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Crédit photo : David Wong
Je dois vous avouer qu’avant d’y mettre les pieds, je ne connaissais pas le Théâtre MainLine! Mais en parcourant la programmation de la soirée COSMOS, j’ai été immédiatement captivée par le concept de cette soirée: une présentation artistique suivie d’une dégustation gastronomique, puis d’une dernière proposition artistique…
J’étais curieuse de vivre cette expérience sans plus attendre!
La découverte d’un nouveau lieu
À mon arrivée au théâtre, j’ai été immédiatement séduite par l’endroit: un vieux bâtiment au charme underground, comprenant un bar, une salle de réception ainsi qu’une salle de spectacle. À mon arrivée, j’ai commandé une bière St-Ambroise et exploré les environs. Je me suis dit: “Comment se fait-il que je n’aie jamais mis les pieds ici auparavant”?
À 18 h 30, les portes de la salle se sont ouvertes, et j’ai pu choisir une place. Une fois bien assise, mes yeux se sont mis à observer la salle, qui comptait environ une centaine de sièges, avec une scène au centre.
Rapidement, je me suis aperçu que ma chaise grinçait de temps en temps, mais dans l’ensemble, le bruit des chaises, l’odeur du bois, les gens qui semblaient tous sympathiques et joyeux d’être présents, ainsi que l’ambiance chaleureuse qui se dégageait, tout était en place pour que je me sente prête de découvrir la première performance artistique de Dorian Nuskind-Oder et Elena Lev Sr!
Looper: répéter, exécuter, respirer et recommencer
À travers cette création, l’artiste Dorian Nuskind-Oder a chorégraphié une pièce qui plonge profondément dans l’univers des routines et des habitudes qui structurent notre vie corporelle quotidienne. Cette œuvre est née de la collaboration avec la talentueuse artiste circassienne d’origine russe Elena Lev, une virtuose du cerceau forte de plus de 25 années d’expérience.
Pour ma part, j’ai apprécié l’ouverture de cette proposition artistique, où Nuskind-Oder explorait différents mouvements avec le cerceau dans un silence qui ne laissait entendre que sa respiration et le bruit de ses pieds glissant au sol.
Son costume, composé d’un pantalon vert et d’un chandail coloré, apportait une touche de simplicité à sa performance.
Par la suite, Elena a présenté sa performance avec les cerceaux, toujours dans un silence total, la musique étant remplacée par les grincements des chaises, les rires du public, les exclamations d’admiration, le son des cerceaux et les respirations de chacun.
Malgré la superbe performance d’Elena, j’ai ressenti une certaine déconnexion au sein de l’ensemble, et ce, pour plusieurs raisons. Le contraste entre le costume d’Elena (elle portait un unitard vert orné de brillants à la taille) et celui de Dorian, ainsi que les mouvements gymnastiques et circassiens d’Elena, m’ont donné l’impression d’assister à deux performances artistiques distinctes plutôt qu’une seule œuvre de danse contemporaine.
J’ai, en effet, eu du mal à identifier des liens ainsi qu’une certaine unité dans l’ensemble. Cependant, vers la fin, un moment a particulièrement attiré mon attention: le tandem d’artistes est revenu sur scène, Elena respirant et créant une jupe avec ses cerceaux, et Dorian se joignant à cette respiration avec des mouvements plus détendus et libres. C’était un moment visuellement charmant et, à mon humble avis, le clou du spectacle.
Je tiens à saluer le travail de ces deux artistes qui ont osé nous présenter leur nouvelle création.
Le moment de la dégustation
Suite à cette première partie, le public a été convié à prendre part à une dégustation de mets d’inspiration orientale, qui s’est révélée délicieuse!
J’ai particulièrement apprécié ce moment précieux, durant lequel les convives échangeaient leurs impressions sur le spectacle en attendant d’être servis. C’était une manière agréable de se rassembler et de passer du temps tous ensemble.
Ça m’a donné l’impression d’être invitée chez des amis pour partager un repas convivial!
I’m not queen, I’m princess!: explorer la vie avec une touche d’originalité, d’audace et de bienveillance
Pour clore la soirée, les spectateurs ont été invités à prendre place à nouveau dans la salle afin de découvrir la proposition artistique de l’artiste Kim Ninkuru. Sur scène, elle se tenait au centre, attachée avec des cordes noires fixées à une structure évoquant un lit, dans une ambiance sombre avec seulement quelques reflets de lumière.
Mon regard a été immédiatement captivé: j’avais même l’impression, durant quelques instants, d’avoir devant moi une personne prisonnière… Puis, la scène s’est illuminée, l’artiste a commencé à parler, à se présenter, et à évoquer son enfance à Bujumbura, au Burundi.
Ça m’a touchée qu’elle se soit ouverte au public pour aborder des sujets tels que la transition sexuelle, les défis d’être une personne trans de couleur, et la manière dont la société perçoit les personnes transgenres. Avec habileté, Kim Ninkuru a entrelacé dialogues, danse et humour avec des touches d’illusion.
Cette artiste m’a captivé du début à la fin, m’embarquant dans son parcours et son histoire de transition vers la féminité. Et j’ai également apprécié la facilité avec laquelle elle a jonglé entre l’aspect théâtral et les performances en danse à travers son spectacle.
J’ai surtout trouvé audacieuse et créative la façon dont, et avec peu de moyens, elle a réussi à créer des univers uniques: par moments, elle faisait penser à une diva sur grande scène musicale; parfois, elle prenait des allures de petite fille dans son lit d’enfance; et enfin, à d’autres moments, elle devenait une bête de scène, sensuelle et à l’énergie explosive.
En somme, chapeau bas à cette artiste vraie et articulée, ainsi qu’à son audace artistique évidente, qui a su partager son histoire à travers l’art, un récit qui résonne avec ceux de nombreuses personnes trans.
Si je devais retenir une seule chose de sa performance, comme elle l’a mentionné durant sa prestation, c’est l’importance de respecter toutes les personnes transgenres, en particulier celles de couleur et les jeunes, qui découvrent tout juste leur sexualité.
À mes yeux, COSMOS s’est avéré une proposition des plus intrigantes, non seulement en raison de sa formule innovante, mais aussi grâce à l’atmosphère conviviale qui régnait au Théâtre MainLine et à l’originalité des performances artistiques captivantes qui nous ont été présentées.
L'expérience «COSMOS» au Théâtre MainLine en images
Par David Wong
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