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Crédit photo : Mathieu Pothier
Dans le cadre de la série «#CoLab», le collectif Urban Science Brass Band a invité trois artistes aux horizons divers mais et aux sonorités colorées à venir partager la scène avec eux, soit le collectif de danse Swing Riot, les chouchous du rap keb Alaclair Ensemble, ainsi que les vétérans de la scène funk montréalaise The Brooks.
Chaque soirée se divisait en trois parties. En guise d’entrée, Urban Science Brass Band occupait toute la place. Ensuite, pour le repas principal, l’artiste invité jouait seul, juste avant qu’une performance collective entre les deux formations vienne clore le tout en guise de dessert.
Il est important de noter qu’il s’agissait en fait de spectacles-bénéfices présentés dans le but précis d’amasser des fonds pour les organismes Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Fondation CHU Sainte-Justine et Pour 3 Points. Chapeau bas aux organisateurs pour cette belle initiative!
Les trois soirs: le collectif Urban Science Brass Band
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore Urban Science Brass Band — comme c’était mon cas avant vendredi dernier — il n’y avait pas de meilleure introduction pour ce groupe que celle d’assister à cette série de spectacles durant trois soirs d’affilée. Il s’agit d’un groupe de cuivres accompagné de trois MCs qui font du freestyle sur les mélodies d’inspiration hip-hop de ses musiciens.
Chaque soir, en lever de rideau, c’est donc un véritable assaut sonore qu’ils ont balancé aux visages des spectateurs et qui m’a transformé, dès le premier soir, en véritable fan du groupe!
Les musiciens étiaient tous plus époustouflants les uns que les autres, et l’ambiance festive que la formation a su créer sur scène s’est rapidement transmise dans toute la salle, et ce, tous les soirs. Ils ont réellement su livrer la marchandise lors de chacune de leurs prestations.
Pour réchauffer la foule, on ne pouvait pas demander mieux!
Si tous les membres du groupe se sont avérés excellents, notons en particulier le rappeur Scynikal, à la vivacité d’esprit impressionnante, et l’incroyable Meryem Saci, qui a improvisé des couplets en anglais, français et arabe avec une efficacité dangereuse.
Ça a été une très, très belle découverte.
Vendredi soir: Swing Riot
Pour lancer les «hostilités», le collectif montréalais Swing Riot est venu présenter une dance battle opposant le vintage et le modern street dance.
Étant plutôt néophyte en danse, je ne m’avancerai pas à critiquer la technique des danseurs ou leurs chorégraphies, mais je peux affirmer sans me tromper que leur performance a été haute en énergie. La foule a d’ailleurs été survoltée tout au long de leur prestation. Il était bon de revoir des gens chanter et danser sur scène après tout ce que nous avons vécu durant la dernière année et demie.
La compétition était divisée en trois rondes. La plus intéressante, selon moi, était la seconde, alors que les deux troupes devaient danser sur le style musical de leurs adversaires. Je ne pensais jamais voir des gens danser le swing sur du Dr. Dre et du Cardi B, et enchaîner sur du pop & block sur du Benny Goodman.
Et surtout, je ne pouvais m’imaginer que ça fonctionnerait aussi bien!
Chapeau d’ailleurs à Urban Science Brass Band, qui a accompagné les danseurs merveilleusement bien, enchaînant, entre autres, «On the Sunny Side of the Street» de Louis Armstrong et «Humble» de Kendrick Lamar, comme si ces deux chansons avaient toujours existé sur un même album.
Samedi soir: Alaclair Ensemble
Le deuxième soir était l’occasion de renouer avec la bande de rappeurs ludiques d’Alaclair Ensemble.
Après un autre set endiablé d’Urban Science Brass Band, les invités vedettes sont enfin entrés sur scène. Avant de pousser la note, Ogden, alias Robert Nelson, a pris le temps de souligner l’excellence du groupe qui les précédait et a clarifié que, contrairement à eux, Alaclair ne jouait qu’avec un laptop et non pas avec de vrais musiciens.
C’était une très bonne idée de sa part que celle de commencer par cet avertissement, car il est vrai qu’après la puissance sonore d’Urban Science Brass Band, le beat électronique semblait un peu fade lors de leur premier morceau.
Cependant, le quintette n’a pas pris trop de temps avant de faire la transition et, dès la deuxième chanson, l’excellente «De partout», la foule était à nouveau debout.
Quelques chansons solos de KNLO ont également ponctué la performance du groupe telles que «Ça appelle», présentée en ouverture, et la très dansante «Ça fait mal». Ce dernier était d’ailleurs en très grande forme.
Après un menu d’une dizaine de chansons, Urban Science Brass Band est venu se joindre aux rappeurs. Le public a eu droit à une poignée d’autres chansons du groupe, dont «Fussy Fuss», durant laquelle les rappeurs des deux groupes s’échangeaient le micro.
Ces derniers nous ont également réservé quelques surprises, dont «Nervous», originalement de Brown Family avec KNLO et Eman d’Alaclair Ensemble, durant laquelle les MCs d’Urban Science Brass Band ont pu s’en donner à cœur joie. Un freestyle sur le classique «Rapper’s Delight» de Sugarhill Gang a aussi soulevé la foule.
Le seul léger point négatif que j’oserais soulever, c’est au niveau de la collaboration entre les deux groupes, qui mettait surtout en valeur Urban Science Brass Band, alors que les gars d’Alaclair Ensemble semblaient moins à l’aise lorsque venait leur tour d’improviser, à l’exception de KNLO, sans aucun doute le MVP de cette soirée.
Dimanche soir: The Brooks
C’est à l’excellente formation funk The Brooks que la tâche de bien clore cette série de concerts a été confiée, et les musiciens du collectif n’ont pas déçu les spectateurs!
Durant leur prestation solo, le groupe en a profité pour présenter les pièces de son dernier opus, Any Day Now, sorti pendant la pandémie. C’est un très bon disque que j’ai fait beaucoup tourner dans la dernière année, mais c’est vraiment live que la musique de The Brooks prend tout son sens. Il est impossible de ne pas se laisser porter par leur groove. Autant les nouveaux morceaux que les plus anciens ont ravi un public conquis d’avance.
Mais le clou du spectacle, et de ces trois soirées, a eu lieu lorsque le Urban Science Brass Band les a rejoints sur scène. C’était un jam jouissif où chacun avait son moment pour briller, que ce soit sur une composition originale de The Brooks, comme «Funklife», ou sur une reprise comme «Shining Star» de Earth, Wind & Fire…
Le funk de The Brooks se mariait parfaitement avec la section de cuivres et offrait un terrain de jeu parfait aux trois MCs présents.
Le moment fort de cette partie du spectacle a sans doute été la reprise de «Move On Up» de Curtis Mayfield, mixée avec «Touch the Sky» de Kanye West. Le mash-up n’était pas le plus recherché (la chanson de West est bâtie autour d’un échantillon de «Move On Up»), mais l’exécution était sensationnelle, tout comme le reste de cette soirée.
Cette série de spectacles était somme toute une expérience fort réussie qui, je l’espère, deviendra une tradition annuelle. Le seul bémol, si c’en est un!, et ce n’est pas la faute des organisateurs, c’est qu’avec autant d’artistes proposant une musique aussi dansante, il était dommage de se contenter de danser devant sa chaise!
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de la rédaction