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Crédit photo : Charline Provost
Les métalleux, présents en grand nombre au concert, ont pu d’abord découvrir en première partie du show conjoint le groupe torontois Biblical. Dans la lignée du hard rock et métal qui se faisaient au début des années 80, les membres du jeune quatuor ont montré qu’ils pouvaient se débrouiller comme musiciens. Et même si leur musique n’était pas des plus originales, elle restait bien ancrée dans le style. Le chanteur, en bon guitariste métal, s’amusait à faire virevolter ses longs cheveux, a montré de l’énergie sur scène et a donné somme toute une bonne performance malgré une voix assez ordinaire qui manquait de justesse parfois.
Ça y est, la foule maintenant réchauffée, les groupes attendus pouvaient entrer sur scène. D’abord, Eagles of Death Metal, qui s’est amené sur scène au son de «Taking Care of Business» avec Dave Catching, guitariste au look et à la guitare de ZZ Top et son chanteur Jesse Hughes, vêtu, tel un roi, d’une longue cape de velours rouge qu’il a rapidement enlevé (il faisait chaud, rappelons-nous) pour révéler son look à mi-chemin entre le rockabilly et le redneck et entamer «I Only Want You» devant une foule déjà très animée. Le groupe a enchaîné avec quelques chansons un plus mollo (on est quand même bien loin de la muzak ici…), dont leur dernier extrait «Complexity». Les musiciens ont eu l’air d’apprécier l’énergie de la foule et le chanteur, qui s’est adressé à l’auditoire très fréquemment, tentant de s’exprimer un peu en français. Il a évoqué aussi, brièvement, les événements de Paris qui ont touché de très (trop) près le groupe.
La musique de EODM pourrait se décrire comment du bon vieux rock ‘n’roll des années 50, début 60 qui aurait mangé du méchant. Du gros méchant. Sale. Qui sonne comme une tonne de briques. Même dans les chansons plus calmes, comme lorsqu’ils revisitent «Save a Prayer» de Duran Duran. À un moment, Jesse Hughes disparaît momentanément de la scène pour ressortir au balcon, au milieu des fans devenus un instant paparazzi, guitare à la main pour y jouer le temps d’un morceau. Au retour sur scène, chaque membre y est allé d’un solo avant de conclure avec une pièce très rock qui a fait soulever la foule déjà surchauffée. Comme l’a répété souvent Hughes: «Can you dig it? Amen!» Oh que si.
Et enfin, le groupe le plus attendu (si on se fie aux cris du public) est arrivé sur une scène épurée, sombre, avec un éclairage souvent blanc et cru et toujours en arrière-plan l’immense logo de Death From Above 1979, i.e. les têtes des deux membres du groupe, façon jumeaux siamois, flanquées chacune d’une trompe d’éléphant. DFA 1979 a fait se suivre plusieurs morceaux en se promenant entre leurs deux albums, et ça sonnait. Fort. On était parfois plus proche du hardcore que du rock. Le mosh pit était déjà fou dès la deuxième chanson du groupe et le trash et le bodysurfing n’ont pas fait relâche de tout le spectacle. Les seuls moments de répit ont été créés par les interventions du chanteur, tantôt en français, tantôt en anglais.
Le groupe formé par Jesse Keeler et Sebastien Grainger arrive, à deux, à déchirer les tympans et faire résonner leur musique comme s’ils étaient 14. C’est aussi toujours impressionnant de voir un chanteur qui est sur la batterie au rythme effréné, coordonner jambes, bras et voix comme ça. Voix qui n’est pas mal du tout d’ailleurs, juste, puissante et parfois dans des registres plus aigus. Grainger y est même allé de quelques lignes vocales à la Axl Rose sur «Little Girl».
Comme toute bonne chose a malheureusement une fin, DFA 1979 a conclu avec «Romantic Rights» et «Government Trash» et, comme on dit: ça bûchait en… Mais la foule survoltée en voulait encore, demandant un rappel. Demandez et vous recevrez. Un rappel aux accents torrides pour une salle surchauffée avec «Sexy Results» et, sur requête du public, «Pull Out». Merci, bonsoir.
On est rentré avec une faculté auditive diminuée, mais exalté par la soirée passée. Les absents ont toujours tort, paraît-il, c’était plus que vrai hier soir.
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de la rédaction