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Crédit photo : François Goupil
La lumineuse idée de l’Orchestre métropolitain, sous la direction du chef français Alexandre Bloch, d’interpréter cette «Suite de Dowton Abbey» (2010) du compositeur écossais John Lunn avait de quoi ravir les amateurs de la série. Pourtant, c’est relativement peu nombreux que ceux-ci firent le déplacement, en ce vendredi soir dernier, d’après le sondage réalisé par le chef lui-même en tout début de soirée auprès du public.
Car l’Orchestre métropolitain s’était avant tout saisi de l’opportunité d’une soirée sous le signe du renouveau de la musique classique britannique du début du XXe siècle, de sa poésie bucolique et de sa douceur nostalgique, pour choisir d’interpréter certaines des plus belles œuvres du répertoire britannique. Par son lyrisme, sa séduisante énergie et sa noblesse stylistique, la musique anglaise, dans son époque fastueuse du début du XXe siècle, bénéficie toujours aujourd’hui d’un enthousiasme populaire incontestable.
C’est en toute fin de XIXe siècle qu’Elgar, dans un style très personnel mais marqué par l’influence de Brahms, permet à ce courant britannique de la musique classique de lui redonner ses lettres de noblesse quand il créa ses Enigma Variations (1899) puis plusieurs symphonies jusqu’à cette «Symphonie n°1» (1908), qui a connu un succès triomphal à travers toute l’Europe et l’Amérique du Nord.
En ouvrant ses partitions à cette musique anglaise, l’Orchestre métropolitain nous offrait le plaisir de s’aventurer dans les plus belles contrées anglaises, de se retrouver au plus près de sa musique moderne. Avec son orchestration somptueusement moderne, la première symphonie d’Elgar le progressiste se classe aujourd’hui dans les hauteurs du référencement mondial des grands morceaux. Expressive, sauvagement enthousiaste, bien que la fin de l’adagio soit largement teintée de tristesse, et à l’architecture musicale divertissante, elle permet à l’auditeur d’écouter de plus près le caractère noble et anglais d’Elgar.
Composé par William Walton en 1939 à l’attention du grand violoniste Jascha Heifetz, le Concerto pour violon nécessite quant à lui la présence d’un grand virtuose. Violoniste exemplaire, Jonathan Crow, violon solo du Toronto Symphony Orchestra, était un choix judicieux de l’Orchestre métropolitain pour jouer cette pièce aux riches envolées lyriques et au dernier mouvement hautement virtuose. Cette œuvre intense prenait tout son sens, ce vendredi, grâce à l’énergie bien connue du chef Alexander Bloch qui a su, avec sa fougue si caractéristique, transmettre les superbes émotions réconfortantes qu’elle propose dans une performance inspirée autour d’une certaine complicité entre le chef et le violon solo.
Considéré comme le second âge d’or de la musique classique anglais, après l’époque élisabéthaine des Tallis, Dowland et Purcell, le début du XXe siècle marque un net regain d’intérêt pour le genre et permis l’éclosion d’une nouvelle génération de compositeurs britanniques derrière son principal promoteur Sir Edward Elgar. Dans l’Angleterre victorienne et édouardienne, la popularité de ce nouveau courant n’a pas connu un enthousiasme immédiat mais le recul lui apporta la reconnaissance au courant des années 20 et à l’instar d’Elgar elle continue d’être largement jouée encore aujourd’hui au Royaume-Uni.
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Par François Goupil
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