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Crédit photo : Cynthia Rondeau
Qui dit concert dit scénographie, et cela commençait avec l’apparition d’un fil à linge sur lequel était étendu plusieurs costumes, lesquels ont servi tout au long du concert pour incarner à chaque nouvel habit un nouveau personnage. Jeu qu’affectionnent Bianca et Sierra depuis leur première scène. Principalement composé des chansons du plus récent album, le concert était un vrai voyage artistique.
Jeux de scène associés à des fumigènes qui mettaient en avant les lumières du show, le tout encadré par des écrans vidéo où un VJ (video jockey) était responsable de cet effluve visuel, objectivement, plus artistique qu’emprunt d’une beauté a tomber par terre. Un détail, tant tout se conjuguait dans un ensemble à la patte «so Cocorosie».
Tout ceci en aurait presque fait oublier le problème principal de la SAT, à savoir une scène trop basse pour que le public profite pleinement du concert. À plus de cinq mètres des artistes, ont peut oublier l’immersion totale. Et on passe plus son temps à dodeliner de la tête pour slalomer entre les membres de la fosse qui se voient obliger de faire de même. Rien qui gâche le spectacle, mais tout de même gênant.
Après deux premiers albums relativement identiques, les deux sœurs avaient prévenu qu’elles voulaient plus se diriger vers des compositions hip-hop. Les derniers concerts prenaient déjà cette tangente et celui d’hier soir ne dérogeait pas à la règle, et ce, pour notre plus grand plaisir.
Si, Bianca, dont l’ancienne teinture rousse a laissé la place à une nouvelle teinture blonde, maîtrise toujours autant cette voix enfantine, celle de Sierra reste ô combien angélique et le spectateur pouvait y retrouver, hier soir, une vraie cohérence durant 1 heure et 45 minutes, ce qui n’a pas toujours été le cas avec les deux sœurs Casady.
C’était donc une vraie partition éclectique entre chants hip-hop, influences chamaniques et angéliques, voire astrales. Le panel vocal des deux sœurs étant très varié, le show était au rendez-vous et les beats nous prenaient à fleur de peau. Encore plus lorsque, comme un interlude en milieu de concert, le human beat box, Tez, est venu faire son solo, laissant la salle, elle, sans voix. À noter qu’il était présent sur toutes les chansons et délivrait une prestation XXL à chaque instant. Cet artiste était une vraie perle pour le concert de CocoRosie.
Nous avons donc eu le plaisir de découvrir dans un autre écrin des titres comme «Child Bride», «Tearz for Animals» et des plus anciens comme «Grey Oceans», «Werevolf», «Undertaker» et le sublime «R.I.P Burn Face». Mais c’est probablement sur «God Has a Voice, She Speaks Though Me» que l’ensemble des artistes a donné leur plus belle prestation, le solo à la trompette de Takuya Nakamura, également talentueux pianiste, fermant la marche musicale.
Vraiment un condensé des deux derniers albums comme on le disait précédemment. Étrangement, les années passant peut-être, les précédents disques ne manquaient pas à l’appel dans ce concert plus hip-hop bricolé que classique de sonorité. De plus, les deux sœurs semblent être les seules artistes actuelles à pouvoir utiliser l’auto-tune sans que cela paraisse ridicule; au contraire, c’est presque une marque de fabrique.
Multi-instrumentistes et polyvalentes, Sierra et Bianca ont donc joué de presque tout, piano, harpe, flûte traversière, flûte de pan… la liste est longue et donne encore et toujours une couleur et une chaleur immenses à leur prestation.
Elles savent dès lors orner leur concert d’une prestation scénique cohérente, toujours bricolée, mais bien moins brinquebalante qu’à leurs débuts. On se surprend presque à les redécouvrir depuis Grey Oceans. Ni mieux ni moins bien, juste différentes. Hier soir, c’était un voyage au pays de la créativité musicale et de l’enchantement féerique.
Busdriver
Première partie de CocoRosie, Busdriver est venu également les accompagner pour le rappel. Si on ne peut rien dire sur la prestation vocale du chanteur, ses compositions partaient un peu trop dans tous les sens pour qu’on puisse y adhérer pour une première découverte sur scène. Certes, certaines virées dubstep étaient intéressantes, trop de titres avec des «infra basses» nuisaient à l’ensemble. Dommage, puisqu’un dernier titre montrait tout son savoir-faire en utilisant des samples plus que des beats électro underground. On garde, somme toute, une bonne impression du show vocal de l’artiste.
L'avis
de la rédaction