SortiesDans la peau de
Crédit photo : Sonia Primerano (photo de Susan Moss)
1- On te connaît comme la photographe aux cheveux frisotés qui parcoure les salles de spectacles et les festivals pour evenko, notamment. Peux-tu nous décrire ton parcours comme photographe professionnelle et comment tu as réussi à vivre de ce métier?
«J’ai vu une tonne de spectacles lorsque j’étais enfant avec ma famille, comme Bob Dylan et les Beach Boys chaque fois qu’ils visitaient notre ville. Je les ai probablement vus une dizaine de fois. Quand j’étudiais la photographie à Dawson au début des années 90, je travaillais conjointement dans un bar, un style de Barfly, appelé Station 10, où il y avait des bands qui y jouaient chaque soir, alors lorsque je n’étais pas trop occupée, je pouvais me pratiquer un peu. L’autre bar où j’ai travaillé était le Bifteck, j’ai réussi à faire de nombreuses rencontres là-bas, plusieurs des journalistes du Hour ou du Exclaim! s’y tenaient, alors j’ai pu shooter pour eux tout juste avant de graduer à Dawson. Aussi, je me souviens que les gars de VICE s’y tenaient lorsqu’ils ont lancé leur magazine, un d’eux était même DJ, donc j’ai eu la chance de shooter pour eux aussi. Ça m’a pris des années avant de pouvoir en faire un travail à plein temps, j’ai donc dû alterner les deux, travailler dans un bar, et faire de la photographie.»
2- Tu parcours la plupart des salles de spectacles montréalaises, tous genres musicaux confondus, mais qu’est-ce que Susan Moss écoute comme musique, à temps perdu?
«J’aime tous les styles de musique. Il y a beaucoup de groupes dont je n’aime pas forcément leur musique, mais que je trouve le fun à shooter, des boys bands par exemple, avec toutes ces filles criardes qui ne vieillissent pas. J’aime le métal, mais je n’en écoute pas vraiment à la maison, sauf lorsque je fais mon ménage! Mais c’est probablement le style que je préfère shooter par contre. Chez moi, je préfère écouter des trucs moelleux pendant que je travaille. J’aime le folk, le vieux blues, le bluegrass, le rock et le hip-hop old school. Et si j’avais à choisir parmi mes artistes favoris de tous les temps, j’opterais pour Tom Waits, David Bowie, Neil Young et Prince.»
3- Tu as accès aux pits et aux backstages de la plupart des salles de spectacles et festivals. Quelles ont été tes rencontres les plus agréables et surprenantes avec des artistes ou groupes?
«J’ai rencontré Peter Hook de Joy Division et New Order l’année dernière un peu par erreur, car je cherchais quelqu’un en backstage au Club Soda et je l’ai vu là, seul dans une pièce. Il était super sweet, il m’a même fait un câlin! Sinon, il y avait Ice-T qui participait à l’édition 2014 de HEAVY MONTRÉAL avec Body Count et j’étais plus excitée que n’importe quoi d’autre de savoir qu’il était sur le lineup. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai pleuré quelques larmes de joie. Cette année à Osheaga, je me souviens d’être allé à la salle de bain en coulisse, tout juste avant d’aller shooter The Kills, et j’ai croisé Alison Mosshart qui se fixait devant le miroir. Elle est l’un de mes modèles préférés et je me suis rendu compte qu’elle était très timide en personne.»
4- La photographie de concerts n’est pas un métier facile, car le résultat final dépend de plusieurs facteurs, comme le jeu de lumière, ou la scénographie. Quelles ont été tes expériences de concerts les plus pénibles?
Je photographie majoritairement les concerts en salles, notamment au Métropolis et au Théâtre Corona, donc la lumière est souvent assez difficile; éclairage faible, souvent dans des tonalités de rouge, beaucoup d’effets stroboscopiques, de fumée et de modèles en mouvement, mais c’est tout cela qui fait de la photographie un travail rempli de défis. Je pense que l’expérience la plus difficile fut lors du concert de Tricky, il y a environ 5 ans au Club Soda. Il était dos au public la plupart du temps et ma plus belle photo a été lorsqu’il s’est allumé un joint, la flamme a éclairé son visage un petit peu…»
5- Qu’est-ce que tu donnerais comme conseils de base aux photographes semi-professionnels sortant de l’école et qui souhaiteraient, un jour, comme toi, vivre de cette belle passion qu’est la photographie?
«Faites-le parce que c’est un métier que vous aimez et non pour l’argent. Si vous avez la passion, l’argent viendra éventuellement. Pratiquez-vous, parlez aux autres photographes de concert. Bâtissez-vous un réseau social de qualité. Développez votre propre style. Et surtout, shootez tous les jours autant que vous le pouvez, pas seulement dans les concerts.»
Suivez son travail sur Instagram au www.instagram.com/susanmossphotography ou consultez son site web au www.susanmossphotography.com.
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L'événement en photos
Par Susan Moss