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Crédit photo : Emmanuel Gagné
Patrick Watson et Coeur de Pirate l’ont fait avant elle, c’est maintenant au tour de Charlotte Cardin de profiter de l’ambiance mystique de l’Église Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour sa tournée Trinity. Du haut de ses 23 ans, Cardin est à des années-lumière de ses premières performances à La Voix, alors qu’elle a signé un premier contrat avec Atlantic Records, une filiale de la multinationale Warner Music l’année dernière. Après avoir débuté en mannequinat, la jeune chanteuse se consacre entièrement à sa carrière musicale en pleine ébullition.
Les billets se sont envolés en 45 secondes, dit-elle en début de prestation. On la croit, vu le nombre d’admirateurs rassemblés dans la chaleur de l’Église Saint-Jean-Baptiste. Ces billets de spectacle faisaient d’ailleurs de très bons éventails pour l’une des premières soirées chaudes de la saison. Bondé comme jamais, faut-il s’attrister que l’endroit attire plus de mélomanes que de catholiques ces temps-ci?
En tous les cas, les lieux sacrés ont trouvé une nouvelle vocation, car leur acoustique très prisée n’est plus exclusive à la musique classique. De plus en plus d’interprètes populaires affectionnent l’ambiance mystique de ces endroits à la mode des spectacles rivalisant d’artifices et d’effets visuels.
Cette fois-ci, la mise en scène était pourtant dépouillée, tout à l’image des arrangements minimalistes de Cardin. L’équipe a tout misé sur l’acoustique à échos, et c’était réussi. Vêtue d’un ensemble immaculé, la jeune chanteuse était en symbiose avec son clavier. Sa voix alto empreinte d’envolées jazz se répand comme de l’encens dans la nef de l’église. Comme un ostinato d’orgue, la basse omniprésente, parfaitement équilibrée, allait droit au coeur.
Elle n’avait même pas terminé les accords de «Like It Doesn’t Hurt No More» que son jeune public était déjà en liesse. Même scénario pour le tube «Les échardes», pratiquement récité par coeur par la foule. Dans le crescendo de ses succès populaires, Cardin a entonné la pas-très-catholique «Dirty Dirty» sur un fond rouge passion. Elle a également fait découvrir une nouvelle pièce assez sombre, «Blackened Eyes», qu’elle dédie à une amie qui n’allait «vraiment pas bien», à paraître sur son prochain album.
Charlotte Cardin écrit et compose toutes ses chansons depuis le début, mais les passages d’Aliocha et de Safia Nolin reflètent son désir de multiplier les collaborations. Elle s’est donné à coeur joie avec deux pièces country avec Aliocha dont la pièce «Flash in the Pan», qui a fait un tabac sur son profil YouTube.
Elle a gardé «Faufile» et une nouvelle création de Safia Nolin, «Lesbian Break-up Song», pour le rappel en duo à la guitare sèche. Le contraste entre la pop sulfureuse des autres chansons et ces interludes acoustiques a offert un répit tout indiqué.
L’ascension fulgurante de Charlotte Cardin sur le piédestal de la chanson populaire. Avec sa voix envoûtante et sa beauté naturelle, sa carrière chez les Américains est carrément assurée. «Now I’m just a pretty face», chante-t-elle dans son tube «Main Girl». Et pourtant, la coqueluche du public québécois – en plus d’être celle d’Elton John et de Garou – est bien plus qu’un beau visage.
C’est probablement bien plus la force tranquille de sa musique qui la propulse si bien dans nos coeurs.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Big Boy
2. Paradise Motion
3. Les échardes
4. Blackened Eyes
5. Like it Doesn't Hurt
6. Go Flex (reprise de Post Malone)
7. Sin 7
8. Sous les jupes
9. Talk Talk
10. Flash in the Pan (avec Aliocha)
11. The Kids
12. California
13. Dirty Dirty
14. Main Girl
Rappel
15. Lesbian Break-up Song (avec Safia Nolin)
16. Faufile (avec Safia Nolin)