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Crédit photo : Ballet National d'Ukraine
À la Place des Arts, le public montréalais a eu la chance de voir, encore une fois, le Ballet National d’Ukraine. D’une main de maître, la troupe a offert un spectacle solide et soutenu, enchaînant avec flexibilité et force des mouvements complexes.
La chorégraphie est très classique dans son ensemble. Nous avons noté que Victor Litvinov a préféré demeurer fidèle à la version du conte de Charles Perrault. L’histoire est jouée sans que l’artiste l’ait adaptée, modernisée ou encore réinventée pour lui insuffler sa touche personnelle. La seule liberté, ou le seul choix artistique que Litvinov exprime à travers ce ballet, est l’idée que la marraine, la fée, est une fantaisie de Cendrillon, qu’elle appartient au monde du rêve.
La magie au cœur de l’imaginaire de la jeune fille n’est pas un fait tangible. En fait, même lorsque Cendrillon est en présence du prince, la fée apparaît avant l’entrée en scène de cette dernière, soit pour marquer le début d’un rêve, soit pour utiliser un sort quelconque afin que le prince tombe sous le charme de l’héroïne, qui est magnifiée par de jolis atours.
Les costumes et le décor de Mariia Levitska étaient très tape-à-l’œil et quelque peu décevants. Clinquant, opulent, brillant et coloré, les habits des danseurs étaient très flamboyants, mais manquaient de sophistication. Leur aspect vieillot accentuait le côté enfantin des vêtements et de la pièce. Le décor, que ce soit le château ou l’âtre de Cendrillon, était très simple et rudimentaire. Cela causait une rupture avec la chorégraphie qui était, pour sa part, délicate et romantique. Certains moments rigolos, par ailleurs, sont passés inaperçus.
La musique de Serge Prokofiev sied parfaitement au récit et accentue chaque dénouement, chaque petit élément et chaque émotion. Par contre, il aurait été intéressant que celle-ci soit jouée par l’Orchestre des Grands Ballets au lieu que ce soit un enregistrement. Cela n’a pas, cependant, altéré l’appréciation générale du ballet.
L’une des grandes forces est la distribution, qui est fantastique. Toutes les ballerines et tous les ballerins ont su démontrer habileté, force et souplesse (avec plusieurs grands écarts à l’appui). La danseuse, qui personnifiait la fée Anastasiia Shevchenko, a offert une prestation magnifique. Gracieuse, éblouissante et particulièrement douée, elle a su impressionner le public par le niveau de précision avec lequel elle a fait de nombreuses pointes, avec une facilité quasi surnaturelle. La belle-mère (Tetiana Andreiva) était très articulée et flexible. Son charisme incroyable nous faisait regretter ses absences. Les deux demi-sœurs, Olena Filipieva et Mariia Tkalenko, ont interprété avec brio leur rôle de chipies égocentriques.
Le premier acte était bien, mais c’est pendant la deuxième partie que la salle s’est réchauffée, riant lorsque l’occasion s’y prêtait, et applaudissant les numéros plus soutenus. Le troisième acte fut le plus apprécié. Le prince entame une quête, avec désarroi et inquiétude, afin de retrouver sa belle. Après quelques rencontres divertissantes, un tableau d’inspiration espagnole où une ballerine fort talentueuse tenta de séduire le prince et un autre ou un noble oriental digne du conte Mille et une nuits voulu s’amouracher le prince, celui-ci se rendit chez Cendrillon. Il ne la reconnait pas, s’ensuit alors le dénouement où le rêve de la jeune servante esseulée semble se matérialiser afin que le prince, sous la guidance de la fée, réalise que la fille vêtue de haillons est sa promise. Ce segment se conclut par une incursion dans le jardin intérieur.
C’est un très bon ballet, peut-être moins bien adapté pour le public qui souhaitait quelque chose de plus novateur, mais qui plaira certainement aux admirateurs ayant des yeux d’enfant. Ce spectacle s’inscrit davantage dans la lignée du célèbre Casse-noisette, que Les Grands Ballets présentent chaque année, que dans les pièces plus modernes qu’ils ont l’habitude d’offrir régulièrement.
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Par Ballet National d'Ukraine
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