«Diversité Montréal» au Festival Quartiers Danses 2017: quatre empreintes chorégraphiques – Bible urbaine

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«Diversité Montréal» au Festival Quartiers Danses 2017: quatre empreintes chorégraphiques

«Diversité Montréal» au Festival Quartiers Danses 2017: quatre empreintes chorégraphiques

L'éclectisme de la danse contemporaine

Publié le 16 septembre 2017 par Léa Villalba

Crédit photo : Marc J. Chalifoux (À la une: «We'll Be Fine» avec Mélanie Demers)

Pour sa 15e édition, le Festival Quartiers Danses a misé sur l’éclectisme de la danse et de tout ce qui peut l'entourer. Pour son évènement Diversité Montréal, quatre chorégraphes étaient à l'honneur, soit Morgane Le Tiec, Anne-Flore de Rochambeau, Elizabeth Suich et Mélanie Demers. Dans une soirée haute en couleur, nous avons pu assister à deux nouvelles créations et deux premières montréalaises dévoilées au public de la Cinquième Salle de la Place des Arts en ce 13 septembre.

Qualia: danse intuitive et recherche de formes

Accompagnée sur scène par le violoniste Blaise Borböen-Léonard, la chorégraphe-interprète Morgane Le Tiec s’est inspirée de l’œuvre de Marie-Josée Roy pour construire son langage chorégraphique. C’est devant un mur gris doré que la jeune femme s’est mise à vivre devant les yeux du spectateur.

Après vibration et dévoilement de soi, le personnage s’est électrisé au rythme de la musique, entre attirance et répulsion pour son lieu de naissance. Elle semblait vouloir ne faire qu’un avec le décor tout en voulant s’en débarrasser. En déambulant, toujours proche de lui, l’artiste a créé avec son corps des formes désarticulées mais très intéressantes.

Dans une bizarrerie souple, elle a mélangé les sonorités et a divagué au fil des minutes dans des positions longiformes qui ont sculpté l’espace et ont rappelé l’œuvre de la peintre. Malgré une proposition et une recherche gestuelle intéressantes, on est restés sur notre fin quant au message profond de la chorégraphe, lequel était difficile à saisir.

Fadeout: jeux de lumière et mouvements minimalistes

Avec un néon installé au niveau de la poitrine, l’artiste a su instaurer une ambiance particulière entre étrangeté et fascination. Ce sont alors seulement ses mains qui parlaient dans des mouvements très minimalistes et très envoûtants. Avec une maîtrise totale de ses appuis et de son poids, la danseuse semblait parfois s’envoler au-dessus de ce néon, ou au contraire se laisser tomber plus bas.

Après avoir percé le public d’un regard qu’on n’attendait plus, elle a déambulé dans un espace restreint autour d’elle et de cette lumière pour glisser, tourner, s’arrêter sur des sons d’oiseaux, de bruits de route, à la fois rassurants, sauvages et angoissants. Par ces petits mouvements, elle coupait l’espace, tout comme la musique, pour finalement parvenir à sortir de sa zone de confort, même si celle-ci revenait facilement à elle.

Dans un univers conceptuel épuré dans lequel on entrait volontiers avec l’artiste, un rapport sensoriel direct s’est installé avec le public, qui l’a d’ailleurs acclamé.

Movida: sensualité et recherche chorégraphique

Ce sont deux femmes en culotte, dans le public, qui ont marché jusqu’à la scène. Tel était le début de la pièce d’Elizabeth Suich. Pendant 15 minutes, ces deux femmes ont déambulé en cercle, entre l’ombre et la lumière, telles des chevaux de cirque. Elles marchaient, poitrines fières, vers l’avant. Elles feignaient l’espace et s’imposaient au public par la sensualité de leur corps et par leurs gestes assumés.

En mêlant les codes des danses latines et ceux de la danse contemporaine, la chorégraphe a proposé des grands mouvements de bras, des mouvements sexy du bassin et des attitudes de guerrières. Malgré quelques moments de répit, les interprètes sont restées fières et femmes fatales durant toute la création, et ce, sans aucune interaction entre elles. Étaient-elles en situation de pouvoir ou, au contraire, de soumission?

Malgré une recherche esthétique intéressante, on s’est un peu lassé de la gestuelle répétitive et de la «non-fin» de la pièce qui s’arrête brutalement.

We’ll Be Fine: insolence scénique et instabilité des sens

Pour une première montréalaise, Mélanie Demers a mis la barre très haute avec une création de 45 minutes. C’est sur un bruit de fond, avec cinq chaises bleues placées en arrière-scène, que nous avons découvert les cinq personnages, uniques, originaux et attachants… au premier abord.

Basée sur une recherche corporelle de la répétition, voire du relâchement musculaire, l’intention artistique de la chorégraphe laisse aussi place à une théâtralité juste, tout en proposant des personnages blasés et arrogants. C’est après avoir défini de façon sarcastique certains problèmes actuels de la société que la provocation a pris place sur la scène. Féminisme, cancer, dépression, famine, avortement… Et ce n’était que le début. Se déshabiller, se charmer et baiser en public, se faire du bien devant une foule évidemment… Mais «est-ce ça l’art?», a proposé le personnage revendicateur. Avec une constante remise en question de ce qu’il regarde, le spectateur était comme inclus au sein même de la pièce et des interrogations des personnages.

Des gémissements, des musiques angoissantes, des gestes dérangeants qui ont finalement laissé place à de l’humour noir, du sarcasme. Parler pour parler. Entre les tableaux de danse, de marche, ou d’immobilité, les cinq personnages désœuvrés nous ont transporté dans un monde inhabituel qui surprend et nous a laissé sans voix, ne sachant pas s’il fallait rire ou pleurer.

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