SortiesDans la peau de
Crédit photo : Gracieuseté www.dansedanse.ca
1. Depuis 1998, Danse Danse a pour mandat d’offrir un rayonnement à la danse contemporaine par le biais de créations québécoises et étrangères. Pouvez-vous nous racontez brièvement sa genèse, de sa création à son idéation?
«Nous sommes tous les deux à la tête de Danse Danse, Pierre depuis le premier jour et Caroline depuis l’an dernier. Notre organisme est simplement né d’une urgence de présenter des spectacles de danse contemporaine à grand déploiement pendant toute la saison. Il faut rappeler que le FIND avait lieu aux deux ans et ne durait que quelques jours. Il faut aussi se remémorer que le FIND avait tenté une programmation en saison en 1997, mais que cela s’était soldé par un échec. Pourtant le milieu de la danse sentait qu’il y avait un réel public hors festival pour la danse contemporaine de calibre international.»
«C’est à ce moment-là que quatre organismes montréalais – la Compagnie Marie Chouinard, La La La Human Steps, O Vertigo et l’Agora de la danse – ont uni leurs forces pour mettre en œuvre une première saison de danse contemporaine entièrement québécoise. C’est comme ça qu’est née Danse Danse, qui fêtera ses 20 ans en 2017-2018! Avec les années, la programmation s’est étoffée en s’ouvrant à l’international et aux artistes de la relève québécoise. Nous offrons maintenant des saisons d’environ dix spectacles, locaux et internationaux, de grande et moyenne envergure présentés essentiellement à la Place des Arts, mais aussi chez des partenaires comme la Maison symphonique, la TOHU ou l’Arsenal.»
2. Qu’est-ce qui différencie Danse Danse d’autres organismes québécois du paysage de la danse tels que Tangente, l’École nationale de danse contemporaine de Montréal ou encore l’Agora de la danse?
«Danse Danse possède l’expertise, la stabilité financière et les contacts personnels nécessaires pour faire venir ici en saison les grandes compagnies internationales de danse contemporaine comme le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, le Nederlands Dans Theater ou le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan. Nous sommes les seuls à pouvoir les présenter de trois à cinq soirs au Théâtre Maisonneuve ou à la Salle Wilfrid-Pelletier. Nous sommes capables d’offrir à de jeunes chorégraphes d’ici jusqu’à trois semaines de représentations à la Cinquième Salle de la Place des Arts.»
«En fait, nous aimons décrire Danse Danse comme la porte d’entrée de la danse contemporaine à Montréal, une porte qui s’ouvre sur un univers où le public peut évoluer toute une vie en étant constamment surpris, où il peut voyager à travers les styles, les cultures, les langages chorégraphiques; il peut voir des compagnies d’envergure internationale – pensons par exemple, cette année, à Akram Khan Company ou à la Batsheva – et se faire surprendre par des chorégraphes en ascension comme Bryan Arias et Shay Kuebler. C’est tout ça, le propre de Danse Danse.»
3. Les créations présentées sont pour le moins hétéroclites et favorisent le mariage des genres. De quelle manière choisissez-vous les spectacles qui se retrouvent dans vos programmes de saison année après année?
«Nous programmons la saison pour que le spectateur circule d’un spectacle à l’autre, afin que l’ensemble des spectacles forme un trajet hétéroclite mais fluide. Pour nous, la qualité artistique est l’objectif premier, dans un esprit de découverte; nous choisissons toujours les spectacles avec ce critère en premier lieu. Notre public est avisé, il est exigeant! Nous voulons encore et toujours offrir des moments d’effervescence comme ceux que nous ont donnés Pina Bausch, Akram Khan avec Juliette Binoche ou le Ballet National du Canada avec 65 danseurs dans un programme entièrement contemporain! Nous aimons faire travailler l’esprit et la sensibilité de notre public avec des propositions toujours plus complexes qui l’emmènent ailleurs et le poussent à réfléchir. Nous proposons au public de s’aiguiser l’œil, d’explorer les nouvelles possibilités en danse en programmant des chorégraphes émergents, habituellement à la Cinquième Salle.»
«Tout ça, c’est beau en théorie, mais au jour le jour, il nous faut jouer avec les défis de la tournée, les disponibilités des compagnies, un danseur étoile blessé. Parfois, la saison prend une tout autre couleur que celle prévue parce qu’une compagnie invitée n’est pas disponible aux bonnes dates ou, parfois, parce que le projet coûte trop cher en dépit de l’impressionnant talent de négociateur de Pierre!»
4. À l’hiver 2017, un nouveau tournant pour la danse verra le jour avec l’Espace Danse dans l’édifice Wilder de la Place des festivals. Y a-t-il une raison précise pour laquelle Danse Danse n’y figure pas?
«Danse Danse a à sa disposition les salles de la Place des Arts! Alors que les futurs résidents de l’Espace Danse ont tous besoin de nouveaux lieux: Tangente est nomade, l’Agora de la Danse est sur le point de le devenir. Les locaux des Grands Ballets Canadiens étaient vétustes, comme ceux de l’École de danse contemporaine de Montréal. Les salles de la PdA sont les mieux adaptées à nos présentations: très grands plateaux, infrastructures pensées pour l’accueil de grandes compagnies, possibilité d’occuper la Cinquième Salle pour de longues durées, où nous pouvons accueillir en résidence des chorégraphes que nous programmons, qu’ils soient jeunes ou établis.»
«Mais on va vous faire une confidence; nous cherchons activement à déménager nos bureaux au Quartier des spectacles, pour justement être à proximité de notre lieu de présentation, la Place des Arts. Non seulement il y a la raison pratique de mettre fin à tout ce va-et-vient, mais il s’agit surtout (pour toute l’équipe de Danse Danse) de faire partie de ce quartier dynamisé par la présence en danse. Nous sommes depuis longtemps présents au QDS, mais on le sera beaucoup plus quand tout le monde y sera à plein temps.»
5. Votre saison 2016-2017 se tiendra du 29 septembre 2016 au 6 mai 2017 avec onze créations d’ici et d’ailleurs à son programme qui promettent la curiosité et l’éclectisme. À quels types de compagnies et de spectacles le public aura-t-il droit et lequel attendez-vous le plus?
«Nous les attendons tous avec impatience, ça va de soi! Cette année, nous avons particulièrement réussi à présenter un vaste éventail de genres. Nous avons réussi à mettre la main sur beaucoup, vraiment beaucoup d’incontournables de la scène internationale.»
«Imaginez: nous ouvrons la saison avec Maria Pagès, la grande dame du flamenco contemporain qui réinterprète le mythe de Carmen. Puis, après 20 ans d’absence, débarque le légendaire Nederlands Dans Theater avec ses 28 danseurs virtuoses et ses scénographies à couper le souffle. On vous ramène un génie: Ohad Naharin de Tel-Aviv, avec sa compagnie Batsheva, dont les danseurs bougent de façon unique. Avec Until the Lions, l’extraordinaire Akram Khan a créé une chorégraphie qui peut être vue de tous les côtés, que nous allons présenter à la TOHU, dont la scène est circulaire: une dernière chance de voir danser ce grand chorégraphe qui a annoncé son retrait de la scène… Il y a également le retour très, très, très attendu de Ballet BC. Et nous terminons la saison avec une légende vivante: la Flamande Anne Teresa de Keersmaeker et sa compagnie Rosas avec Rain, une œuvre au répertoire de l’Opéra de Paris.»
«Nous allons cet automne vous faire découvrir une artiste électrisante: la New-Yorkaise Michelle Dorrance, qui réinvente le tap dance. De New York aussi, nous avons l’étonnant Bryan Arias avec sa danse hybride dont le spectacle est presque complet! Il est à la Cinquième Salle où l’on pourra voir également la nouvelle création de Dave Saint-Pierre, qui revisite le personnage de Jeanne d’Arc – ça promet! – ainsi que des créations du Vancouvérois Shay Kuebler et des très montréalais Tentacle Tribe. Et vous nous demandez de choisir? Impossible!»
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