrément dessus en position de bodysurfing, impossible de déchirer «cet %*$@ de drapeau fait en plaaastique», pour la citer mot pour mot.
Il faut avoir vu Duchess Says en concert pour comprendre à quel point la chanteuse est le centre d’attraction et qu’il est très difficile de la quitter des yeux. Les musiciens ont beau être présents sur scène, le spectateur n’a pas à s’en faire. Tant et aussi longtemps que la musique continue de jouer, il sait que les trois hommes de Duchess Says sont toujours là, la stabilité complétant le déséquilibre.
Appréciation: ****
Crédit photo: Yannick Grandmont
Écrit par: Valérie Lachaîne