«Cirkopolis» du Cirque Éloize au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Après avoir voyagé en Europe et aux États-Unis notamment, Cirkopolis s’est enfin arrêté à Montréal. Cirque, théâtre ou danse? Même le président, directeur artistique du Cirque Éloize et co-metteur en scène de Cirkopolis, Jeannot Painchaud, a laissé son public décider. Une chose est claire par contre: l’histoire derrière cette mise en scène pour le moins éclatée.

Au temps de l’industrialisation, ou ce qu’on pourrait appeler le «gris», un individu souhaite sortir de la morosité, se démarquer et briser les frontières de sa vie quotidienne. Un thème qui revient souvent dans plusieurs formes artistiques: l’émancipation. À l’ère des médias sociaux et du numérique, cette volonté d’émancipation est encore plus visible et présente. Or, dans notre quête d’une identité propre, ne sommes-nous pas en train de passer à côté de quelque chose? C’est bien ce que Dave St-Pierre et Jeannot Painchaud nous ont fait ressentir. Nous perdons notre cœur d’enfant, à savoir notre goût pour le jeu.

Le cirque est bien souvent l’occasion de créer des univers fantastiques. Les cirques d’envergure internationale mettent souvent le paquet sur les accessoires et l’environnement scénique. Ici, nous devons saluer le fait qu’il en est tout autrement. D’abord, il n’est pas question d’univers fantastique. En fait, Cirkopolis est une ville béton comme les autres. Ses habitants vivent au rythme du travail. C’est donc les performances des artistes qui amènent progressivement la dose de fantastique au spectateur.

Pour leur part, les accessoires sont d’une simplicité impressionnante: un écran géant occupe le fond de la pièce et s’occupe de projeter le décor. Le spectateur se faufile dans les couloirs au rythme des numéros qui s’enchaînent. L’écran est tout aussi éclaté que le récit; il n’est pas spectateur. En plus d’être actif visuellement tout au long du spectacle, l’écran devient au service des artistes. Donc, aucun décor supplémentaire, si ce n’est les accessoires nécessaires à la création des numéros. Bien souvent, la scène est vide et laisse totalement la place aux artistes.

Du côté des numéros, tous les goûts sont dans la nature et tous les numéros ont la petite touche pour intriguer. Il est si dur de faire un choix. Nos coups de cœur vont à la roue allemande et à la roue Cyr.

La force de Cirkopolis est de nous ramener au plaisir de jouer, sans nous imposer d’emblée un univers irréel auquel nous ne pouvons nous identifier. Ici, on y voit des travailleurs en veston et en cravate, des feuilles, des dossiers, un classeur, etc. Les éléments clés pour nous rappeler la petite vie du quotidien. C’est un spectacle pour ceux qui souhaitent retrouver leur cœur d’enfant.

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