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Crédit photo : Mathieu Pothier
Une synergie contagieuse
Comment Debord, c’est un regroupement de personnalités en apparence hétéroclites, mais réunies par la musique dans une sorte de symbiose.
Dès les trois premières chansons, le public avait déjà eu droit à trois différents membres au chant principal: le batteur Olivier Cousineau sur «chandail principal», le chanteur Rémi Gauvin sur «bonne patch», et la guitariste Karolane Carbonneau sur «manquer le bateau».
Le ton était donné. Du groove, du rock, un mélange de voix et de timbres, ainsi que l’omniprésence d’un parler québécois qui emprunte au registre familier, tout en proposant de petites perles ironico-poétiques du quotidien (mon coup de cœur personnel va à «tough luck» et ses lignes «cherche pas j’pas le sherpa / de ta croissance personnelle!») Et cette impression, aussi, d’avoir devant les yeux un groupe dont la vedette principale est l’esprit de camaraderie et de bonne entente qui règne entre chacun des membres.
D’ailleurs, ça transpire de chanson en chanson.
Le groupe a ensuite enchaîné avec «faites-moi penser», une pièce aux sonorités soul, «Ville fantombe», chantée dans un habile relais à trois voix, puis la plus douce «tough luck».
Le talent des instrumentistes était évident, et leur maîtrise musicale assurait un bel équilibre sonore permettant à chaque membre de se faire entendre distinctement.
Comment Debord a par la suite entamé la sensuelle «tranquillement pas vite», une ode à Saint-Pascal-Baylon chantée par le claviériste Willis Pride, récemment revenu de congé parental, dont la voix suave complète le band à merveille, tout en mettant un baume sur les cœurs brisés!
Des invités de marque
Gauvin a ensuite annoncé la présence d’invité.es (surprise auto-spoilée), invitant sur scène Marie-Pierre Arthur et François Lafontaine (Karkwa), lequel était également sur scène quelques jours plus tôt au MTELUS en performance avec le groupe Galaxie.
Ils étaient alors rendus neuf musicien∙nes pour entamer «désert alimentaire» laquelle, quoi qu’en disent ses paroles, a été jouée assez «comme il faut pareil», merci!
La ballade «Travailleur autonome» a par la suite réussi ses aspirations à voir du «monde autour / qui se font des sourires», en vertu d’une grande qualité d’harmonies entre les quatre guitares et le chœur à neuf voix.
Après la nouvelle chanson «Paradis» de Marie-Pierre Arthur (interprétée ce soir-là pour la première fois avec un band), le groupe a poursuivi avec «Bay window», offrant une nouvelle prouesse vocale sur fond de montagnes russes jazzées de la choriste et chanteuse Alex Guimond.
Comment Debord, c’est avec eux qu’on veut ne pas être seul∙e∙s
À ce moment, la foule était conquise, et même les curieux qui ne connaissaient pas cette jeune formation musicale tâchaient de s’avancer pour voir le spectacle de plus près.
Une avalanche de groove et de funk a par la suite déferlé, appuyée par la solide basse d’Étienne Dextraze-Monast, d’abord avec «Chalet», dont les premières notes ont immédiatement fait réagir le public, puis avec une reprise disco du titre «Les moments parfaits», de Jean Leloup. Cette incursion dans l’album Mille excuses Milady a constitué une occasion en or de conserver le funk bien actif, permettant à la formation de migrer vers la populaire «blood pareil».
C’est au cours de cette piste que Félix Bélisle, chanteur de Choses Sauvages, a rejoint le groupe sur scène pour une autre surprise (non-spoilée cette fois-ci). Sa fougue habituelle était au rendez-vous durant «veux veux pas», et sa présence a pris tout son sens sur «Papier foil», chantée à deux voix entre Gauvin et Bélisle, ce dernier incarnant littéralement le «chum qui met du Choses Sauvages», décrit dans la chanson.
La foule a même eu droit à un rappel, chose rare aux Francos de Montréal, où les spectacles sont généralement rodés au quart de tour, étirant ainsi leur set en une prestation d’une bonne heure et demie. Le groupe en a profité pour mettre le paquet lors d’un gros jam qui s’est prolongé de manière à mettre de l’avant les talents de tous les musicien∙nes de la soirée, invité∙es y compris.
On aurait tellement, tellement aimé ça que ça ne s’arrête pas là!
Un band à suivre de près
Comment Debord se résume en un amalgame de musicien∙nes chevronné∙es qui ont un plaisir apparent et contagieux à jouer ensemble. Ils offrent une musique qui groove et des textes qui subliment les «petites affaires» en une poésie bien à eux.
Il fallait être au cœur de la foule pour entendre les cris et les applaudissements en fin de spectacle lancés par un public visiblement sous le charme!
Pour reprendre les paroles de «veux veux pas», on est face à «quelque chose de rare qui est à veille d’arriver» avec cette formation québécoise.
*Cet article a été écrit en collaboration avec Mathieu Bergeron.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Chandail principal
2. bonne patch
3. manquer le bateau
4. faites-moi penser
5. Ville fantombe
6. tough luck
7. désert alimentaire
8. Travailleur autonome
9. Paradis (avec Marie-Pierre Arthur)
10. Bay window
11. Chalet
12. Les moments parfaits (reprise de Jean Leloup)
13. blood pareil
14. veux veux pas
15. Papier foil